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Tirs à balles réelles, chute à moto... Loïc Korval raconte sa course-poursuite hallucinante avec la police

Loïc Korval

Loïc Korval - AFP

Dans son autobiographie "Apprendre à se relever", parue le 7 février chez Talent Sport, Loïc Korval revient en détails sur un épisode incroyable de sa vie. En 2013, après avoir refusé de se soumettre à un contrôle routier près de Paris, l’ancien judoka se lance dans une folle course-poursuite avec des policiers à moto. Un récit digne de GTA!

Le chapitre s’intitule "La nuit où tout a basculé". Et disons-le tout de suite, il est carrément hallucinant! Dans son autobiographie "Apprendre à se relever", parue le 7 février chez Talent Sport, Loïc Korval revient avec précision sur un épisode traumatisant de sa vie. En livrant sa version de l'histoire. Les faits se déroulent en mai 2013, près de Paris. Alors qu’il rentre d’une soirée chez ses parents avec son cousin Steve et sa copine Marine, l’ancien judoka (qui a pris sa retraite l’été dernier à 29 ans), s’arrête à un feu rouge de la Porte de Vincennes. A la sortie du périphérique…

Un policier à moto regarde avec insistance sa "BMW série 1 finitions de luxe" et finit par lui demander de se ranger sur le côté. Persuadé d’être victime d’un contrôle au faciès, l’athlète d’origine guadeloupéenne n'obéit pas. "Il n’y a rien de plus énervant qu’un policier qui vous prend pour un criminel en puissance, juste parce que vous êtes un Noir qui conduit une BMW, explique-t-il. Alors, j’ai sciemment refusé d’obtempérer. J’ai démarré la voiture tranquillement en ignorant complètement ce fonctionnaire un peu trop zélé."

"Il dégaine son arme et se met à tirer à balles réelles sur ma voiture"

Cinq minutes plus tard, le médaillé de bronze aux Mondiaux 2010 voit arriver dans son rétro les deux policiers à moto dans une rue en bordure du bois de Vincennes, près de l’INSEP (son lieu d’entraînement). Il assure avoir l’intention de se garer, sauf que l’un des deux agents prend le rond-point en sens inverse pour venir à sa rencontre. Il l’évite de peu mais l’agent tombe de sa moto en voulant faire demi-tour, assure Korval. Son collègue, alors posté de l’autre côté, "dégaine son arme et se met à tirer à balles réelles sur ma voiture", raconte le judoka. La plage-arrière explose.

Le véhicule est à l’arrêt. Les deux policiers demandent au conducteur de sortir à deux reprises. Mais celui-ci, paniqué, imagine le pire. "Trois Noirs contre deux policiers blancs qui tiraient sur eux avaient très peu de chances de sortir vivants de ce traquenard, se justifie-t-il. Il est hors de question de sortir de la voiture. Je vais aller au commissariat de Nogent (sa ville de naissance, dans le Val de Marne, située à quelques kilomètres, ndlr), où il y aura plein de caméras et de témoins."

"J’ai l’impression d’être dans "Matrix" avec des agents Smith qui surgissent de partout"

Il redémarre alors en trombe et s’engage dans une voie en sens inverse de la circulation. "Les policiers auraient plus de difficultés pour me tirer dessus, donc pour avoir une chance de me tuer", se persuade-t-il. Son tableau de bord indique 2h du matin. Durant une vingtaine de minutes, il tente de semer les policiers qui affluent autour de lui: "J’ai l’impression d’être dans "Matrix" avec des agents Smith qui surgissent de partout." Finalement, il pile à 300m du commissariat de Nogent et décide de terminer en courant. Une trentaine d’agents le prennent en chasse.

"Je suis ceinture noire de judo, je suis une arme blanche à moi tout seul. Donc, je sais que je ne dois en attaquer aucun pour ne pas les blesser. Si je blesse un policier, je n’y survirai pas (…) Aussi, je cours. Pour ma vie. J’évite tous les coups et toutes les armes. Les policiers me poursuivent inlassablement. Je les sème, les uns après les autres sans en toucher un seul." Il tourne dans une allée mal éclairée, grimpe en haut d’un parking et saute de son toit. Sa course folle reprend. Soudain, dans une rue adjacente, il voit débouler le policier à moto qui lui a tiré dessus.

"Je fais un parfait salto au-dessus de sa moto"

S’en suit une scène digne d’un film de Jet Li: "Il me fonce dessus avec sa moto. Je le vois arriver, j’évalue sa vitesse. Entre 20 et 30km/h. Je sais que je peux l’éviter. Quand il est suffisamment proche, je prends appui sur le mur et je fais un parfait salto au-dessus de sa moto pour me retrouver de l’autre côté de lui. Le bougre n’a rien vu venir. Il finit sa course contre le mur, et moi, je me remets à courir."

Sa traque se termine finalement par un croche-pied qui l’envoie au sol. "Ils me tombent dessus et me donnent des coups de pied, de matraque et de tonfas. Tabassage en règle." Sérieusement amoché, Korval est amené au commissariat, où un fonctionnaire le reconnaît. Hôpital, garde à vue et séjour de quatre jours à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne). Avant une comparution immédiate dont le futur champion d’Europe (l’année suivante à Montpellier) ressort libre, avec l’obligation de pointer deux fois par jour au commissariat. Mais sans sa voiture, mise sous scellée. Ni ses papiers, sa carte bancaire et son téléphone qui se trouvaient à l’intérieur. Sacrée histoire…

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https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport