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Judo: "Lâche les chevaux, déverrouille la tête…" Amandine Buchard s’est rassurée à un mois des Mondiaux

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Amandine Buchard a retrouvé le chemin du succès vendredi au tournoi d’Antalya. Au cœur d’une journée où les Français ont fait résonner quatre Marseillaise grâce à Blandine Pont (-48kg), Luka Mkheidze (-66kg), Maxime Gobert (-66kg), la judoka du PSG (-52kg) a affiché un virage conquérant, pris une revanche pleine de rage sur la Britannique Chelsie Giles et rassuré sur ses récents problèmes physiques.

Amandine Buchard, vous avez battu la Britannique Giles, la numéro 1 mondiale, à la dernière seconde du temps règlementaire. On a vu beaucoup de rage et de soulagement dans votre joie.

Je suis contente. C’est une médaille qui fait beaucoup de bien parce que cette dernière année et demie a été un peu compliquée avec une succession de blessures, surtout le dos. Au Masters (7e) en décembre, ça a été ma première contre-performance depuis un long moment (son dernier tournoi où elle ne finit pas sur le podium était La Havane en 2014, ndlr). J’étais hyper frustrée ce jour-là (défaite par disqualification contre Giles) car je voulais ma revanche de ma défaite en finale des championnats d’Europe 2022. Je n’ai pas pu avoir cette revanche avec ce hansokumake. Ce match contre Giles hier (vendredi) à Antalya était important. C’était ma dernière compétition avant les Mondiaux (du 7 au 14 mai à Doha). C’était important de la reprendre dans les mains et psychologiquement de retrouver la confiance.

Vous gagnez sur votre mouvement fétiche, kata-guruma, mais on a vu d’autres choses dans ce tournoi, des fauchages, d’autres mouvements d’épaule…

Je suis montée crescendo sur cette compétition. J’étais un peu spectatrice au début. C’était une compétition d’entrainement pour les Mondiaux. Je pouvais mettre en place ce que j’avais travaillé ces derniers mois mais j’avais aussi cette pression de vouloir absolument gagner pour me rassurer. Au début de ma journée, je n’arrivais pas à prendre plaisir. Au fur et à mesure, Christophe Massina et Ludovic Delacotte, les entraîneurs, m’ont dit : "Bubuche, lâche les chevaux, déverrouille la tête, on est là pour prendre du plaisir, essayer des choses, tranquille !" Voir mes potes Luka Mkheidze et Blandine Pont qui combattaient avant moi ça m’a transcendée. Je les voyais avancer dans la compétition, aller en finale. Moi aussi je voulais prendre ma place en finale. Avant de monter sur ma finale, je croise Blandine et Luka. Je parle à Christophe et je luis dis : "Blandine nous a régalés. Luka nous a régalés. Je n’ai plus qu’à faire le taf." Ça m’a motivée. J’avais envie de rejoindre les potes qui avaient gagné, prendre cette revanche et aller chercher cette Marseillaise.

Vous avez terminé 3e au dernier Tournoi de Paris. Vous sembliez très touchée, notamment par vos problèmes de dos. Avez-vous progressé sur ce point, est-ce que les choses vont mieux ?

J’ai fait très peu de compétition pendant les 18 derniers mois, j’ai dû apprendre à m’entraîner autrement. La priorité était de soigner mon dos et diminuer les douleurs. Elles sont présentes au quotidien. Je pense que je les aurai toute ma vie mais elles ont diminué. Par période, après une compétition ou un stage, ça redevient douloureux mais ça reste gérable. Ça me permet de prendre des préparations physiques où je peux courir. J’avais arrêté la musculation depuis l’été dernier, les footings aussi. Tout ça me permet de retrouver une condition physique. Au Tournoi de Paris, j’étais en-dessous physiquement. C’était normal car je ne m’entraînais plus comme avant. Maintenant, on a intégré beaucoup de renforcement musculaire. Ce jour-là je m’étais blessée, une fracture d’un doigt de pied et une désinsertion d’un tendon de la main. J’arrive sur la fin de ces choses-là. Ça ne m’a pas gênée vendredi. Cette médaille fait du bien, elle a une saveur particulière par rapport à cette année et demi compliquée physiquement et psychologiquement.

Propos recueillis par Morgan Maury