Riner sur une autre planète

Et de 5 pour Teddy Riner - -
Amenez-lui Mike Tyson ! Donnez-lui Hulk ! Les poids lourds du judo ne sont que des pantins tenus par la grâce d'un marionnettiste. Ce samedi, grâce à un o-uchi-gari (grand fauchage intérieur), Teddy Riner a basculé plus loin que la légende. Riner a dépassé Douillet le magnifique, Yamashita l'invincible, Ogawa le traditionnel et Fuji l'éclair. Cinq titres mondiaux après un chef d'oeuvre parisien. Bercy a vu l'oeuvre la plus aboutie d'un garçon de 22 ans trop rapide pour le monde qui le côtoie. « Il faut faire une compilation de ses mouvements du jour et les envoyer tout de suite dans une école de judo parce que c'est parfait », juge David Douillet.
A Tokyo, lors de la compétition toutes catégories des Mondiaux 2010, on avait vu les molécules de ce qui serait le sel de son sacre parisien. Tous les "caramels" qu'il a collés (6), il les a posés sur des véritables « coups de judo », des beaux ippons. Riner n'est plus seulement cette machine qui broie, quitte à déplaire. Il pratique un beau judo. Avec six techniques différentes en six matches, il a ajouté la marque des grands, pas celle des machines. « C'est magnifique, tranche la légende Yasuhiro Yamashita (4 titres mondiaux et 1 olympique). Il est jeune et il continue de progresser à chaque fois qu'on le voit.»
Super-héros
Teddy Riner n'est pas resté invaincu pendant huit ans consécutifs comme le champion olympique de Los Angeles, mais il est devenu un super-héros du sport. Il perd, se relève, et prend sa revanche en frappant encore plus fort: « Je crois que cette défaite face à Kamikawa en finale des Mondiaux toutes catégories (l'an passé, ndlr) lui a fait du bien, pense Roger Vachon, l'un de ses proches à Levallois. Il a été obligé de se remettre en question. Voilà ce qui arrive en un an, Teddy Riner surclasse la planète. » En 6 combats, il n'a passé que 11'16 pour détruire ceux qui se présentaient face à lui. Et il n'avait que 20 jours de pur judo dans les pattes en raison d'un problème à l'annulaire de la main droite. En finale, l'Allemand Toelzer a résisté 3'33 -record de la journée- avant d'être déroulé sur le dos comme on récite une poésie.
Londres, c'est déjà demain. Troisième à Pékin, Riner doit gagner en Angleterre l'an prochain. «S 'il n'est pas champion olympique, c'est un échec, prévient René Rambier, directeur technique du haut-niveau. Un échec pour lui et le judo français ». La concurrence n'a pas encore vu Big Ben que Riner est déjà à Londres. Donnons-lui des partenaires, des adversaires, des coups de pied au derrière. S'il est en haut de la montagne des titres mondiaux, il n'est pas encore bien haut comparé à Douillet et Yamashita (respectivement 2 et 1 titre olympiques) dans la conquête de l'Olympe. Un vrai défi digne du super-héros qu'il est désormais.