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Les mystères d'Oulan-Bator

Teddy Riner contre Batsuuri Namsraijav

Teddy Riner contre Batsuuri Namsraijav - -

Pendant deux semaines, l'équipe de France masculine de judo se prépare dans un autre monde : la Mongolie. Un froid glacial, des combattants redoutables mais une formidable expérience de vie constituent le programme des Bleus.

« Dans notre imaginaire, la Mongolie, c’était les yourtes, les bêtes sauvages, les paysages à perte de vue… » Cyrille Maret (-100 kg) n’a pas été déçu mercredi en posant le pied à l’aéroport d’Oulan-Bator à 2 200 mètres d’altitude. Le mercure descend à -15° C. Enlevez 10 degrés la nuit. D’ordinaire, ce sont les Mongols qui viennent se préparer en Europe mais cette fois, c’est la France qui se rend au pays de l’éternel ciel bleu. « Ici, c’est hors du commun, raconte Ugo Legrand, qui était déjà venu à Oulan-Bator en 2011. Ça ne ressemble à rien de connu mais on est accueilli royalement. Tout le monde est à nos petits soins. » 

A peine arrivés, les Bleus ont été les invités de marque d’un grand tournoi de lutte traditionnelle, la Bökh. Ville soviétique avec ses avenues sans fin, Oulan-Bator est une cité sans couleur où la pauvreté jouxte les nouveaux riches. A côté des statues de Marco Polo, les Tricolores resserrent les liens à moins de deux mois des championnats d’Europe. Dans une vieille bâtisse mais bien dotée en tatamis où plusieurs sports se côtoient, les hommes de Benoît Campargue ferraillent avec les représentants d’une nation montante.

Invitation à dîner

La Mongolie n'est plus un confetti du judo mondial. Cette année, les fils et filles de Genghis Khan multiplient les podiums à coups d’un judo léché loin du judo typé lutte qu’on voyait avant. Au dernier Tournoi de Paris, la Mongolie (2,7 millions d’habitants) a fait presque aussi bien que la France (6 médailles contre 7, dont deux en or). « A l’entraînement, c’est excellent. Tout le monde est décontracté mais quand il s’agit de combattre, ils ne font pas semblant. Il faut se battre mais c’est incroyable de diversité d’attaques » s’enthousiasme Legrand. Seul Teddy Riner a un peu de mal à se faire la main car il y a peu de lourds en Mongolie. 

Le mi-lourd Naidan Tuvshin Bayar, seul champion olympique de l’histoire de la Mongolie, est lui une célébrité. « On le voit dans les journaux, il est très respecté » note Maret. Lui et Legrand, qui partagent la même chambre, ont eu l’honneur d’être invités à dîner par l’un des adversaires de Maret, Battulga Temuulen. « On se tape sur la gueule et derrière, il nous a invité chez ses grands-parents. C’était magnifique » sourit Maret. L’expérience mongole dure deux semaines avant de plonger dans des eaux moins inconnues, celles du Japon, pour une autre semaine d’entraînement. Dès lundi, ce sera aux filles de rejoindre leurs homologues masculins dans cet univers sans bête sauvage ni yourte.

M.M.