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Mondiaux de judo: Valadier-Picard, le plan était presque parfait

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Le judoka de 22 ans Romain Valadier-Picard a remporté la première médaille en championnat du monde d’un moins de 60 kilos français depuis 1991. L’éclosion d’un garçon prometteur depuis les années junior et qui ne laisse rien au hasard.

Romain Valadier-Picard avait annoncé la couleur le mois dernier: "Je viens pour marquer l’histoire." Pas de forfanterie dans la voix du judoka de l’ACBB. Seulement les paroles d’un garçon qui connait ses livres d’histoire du judo par cœur. Thierry Rey dernier champion du monde des moins de 60 kilos en 1979, Philippe Pradayrol dernier médaillé en 1991. RVP efface le deuxième et ne rejoint pas le premier avec son cadre à l’Insep: "Je voulais inscrire mon nom à côté des grands noms. Aujourd’hui j’inscris mon nom dans le livre du judo français mais pas dans le livre d’or", expliquait-il joliment en sortant de sa finale perdue par ippon contre le Japonais Ryuju Nagayama.

Valadier-Picard a sorti une grande journée pleine de judo au sol et debout comme cette clef de bras d’entrée sur l’Italien Carlino, torturé pendant une minute. Ou cet étranglement finalement annulé sur le Russe Bliev, vice-champion d’Europe 2025. Dans ses premiers tournois seniors, le Français attaquait beaucoup et marquait très peu. Il a gagné en efficacité même si cela n’a pas suffi pour piéger le petit Nagayama dans le combat pour le titre: "Il y avait la place. Je fais un bon début de combat. Je suis resté dans son dos au lieu de me décaler. Mon judo classique en manche revers est parfait pour lui", reconnait RVP. Le moment de battre le meilleur japonais attendra.

"Il voulait effacer la déception de ne pas avoir été retenu aux Jeux"

Cette médaille est celle d’un projet personnel fort. Celui d’un têtu, qui note tout sur ses adversaires dans son ordinateur, qui est parti seul au Japon l’été dernier pour faire le tour des universités pendant que les JO battaient leur plein en France. "Je pense qu’avec ce résultat, il voulait effacer la déception de ne pas avoir été retenu aux Jeux", pense sa maman, Claire, présente en tribune à Budapest. Luka Mkheidze avait été retenu (médaille d’argent). Aujourd’hui, l’aîné des deux Tricolores a buté en huitième de finale sur un modeste hongrois, 80e mondial. Romain Valadier-Picard a donné la leçon au combattant magyar lorsqu’il a eu entre les mains avec quatre valeurs inscrites en moins de 4 minutes: "C’est un patron pose Franck Chambily, son entraîneur. Il mène sa barque comme il l’entend. On est presque obligé de le freiner dans son activité."

Membre de cette génération Forces Spéciales comme Joan-Benjamin Gaba, Valadier-Picard s’entraîne à hautes doses et ne ménage pas son corps. En février, deux jours après un succès éclatant au tournoi de Paris, son genou a lâché. Opération, double dose de kiné et un retour pile à temps pour le rendez-vous de Budapest. "C’est un besogneur de fou", conclut Chambily. "Aujourd’hui j’ai un peu tiré sur mon genou expliquait Valadier-Picard. J’ai tout donné pour revenir en temps voulu ça a payé. Ce n’est pas la plus belle des médailles, mais une médaille qui me rend fier de ces sacrifices." Le duel avec Luka Mkheidze s’annonce palpitant sur le chemin de Los Angeles comme avec Nagayama. "Il y a une infinité de possibilités dans le judo et je compte bien les explorer pour battre ces Japonais", lançait Valadier-Picard en guise de conclusion. Le garçon aime les défis. L’ordinateur va encore chauffer.

Morgan Maury à Budapest