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Mondiaux de judo – Buchard: "Je ne me suis jamais sentie aussi épanouie"

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Amandine Buchard n’a jamais disputé de finale de championnat du monde. Elle compte 5 médailles de bronze. Cette année, sa vie a pris un grand virage puisqu’elle partage son temps entre rugby au Stade français et judo. Une double vie qui la rend tout simplement heureuse. Peut-être l’état d’esprit qui lui a manqué ces dernières années quand son mental a souvent joué au yoyo. Ce samedi à Budapest, elle fera partie des candidates à l’or.

Amandine Buchard, êtes-vous heureuse dans cette saison où vous avez mélangé rugby et judo?

Tout à fait. Ce n’est pas toujours facile l’après-JO. Pour l’instant, je suis contente, je suis épanouie. J’ai participé à deux tournois que j’ai gagnés. Ce Mondial sera la compétition la plus importante de la saison. Tout se passe bien.

Dans votre judo, vous faites tomber sur davantage de technique. Comment l’expliquez-vous?

J’ai enlevé ce mot pression. J’aborde ce championnat du monde avec beaucoup de sérénité. Je suis épanouie dans mon quotidien en tant que personne, que judoka et que rugbywoman. Il faut dédramatiser le truc. Il y a ce Mondial mais il en restera trois autres avant Los Angeles 2028. Oui mon objectif est de devenir championne du monde. C’est mon objectif depuis que je suis jeune. J’ai une opportunité de plus pour saisir ce rêve. Je vais donner tout ce que j’ai à donner.

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Est-ce que votre nouvel épanouissement explique votre nouveau judo?

Oui. J’ai moins de pression et de stress. Ça m’a permis de comprendre que je n’existe pas seulement qu’à travers le judo. Il y a Amandine Buchard la judoka, Amandine Buchard la personne, Amandine Buchard la rugbywoman. Je me suis tout le temps enfermée dans ce truc d’Amandine Buchard la judoka et à part ça je n’ai rien d’autre. Forcément, le seul truc que tu as dans la vie tu as envie de le faire bien. Quand cette partie ne va pas, rien ne va. Aujourd’hui, être épanouie dans plusieurs domaines ça me permet d’aborder cette compétition avec plus de sérénité. Quand il y a la sérénité je suis plus productive. Quand tu es bien dans la vie tu es bien sur le tapis et vice-versa. Ça me permet de profiter de tout ce que je suis capable de faire dans mon judo.

Tout fonctionne comme vous l’aviez imaginé?

Je ne m’attendais pas à ce que ça fonctionne tout de suite. J’ai trouvé mon rythme tout de suite. Je me suis épanouie tout de suite. Je me suis intégrée très vite au Stade Français. Les filles ont été hyper bienveillantes. J’ai eu de la chance. Je vais prendre l’exemple d’Antoine Dupont. On parle beaucoup de lui par moments. Il peut arriver que même ses fans veuillent qu’on parle d’autres joueurs. C’était un peu ça. Ce projet sortait de l’ordinaire. On ne parlait que de ça. Les filles disaient ‘c’est cool, on a entendu parler d’Amandine Buchard mais maintenant on veut voir.’ Au final, les filles ont appris à me connaître. Elles ont vu que je n’étais pas prétentieuse, que je ne suis pas arrivée en mode princesse. L ne faut pas confondre ambition et prétention. Ça se passe super bien.

Vous êtes contente de croiser le fer de nouveau avec Uta Abe ou la Kosovare Distria Krasniqi?

Si je n’aimais pas l’adversité j’aurais changé de catégorie. Les moins de 52 kilos vont être la catégorie la plus dense. On est sept médaillées olympiques dans la catégorie. L’Ouzbek Keldiyorova championne olympique ne sera pas là mais il y a une deuxième japonaise, Omori. Quand on voit le combat qu’elle a fait contre Abe au championnat du Japon il faut la prendre au sérieux comme il faut prendre au sérieux toutes les filles présentes à Budapest. J’ai toujours aimé cette adversité. Je prends plaisir à battre des personnes très fortes. Celle qui gagnera la médaille d’or sera celle qui aura eu le plus faim et qui mettra tout en place pour arriver au bout.

Ce sera votre seul grand championnat de l’année. Cela change quelque chose dans l’approche?

Quand j’ai appris que je ne faisais pas le championnat d’Europe j’étais un peu dégoûtée. Vu la densité dans ma catégorie, j’aurais voulu prendre mes marques sur l’Euro. C’est fait. J’ai avancé. Si on m’a sélectionnée c’est qu’on sait que je suis capable de gagner et je le sais aussi. J’ai quand même rencontré les filles depuis longtemps.

Avez-vous mis le doigt sur ce qui vous a empêché d’avoir autre chose que du bronze en championnat du monde?

J’ai prouvé que j’étais capable de faire beaucoup mais que tout soit aligné le même jour ce n’est pas arrivé. C’est pour ça que je n’ai ‘que’ 5 médailles. Tout a changé. Je ne me suis jamais sentie aussi épanouie dans ma vie de tous les jours. Je fais beaucoup moins de judo mais quand j’y vais-je suis contente d’y être. Ce sont beaucoup de nouveaux facteurs. Ça peut marcher tout de suite comme ça peut marcher l’an prochain, dans trois ans ou tout simplement le jour des JO. C’est une étape. On fera des bilans ensuite pour l’objectif à long terme que sont les JO.

Quel est votre rythme entre judo et rugby?

Je m’entraine six jours sur sept. C’est plus qu’avant. Tous les matins, tous les après-midis et parfois le soir.  Mon énergie c’est mon épanouissement. C’est fatiguant physiquement mais je suis tellement épanouie que je suis le rythme. C’est vrai que dès que je suis sur le canapé, extinction des feux. Le matin je peux avoir une préparation physique puis enchaîner avec une musculation et aller au rugby le soir. Je vais choisir en fonction de la demande énergétique. C’est un mix. Ce ne sera pas une séance judo difficile et un entraînement rugby à haute intensité dans la foulée.

Propos recueillis par Morgan Maury