Mondiaux de judo: Khyar "heureux et reconnaissant" après sa médaille de bronze

Walide Khyar, cette médaille prend davantage de saveur après avoir raté le coche lors des Mondiaux précédents?
Oui, ça fait plaisir. Je pense que j’aurais pu avoir cette médaille avant. Je suis ultra-content. J’étais heureux et reconnaissant d’être là aujourd’hui, de combattre pour l’équipe de France. J’en étais fier et ça m’a porté toute la journée. J’avais une espèce de force supplémentaire. C’est l’âge aussi (27 ans, ndlr). On grandit, on se rend compte de certaines choses, on est reconnaissant de participer à son cinquième championnat du monde. Ça ne s’est jamais joué à grand-chose sur mes précédentes participations. Aujourd’hui, je finis troisième et je suis super content.
A un moment de la journée, avez-vous pensé: "Non, ce ne sera pas la même histoire que les fois précédentes"?
Toute la journée je me suis dit ça. Je me suis dit "impossible". Parfois ça passait dans ma tête. On avait travaillé sur ça mais il ne fallait pas que ça me perturbe. La demi-finale a été dure à encaisser (défaite en 32 secondes contre Hifumi Abe). Daniel Fernandes, mon coach, m’a dit immédiatement: "On fera les comptes après, on n’y pense plus". C’est ce qu’on a cherché à faire pendant la pause. Je fais un gros match sur An Baul, double médaillé olympique et champion du monde 2015. J’ai élevé le niveau. Il fallait ça et c’est passé.
Aujourd’hui, vous paraissiez très fort. C’est une compétition de référence!
Oui. C’est une belle compétition de référence. On a tellement travaillé avec mon club, avec la fédé, que j’étais obligé, par respect envers eux, d’arriver prêt. On a énormément travaillé avec toutes les personnes autour de moi. Je suis arrivé, j’étais prêt. La demi-finale ne s’est pas passée comme prévue. Je l’ai en travers mais je donne rendez-vous une prochaine fois.
On vous a vu attaquer sur des techniques différentes et vraiment vous appliquer à respecter le schéma. Vous n’avez jamais emballé le moteur…
A un moment donné, je me suis posé la question: "Je sais faire tomber, il faut l’utiliser". Hier (dimanche), pendant le débrief de la première journée, on nous a dit que les arbitres ne pénalisaient pas. Dans un coin de ma tête, je me suis dit que j’étais obligé de faire tomber, que les pénalités n’allaient pas marcher. Faire tomber, c’est là où je me sens le mieux. J’ai fait du beau judo, j’en suis fier.
Hifumi Abe paraît pour l’instant intouchable. Vous êtes d’accord?
Bien sûr. Mais c’est aujourd’hui. Il y aura beaucoup de travail qui va être fait. On va s’améliorer, je vais aller le chercher, on va aller le chercher, j’en suis persuadé.
Vous êtes aussi le seul Européen sur le podium, entouré de trois Asiatiques…
Je suis content. Il y a deux Japonais en finale, le Mongol en place de trois. C’est un beau podium, il y a de la médaille.
En attendant le podium, vous sembliez très joyeux, à regarder dans tous les sens...
C’est possible parce que c’est ma première. J’ai tellement galéré que je suis souvent passé à côté, aujourd’hui, j’en étais fier. Je voyais ma famille qui était super contente. Je passais mon temps à les regarder.
Champion d’Europe et maintenant médaillé mondial, vous rentrez dans un cercle très fermé de judokas masculins…
Il y a encore un peu de chemin. Je suis content. Je n’y avais pas pensé. Je ne fais pas ce sport pour ça, pour cocher des cases. J’ai des objectifs à atteindre. J’ai envie d’être champion du monde, d’être champion olympique. J’essaye de ne pas trop me comparer aux gens qui étaient là avant moi. Mais maintenant que vous le dites, c’est sympa.
Il y a une grande différence avec votre titre européen des moins de 60 kilos en 2016?
Il y a tellement un monde entre les championnats d’Europe et les Mondiaux. Il faut en être conscient. Il y a trois Asiatiques sur le podium. C’était super à ce moment-là mais je n’y pense plus. Je préfère le Walide d’aujourd’hui, je suis plus posé.