Mondiaux de judo: Amandine Buchard dos mineur, espoir majeur

Amandine Buchard - ICON Sport
Paris, février 2023, Amandine Buchard sort du tatami après une place de trois remportée face à Astride Gneto. Quelques minutes plus tôt, elle avait été sèchement battue par la Kosovare Distria Krasniqi, championne olympique dans la catégorie inférieure. Buchard se présente en zone d’interviews machée. Elle avoue qu’elle souffre d’une fracture lombaire et qu’elle vient de se casser un orteil. Dans le langage et les émotions de la judoka du PSG judo transparait une grande souffrance.
Championne d’Europe, médaillée mondiale dans deux catégories et vice-championne olympique, vit-elle un moment charnière? De ceux où vous n’arrivez plus à coller vos rivaux? Deux mois plus tard à Antalya, elle remporte le tournoi de Turquie en battant la numéro une mondiale, la Britannique Chelsie Giles. Calvaire et résurrection express. "A Paris, je manquais d’entrainement et psychologiquement je n’étais pas au top rembobine Buchard. J’ai su rebondir à Antalya, après une très bonne préparation."
Attention au tableau
Du genre à serrer les dents et à s’entraîner coûte que coûte, elle a appris à se reposer. Les problèmes au dos sont toujours présents. Staff médical, entraîneurs de club et de l’Insep se sont entendus sur la marche à suivre lorsque ses lombaires la poignardent. La moins de 52 kilos ne se fera pas opérer. Le mal va l’escorter au moins jusqu’aux Jeux olympiques l’an prochain à Paris. Avant chaque entraînement, elle va préparer son corps avec une série d’exercices pour préparer la zone douloureuse. Sa blessure ne la gêne pas pour lancer son mouvement fétiche, kata-guruma (roue autour des épaules). "Je sais que j’aurai toujours ce problème au dos. Maintenant, je suis plus confiante, on s’occupe bien de moi, mon club est à l’écoute. Je me sens bien. J’ai fait un excellent dernier stage au Temple-sur-Lot (Lot-et-Garonne). S’il y a un moment de moins bien on saura comment le gérer", rassure-t-elle.
Il ne faudra pas que la douleur l’enquiquine ce lundi 8 mai à Doha. Le forfait de Giles a transformé le tableau et jeté Buchard dans les bras de la Japonaise Uta Abe lors du quart de finale virtuel. "Bubuche" est la seule non-Japonaise à avoir vaincu la Nippone. C’était en 2019. L’an passé aux Mondiaux, la Tricolore avait réussi à remonter un waza-ari de retard mais s’était inclinée pour la septième fois en huit confrontations. A Doha, elle va tenter de faire mieux que ses trois médailles de bronze mondiales. Pour cela, il faudra dégager Abe de la route. Buchard a commencé à s'ouvrir de nouvelles possibilités techniques en compétition.
Le salut viendra peut-être de ces ajouts autour de son kata-guruma. Opiniâtre, elle ne sera pas du genre à chercher l’excuse de son dos pour évoquer une contre-performance: "L’un de mes premiers rêves quand je suis entrée à l’Insep c’est d’être championne du monde. Quand on voit le cadre des champions du monde ou olympiques, vice-championne olympique ou troisième des mondiaux comme moi ça ne suffit pas. J’ai hâte de mener des combats difficiles. Tout le monde veut être championne du monde. Ce sera à moi d’accrocher des victoires à chaque tour." Un programme chargé avec au moins cinq combats l’attend. De quoi en avoir plein le dos.
-66kg: Khyar en habitué, Bouba en découvreur
Walide Khyar et Daikii Bouba ont le même âge, 27 ans. Le premier va participer à ses 5e mondiaux tandis que le second arrive à Doha en bizuth de l’événement planétaire. Tous les deux n’y vont pas sans ambition ni confiance. Khyar, tête de série 8 au Qatar, réalise une belle saison avec une constance qui l’emmène chaque soir de tournoi à disputer les combats à médaille. Bouba s’est révélé à l’automne après une carrière au niveau national et de nombreuse blessures. L’élève d’Alexandre Borderieux à l’AJA Paris 20 signe un podium au Portugal et surtout une finale au Masters où il bat deux cadors. « J’ai fait un gros pas en avant explique Khyar qui chasse sa première médaille mondiale après un titre européen. Je pense que c’est à portée de main depuis un moment mais il faut l’atteindre. » Bouba, garçon au tempérament très calme sur le tatami, un peu l’opposé de Khyar, combattant plus exalté, peut jouer les trouble-fêtes. Le tableau des moins de 66 kilos comprendra les deux ogres japonais Joshiro Maruyama et Hifumi Abe, quasiment invincibles pour les combattants non-nippons : « C’est une chance unique, il ne faut pas la louper appuie Bouba. Plus j’arrive à vider ma tête des émotions plus ça me réussit. »