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Judo: "On vient chercher des choses qu’on a oubliées", avoue Boukli

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Seule médaillée olympique en individuel à s’engager sur le tournoi de Paris ce week-end avec le moins de 90kg Maxime-Gaël Ngayap Hambou, Shirine Boukli revient sur les difficultés à digérer les émotions de Paris 2024 et à retrouver le chemin de la compétition. La moins de 48 kilos a les yeux déjà fixés sur les prochains championnats du monde et les JO de Los Angeles en 2028.

Est-ce important de s’aligner sur ce Grand Chelem parisien alors que beaucoup de partenaires font l’impasse ?

Je pense que c’est important. La reprise est importante. On vient chercher des choses qu’on a peut-être oubliées, comme le régime, cette ambiance, la pesée, les adversaires. Il faut recapter cette ambiance de compétition. Ça fait longtemps que je n’ai pas participé à une compétition officielle. Avec le public français il y a ce boost supplémentaire, il y a de bonnes ondes. J’ai envie de ressentir ça, d’être sur le tapis. Même si ça ne se passe pas bien, j’ai envie de kiffer ce moment. J’ai envie de gagner. Je pense que quoi qu’il arrive ce sera un bon moment et je serai fière.

Depuis les Jeux olympiques, qu’avez-vous essayé d’améliorer dans votre judo ?

Il y a toujours des choses à changer. On progresse toujours. J’ai l’impression que je peux m’améliorer dans pas mal de domaines. On est un sport où il y a plein de secteurs, de directions à travailler. Je sais que je vais m’améliorer encore.

Vous allez être l’une des attractions françaises…

C’est le jeu. Je vais faire ma petite compétition. On est accompagné parce qu’il y quatre Français par catégorie. Je pense que le public va être au taquet avec les autres. Il n’y a pas que moi.

Quel est l’objectif ?

J’y vais pour gagner, la gagne j’aime ça. L’objectif majeur c’est d’aller kiffer. Au fond de moi je n’ai pas envie de perdre. L’objectif c’est de kiffer et de voir comment on peut préparer la suite.

Ce tournoi n’est pas une fin en soi...

J’ai un objectif qui me pousse: c’est d’être championne du monde au mois de juin (du 13 au 20 juin à Budapest). C’est quelque chose que je n’ai jamais fait. Ça m’aide à avancer. Il n’y a pas que les objectifs de performance, il y a les objectifs techniques. J’aime le judo, j’aime les combats. Je suis compétitrice, c’est ça qui me donne envie. Au mois de juin je veux être championne du monde. On a les JO de Los Angeles dans quatre ans, on y pense déjà dans un coin de la tête. On veut toujours plus. Je suis trois fois championne d’Europe et je veux l’être une quatrième fois. S je suis championne du monde je voudrais l’être une deuxième fois.

Vous avez été accompagnée sur le plan mental pour reprendre dans de bonnes conditions après les émotions des JO ?

J’ai un préparateur mental mais tout le monde a été contacté par une psy, après les JO, pour savoir où chacun en était et si on en avait besoin. Ça fait du bien. L’aspect mental est plus important que le physique après les JO. Ça se bouscule dans la tête. Si tu n’as pas envie, tu ne fais pas et si tu as envie tu y vas. J’ai dit à mon préparateur mental que je me sentais bizarre, je disais "je ne sais pas ce que je fais, où je vais". J’ai commencé par de la préparation physique et du jiu-jitsu brésilien car je n’avais peut-être pas envie de faire du judo. J’avais trop envie de passer ceinture violette en jiu-jitsu brésilien, j’y suis allée tout le temps et j’ai eu ma ceinture. Ça m’énervait de rester ceinture bleue. Le "jjb" est hyper complémentaire avec le judo, ça m’a apporté quelque chose pour mon judo sans faire de judo. A un moment le judo m’a manqué. Je suis allé au pole de Bretigny puis à Chatenay-Malabry. J’ai fait du judo avec les jeunes, c’était difficile parfois mais c’était bien. J’ai réintégré l’Insep petit à petit pour retrouver tout le monde. Ça m’avait manqué.

Propos recueillis par Maria Azé