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Ribout veut réécrire l’histoire

Morgane Ribout

Morgane Ribout - -

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Derrière son titre mondial conquis en 2009, Morgane Ribout a vécu des moments très difficiles avant de ressurgir et de redevenir une prétendante à la médaille en moins de 57 kilos. Récit d’un retour au premier plan...

J'avoue j'en ai bavé pas vous... La Javanaise par Serge Gainsbourg, Morgane Ribout la connaît par coeur. Le fumeur de Gitane est son chanteur préféré. Mais ce vers aurait collé parfaitement à la Ch’ti. Comme Gainsbourg et Gainsbarre, la Française a vécu une saison 2010-2011 à deux visages. Dans un premier temps, Ribout a rimé avec coup de mou. La chute derrière un titre mondial 2009 « jamais digéré » selon Thierry Rey, l'un de ses hommes de confiance. « Derrière, c'est difficile de renouveler ce genre d'exploit, confie l’intéressée. On n'a pas l'expérience d'une Lucie Décosse. Tout devient un peu flou. On ne voit plus les choses de la même manière et le corps réagit différemment ».

Début 2010, la miss fait tout de travers. Les régimes ? A la dernière minute ! L'entraînement ? Moins d'implication, des absences en pagaille. Les Mondiaux ? Blessée. La tête finit par décrocher. « Elle ne s'entraînait pas bien et tout ça, ça se paye, insiste Rey. En judo, il ne faut pas rater 8 jours. Tout ça ne peut s'exprimer que si on a des heures d'entraînement ininterrompues. » Tout l'inverse de sa rivale et amie, la Japonaise Kaori Matsumoto, championne du monde 2010 et bourreau de travail. Trois jours après son titre, elle était déjà de retour sur le tatami de son université... Une indigne cinquième place aux championnats de France, une défaite contre une Canadienne au Tournoi de Paris, Ribout se confectionne une jolie liste de bêtises jusqu'au printemps, avec à la clé un championnat d'Europe où elle n'est même pas sélectionnée.

Kamikaze girl

Avec Martine Dupont et Cathy Fleury à l'Insep, ainsi que Bernard Tchoullouyan dans son club du Lagardère Paris Racing, Ribout remet le puzzle dans le bon ordre. Si elle continue à s'autoriser une Marlboro de temps en temps, elle se bâtit un physique à la hauteur de ce que son judo réclame. La musique de son uchi-mata (un mouvement de jambe) revient. Elle complète son arsenal. Mais le plus important n’est pas là. « J'ai retrouvé un peu de confiance, autant à l'entraînement qu'en compétition », confie-t-elle. C'est l'ingrédient indispensable à son judo de kamikaze.

En dehors du tapis, elle se stabilise aussi. Ses journées sont mieux cadrées avec des cours d'anglais quotidiens. Et les fruits recommencent à tomber. Enfin. Au printemps, elle décroche une breloque à Madrid (2e), puis une autre au relevé tournoi de Rio de Janeiro (3e). Cette nourriture de métal la remet dans le bain pour s'attaquer au reste de la planète judo. Tombée à la 8e place mondiale des moins de 57 kilos, Ribout est maintenant « under the radar », comme disent les Américains. Elle est une menace, une outsider : « Le mental est différent dans cette situation. Ca peut être bénéfique pour moi. Maintenant, je relativise davantage. Tout reste à faire. » Et puis, Bercy lui a toujours réussi. Après toutes ces galères, une médaille prouverait que son coeur est bien celui d'une championne atypique. Pas d'une fille d'un jour de 2009.