Riner : « Je suis prêt à faire la guerre »

Teddy Riner - -
Que représentent ces Mondiaux à domicile ?
Ce n'est pas pareil que les Jeux olympiques, mais c'est plus fort que les derniers Mondiaux à Tokyo. Parce que c'est à la maison, à Paris. Cette médaille va compter énormément parce que devant le public, mes potes, mes partenaires, toute ma famille, c'est important de montrer ce qu'on sait faire, pourquoi on s'entraîne. Il ne faut pas se louper.
Vous aurez une pression énorme….
Je pense que cela va se rapprocher des Jeux olympiques. La pression, je vais la mettre de côté et quand je vais arriver le jour J, je vais tout donner, à 100%. Après, on fera les comptes. Je prendrai les combats les uns après les autres. Il ne faut surtout pas se mettre la pression.
Comment fait-on pour mettre la pression de côté quand on est attendu par tout un pays ?
C'est simple. Il faut mettre le public derrière soi. Je sais que les spectateurs vont me pousser. J'ai travaillé plusieurs techniques toute l'année. Je pense bien les maîtriser maintenant. Je vais les mettre en route aux Mondiaux et c'est ce qui fera la différence. Maintenant, ce sera à moi de ne rien lâcher.
En plus de la gagne, comptez-vous faire le spectacle ?
Je m'appelle Teddy Riner mais je suis un être humain comme tout le monde. Je vais assurer la gagne. Je ne suis pas là pour faire le spectacle. S'il y a spectacle, très bien. Si je dois gagner grâce à une pénalité, très bien. Si je dois gagner par ippon, je le prendrai. Mais avant ça, ce qui compte, c'est de monter sur la plus haute marche du podium.
Est-ce qu'au niveau de l'attitude, il n'y a pas quelque chose à montrer?
Pas du tout. L'attitude je n'y fais pas du tout attention. Je vais monter sur le tatami, saluer mon partenaire. Je veux être agressif comme il faut.
« Je ne sous-estime personne »
Le Japonais Kamikawa, qui vous avez battu lors des derniers Mondiaux, nous a déclaré: « Je veux faire chuter Teddy Riner à Paris ». Que répondez-vous?
(Il rigole). J'ai pleuré à Tokyo. Il a pleuré au Tournoi de Paris (Riner avait pris sa revanche, Ndlr). Un partout, balle au centre. Les paroles sont belles. On verra à Bercy.
Dans un an auront lieu les Jeux olympiques, le moment où certains combattants se réveillent, attirés par les lumières de l'olympisme. Prudence ?
Je ne vais pas dire que c'est une menace supplémentaire. Je ne sous-estime personne et je n'ai jamais sous-estimé personne. Il faut continuer comme ça. Une attaque, un balayage, ça va vite. Il faut rester sur ses gardes. Il faut faire attention à tout.
Vous semblez en pleine progression au niveau technique, alors que vous stagniez depuis un moment. Comment l'expliquez-vous?
Aucune année ne se ressemble. A chaque championnat, je suis arrivé à chaque fois avec de nouvelles attaques et un nouveau schéma tactique. J'ai encore amplifié tout ça avec Benoît Campargue (entraîneur des masculins), l'Insep et mon entraîneur de club (Christian Chaumont à Levallois). J'ai fait une belle saison sur ce plan-là et j'espère que cela se verra aux Mondiaux.
Vous êtes devenu un beau judoka, on vous voit dans les classements des plus beaux ippons. Est-ce que cela vous touche?
Non. Moi ce qui m'importe, c'est de me faire plaisir dans ce que je fais. J'en ai rien à faire d'être dans les DVD. L'important, c'est de gagner des combats.
« Je ne laisserai pas les arbitres me battre »
A Tokyo, vous aviez stigmatisé l'arbitrage. A Paris, pensez-vous qu'il sera plus difficile pour un arbitre de vous donner perdant avec tout le public derrière vous?
Je n'y fais pas attention. Tout ça, c'est derrière. Je ne laisserai pas les arbitres me battre encore une fois. Je marquerai avant.
Avez-vous l'impression que certaines personnes de la Fédération internationale veulent vous voir perdre ?
Même si ces personnes existent... Je n'y fais pas attention. Si tu mets ippon, on ne peut rien te dire.
Que représente l'enceinte de Bercy pour vous?
C'est le lieu du plus beau tournoi du monde. On a un public qui nous transcende, on a la famille. On a tout de notre côté pour réussir. C'est la salle rêvée pour obtenir une médaille.
L'équipe de France masculine peut-elle aller chercher l'or au détriment des Japonais, lors de la compétition par équipes ?
Il n'y a pas qu'eux. Il y a beaucoup d'équipes. Il ne faut pas sous-estimer les autres. Nous avons une équipe très homogène. On s'entend très bien. On a déjà prouvé avec deux médailles d'argent européennes que l'équipe fonctionnait bien et qu'on pouvait faire quelque chose.
Pourquoi pourriez-vous perdre?
Je n'imagine pas cette configuration. Ne rien lâcher et le jour J, tout donner.
Si vous étiez un judoka étranger et que vous deviez affronter Teddy Riner à Paris, que feriez-vous?
Déterminé, je lui rentrerais dedans. Je ne lâcherais rien. Je lui ferais la guerre. Mes adversaires sont dans cet état d'esprit là. Moi aussi, je suis prêt à faire la guerre. Je m'entraîne pour.