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Agnel, des larmes aux rires

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Catastrophique le matin en séries du 200m nage libre, Yannick Agnel a été le héros d’un relais 4x100 tricolore sacré champion du monde lors des mondiaux en petit bassin de Dubaï ce mercredi. Retour sur la folle journée du petit prince de la natation française.

Se serait-il vu trop beau ? A 18 ans, Yannick Agnel a explosé à la face du monde lors des championnats d’Europe de Budapest cet été, avec un titre sur 400 mètres nage libre et un record de France à la clef. Talent précoce hors norme, le Niçois a pourtant vécu un dur retour à la réalité mercredi matin lors des séries du 200 mètres des Mondiaux en petit bassin de Dubaï. Eliminé avec un piteux 10e temps, sa performance a provoqué le commentaire cinglant de son entraîneur Fabrice Pellerin : « C'est un résultat mérité. Mauvais ! Yannick n'avait pas le niveau mondial. Le niveau français, c’est ok. Le niveau européen, c’est bon. Mais le niveau mondial, il doit encore l’acquérir. Ce résultat lui appartient. Il en est responsable. Je ne crois pas à l’échec, plutôt à la réussite de l’échec. Là, il a réussi à échouer. Il lui reste à apprendre à nager au niveau mondial. »

Le principal intéressé avouait sa surprise à l’issue de la course : « Je ne m’y attendais pas. Ça nageait très vite… Il y a d’autres courses, il va falloir se concentrer rapidement. J’aurais pu aller plus vite dès le matin, je pensais gérer mon truc. » En guise de rédemption, Agnel allait se voir attribuer le poste de décisif quatrième relayeur lors de la finale du 4x100.

Le titre pour quatre centièmes

La pression est énorme sur le Niçois mais l’esprit d’équipe lui permet de relever ce sacré défi. Lancé par un Alain Bernard tonitruant et auteur de sa meilleure performance de la saison, le relais tricolore résiste au train d’enfer imprimé par les Russes grâce aux bonnes performances de Bousquet et Gillot. Au moment de s’élancer, Agnel n’a plus qu’un adversaire à avaler. Esseulé dans la ligne extérieure, il se concentre sur sa course et entame sa folle remontée. « On était un peu excentrés, déclare Agnel à la fin de la course. Le but, c’était de ne pas se laisser influencer. C’est ce qu’on a réussi à faire et ça a payé. » La quatrième longueur sera la bonne. Irrésistible, Agnel remonte et touche avec quatre centièmes d’avance sur son adversaire russe, suivi du Brésil.

Toujours placé mais jamais gagnant, le relais français s’impose enfin en (3’04’78). Sur les bords du bassin, les visages sont radieux. « Ça vaut toutes les médailles, jubile Alain Bernard. En relais, on allait souvent sur les podiums, mais on était rarement gagnants. » Un sentiment de délivrance après une si longue attente que partageait son pote Fabien Gillot : «Ça faisait un petit moment qu’on l’attendait celle-là. On a essayé plusieurs solutions d’ordre de relais et on est en train de trouver un équilibre tous ensemble. C’est de bon augure pour la suite. » Le mot de la fin reviendra à un Frédérick Bousquet aux anges : « Aller chercher cette victoire avec les camarades, c’est juste un pur bonheur ! » Ce n’est pas Yannick Agnel qui le contredira lui qui est passé du statut de zéro à celui de héros en une journée.