Milous à l'abordage

Depuis 1991 et Philippe Pradayrol, aucun Français n'est monté sur un podium mondial en moins de 60 kilos. Et si c'était Sofiane Milous ? Le Parisien licencié à Nice revient fort après une année marquée par les blessures.

Depuis quinze ans maintenant, Luffy, un garçon au corps en caoutchouc, capitaine du Thousand Sunny, cherche à devenir le Seigneur des Pirates. Pas le plus fort, pas le plus futé non plus dans cet univers de terreurs des océans, mais une rage de vaincre immense. Luffy est le héros du manga One Piece, mais c'est l'inspiration peu commune du Français Sofiane Milous, qui combat ce mardi à Bercy. « Il part de rien. Moi aussi, je pars de rien. Je n'ai jamais été en sport études. Ce que j'ai appris, je l'ai appris un peu tout seul en passant de club en club avec mon sac à dos », détaille ce Parisien pur beurre. Comme le héros de cette bande dessinée japonaise, Milous ne laisse personne décider pour lui. Il fonce, et cela lui a déjà coûté cher.

L'an passé, il n'écoute pas les conseils que lui prodiguent ses entraîneurs. On lui demande de se retenir, il met le paquet à l'entraînement. Trop. Fracture de la cheville. Il échoue en huitième de finale des Mondiaux. Entre cette fin d'année 2010 et le début 201, il progresse sérieusement en anatomie avec un nombre impressionnant de blessures (côtes, cheville, épaule). Il explique : « J'ai perdu beaucoup de temps à cause des blessures. J'ai été obligé de rester sur la retenue pour ne pas aggraver mes anciennes blessures. J'ai compensé par l'envie et la rage. » Milous a bien appris la leçon et a remisé les bandages dans l'armoire à pharmacie : « Je sais ce que je veux mais je suis têtu. Il fallait que je sois plus à l'écoute pour ne pas refaire les mêmes erreurs que l'année dernière ».

Pas de barrière

Au printemps, il cueille deux belles médailles en Grand Chelem à Moscou (2e) et Rio de Janeiro (3e): « Ces médailles prouvent que j'ai les capacités, que rien n'est perdu, même que j'ai progressé » sourit-il. Le voilà 9e mondial dans une catégorie d'une incroyable densité. Derrière Riner, il est peut-être le masculin qui a le meilleur profil de médaillable. Combattre à Bercy ou ailleurs. C'est pareil. Contrairement à beaucoup de jeunes, Milous ne s'est jamais mis de barrières. Avec son compère Loïc Korval (remplaçant en moins de 66 kilos), il répète que rien n'est inaccessible. Luffy n'est pas encore le roi des pirates, Milous, « seulement » champion d'Europe 2010. « On se suit un peu avec Luffy, glisse-t-il. Il a un objectif en tête et il est en train de travailler pour y arriver. Moi, c'est pareil ». Et si ce mardi c'était le moment de dépasser son héros ?...

Morgan Maury