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Riner : « A moi d’écrire l’histoire »

Teddy Riner

Teddy Riner - -

Les Championnats d’Europe de judo démarrent ce jeudi à Budapest. Toujours aussi déterminé et affamé de titres, le Guadeloupéen compte bien se coiffer d’une troisième couronne continentale après ses succès en 2007 et 2011.

Teddy, quelle valeur accordez-vous à ces Championnats d’Europe ?

J’y accorde beaucoup d’importance parce que j’ai remis les pendules à l’heure, et quand je regarde quand j’ai commencé à percer, ça a commencé par là (en 2007, ndlr). Donc on recommence, et ensuite il y aura les Championnats du monde à Rio. Donc l’histoire se réécrit, les victoires sont là mais c’est à moi d’aller les chercher, de me donner les capacités et la détermination pour aller chercher ces belles médailles et ces beaux titres.

Envisagez-vous la défaite ?

Tout est possible dans le sport, c’est quelque chose d’aléatoire. Je ne préfère pas imaginer mais c’est là, dans un coin de la tête. Parce qu’il faut un gagnant, un perdant. Je suis plus du côté des gagnants ces derniers temps mais à chaque fois que je monte sur un tapis, je me dis que tout peut arriver. C’est pour ça que je travaille dur aux entrainements, pour pouvoir arriver sur des évènements et me débrouiller pour aller chercher la victoire.

Pour vous motiver, avez-vous à l’esprit que chaque médaille d’or pourrait être la dernière ?

A chaque fois qu’un évènement se termine, je me dis là, j’ai réussi à l’avoir, qu’est-ce que ce sera au prochain ? C’est à moi de me débrouiller. Mais il n’est pas écrit que « Teddy Riner va tout gagner ». C’est à moi de me débrouiller, de me donner l’envie, de ne rien lâcher. Tout est déjà écrit, à moi d’écrire ma partie de l’histoire, de me dire qu’on écrira que c’est moi qui ai gagné et non quelqu’un d’autre. C’est l’envie qui fait la différence.

Où en êtes-vous physiquement ?

Je suis bien, je suis au poids, je suis affûté. Après, on n’est jamais trop gros quand on est dans une catégorie lourde. Mais je suis quelqu’un qui fait attention à mon poids, à certaines choses auxquelles d’autres lourds ou d’autres combattants ne font pas attention. Parce que je sais aujourd’hui ce qui fait la différence pour que je puisse gagner des médailles ou que je me sente le mieux sur une compétition. Tout se passe sur mes jambes, c’est là où je gagne vraiment de la vitesse donc je fais du travail dynamique, beaucoup de gainage, d’abdos. 

Pour ces Championnats d’Europe avez-vous suivi une préparation complète ?

J’ai fait une énorme préparation, je me suis vraiment bien entrainé, je me suis vraiment reposé les bonnes questions pour savoir où j’allais, qu’est-ce qu’il peut manquer, qu’est ce qui peut faire la différence. Et aujourd’hui, oui je suis prêt. Je n’aurais pas pu en dire autant il y a 10-15 jours de ça, mais aujourd’hui, c’est le cas. On va terminer cette préparation tranquillement et on va attendre le jour J.

Quand un objectif majeur s’achève, comment fonctionnez-vous ? Remettez-vous tout en question ?

Quand je reviens sur une compétition, je me fais une remise en question totale. Je me repose les bonnes questions, je me demande ce qui va faire la différence, qui je vais avoir en face de moi. C’est beaucoup de questions à chaque fois. Je n’arrive pas et je me dis « Je suis le meilleur ». Pas du tout. Je me dis que je vais avoir des mecs qui vont vouloir me casser la figure, qui vont vouloir me piquer mon bifteck et c’est à moi d’empêcher tout ça. Et pour ça, il faut s’entrainer dur, se remettre en question, se mettre minable à l’entrainement, être le dernier à quitter le tapis, en faire plus que les autres. Quand je me dis à l’entrainement que je suis lessivé, non, je ne suis pas lessivé. Je vais monter des cordes, je fais du gainage, des abdos, musculation derrière. Et là je me dis, « c’est bon, je peux aller me reposer. »

Vous qui avez déjà tout gagné, la détermination est-elle toujours là ?

L’envie est là, la détermination aussi. J’ai envie de gagner le plus de médailles, de me faire plaisir dans le sport. Pour l’instant, j’en prends énormément. Je ne suis pas encore lassé, je n’ai pas envie d’arrêter. J’ai envie de continuer jusqu’en 2016. Après, on se posera des questions et on verra si on ira jusqu’en 2020 et ainsi de suite.

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Toujours chez papa-maman|||

A 24 ans et même s’il aurait amplement les moyens de s’offrir son propre pied-à-terre, Teddy Riner a décidé de vivre toujours sous le même toit que celui de ses parents. « Maman s’occupe toujours de mes affaires, ça se passe super bien, souligne-t-il. Pour l’instant, comme je suis en train de restructurer beaucoup de choses, je n’ai pas l’envie de quitter mon cocon familial. »

Propos recueillis par Morgan Maury