Amaury Leveaux: "Si je devais comparer, tu prends Rocky IV: il y a le Russe et moi je suis Rocky"

Amaury, comment vous est venue l’idée de ce retour?
J’ai arrêté en 2013, j’ai fait pas mal de choses qui ne regardent personne, j’ai eu un enfant. J’en avais un peu marre de ce système, de la natation française. J’ai voulu reprendre en 2015, je pensais que c’était le manque, mais l’idée est repartie aussi vite. En 2016, en regardant les Jeux, ça m’a retravaillé un peu. Et en 2018, on a fait l’enterrement de vie de garçon de Clément Lefert (avec qui il a été champion olympique du relais 4X100 à Londres en 2012, ndlr). J’avais déjà appelé Eric Rebourg, mon premier coach, pour lui demander ce qu’il en pensait. L’idée était de plus en plus dans ma tête. A cet enterrement de vie de garçon, Clément avait convié les relayeurs du 4X100m champion olympique. Je ne les avais pas revus depuis 2012, à part Clément. Et en me présentant à ses potes, Clément dit: "Bah lui c’est le mec qui a le plus de talent, s’il se remet à la natation demain il sera largement dans les temps pour être performant". Fabien Gilot l’a confirmé, Yannick Agnel pareil… Et à ce moment-là, ça a fait bing. On a fait quelque chose d’exceptionnel ensemble et leur avis compte pour moi. Merci Clément! (Rires.)
Dans un premier temps, vous aviez annoncé un retour à Los Angeles, puis après on vous a vu à Mulhouse pour finalement vous poser à Dijon…
Je voulais Los Angeles mais le coach là-bas m’a dit que si je venais, c’était une à deux semaines maximum de retour en France tous les trois mois. J’ai un enfant, j’ai fait le calcul et je me suis dit que je n’allais pas le voir des masses pendant seize mois… Seize mois dans une vie, c’est quoi? Mais pour un enfant, tu rates quand même pas mal de choses et je me suis dit que ce n’était pas possible même si c’était le choix optimal sportivement. Du coup, je suis allé à Mulhouse, où ça s’est bien passé avec Lionel (Horter, son entraîneur lors de sa médaille d’argent olympique sur 50m NL en 2008, ndlr). J’ai été bien accueilli mais il y avait un groupe beaucoup trop jeune. On m’a dit que je pouvais être le père de certains. Ça m’a fait un peu bizarre et j’ai senti une cassure avec Mulhouse, un décalage. C’est là que j’ai appelé Eric Rebourg à Dijon.
Pourquoi avez-vous ressenti ce besoin de revenir?
Quand j’ai décidé de revenir, j’ai eu un message de Claude Fauquet (ancien DTN de la natation française, ndlr) qui m’a demandé si c’était pour des raisons "cosmétiques", pour l’argent quoi. Je lui ai répondu que ce n’était pas du tout ça. J’ai senti qu’il y avait une porte ouverte. Je fonctionne un peu comme un ordinateur, c’est ouvert ou fermé, il n’y a jamais d’entre deux. On m’a demandé si je savais qui il y avait en France sur le 50m NL. Je n’ai pas dit qu’il y avait personne, c’est juste que je ne connaissais pas les nageurs et ça a été mal interprété. Mais c’est mon projet. C’est notre projet! (Il parodie Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle.) Je ne me suis pas dit que j’allais le regretter dans dix ans si je ne le faisais pas. J’ai juste eu envie, je sentais que je devais le faire.

Y avait-il un sentiment d’inachevé?
Mon palmarès, Il n’y en a pas cinquante qui en ont un comme ça dans la natation française, et ce n’est pas pour faire le malin que je dis ça. L’inachevé? (Il hausse les épaules.) Que les autres disent que je suis un talent gâché, on s’en branle... Je n’ai pas fini comme j’aurais aimé finir, mais en même temps je n’avais jamais vraiment pensé à ma fin de carrière. En 2013, je sors des championnats du monde de Barcelone, je suis champion du monde avec le relais mais pas vraiment parce que je ne nage que les séries le matin. Je venais de faire une année quasiment sans m’entraîner. Je n’avais plus cette flamme, je trouvais ça bizarre. J’étais en décalage, en dehors du truc. Je suis arrivé aux championnats de France comme si je rentrais dans un bar ou une grande surface. J’étais là mais je ne savais vraiment pas pourquoi. Cette année 2013 a été un déclic. Je me suis dit stop, basta. Je n’ai pas pensé à l’après ou à ce que j’allais faire.
Ce retour, alors, c’est quoi? Un besoin de reconnaissance après six ans d’arrêt?
La reconnaissance, je m’en fiche. Tout le monde pense que je suis en manque de reconnaissance mais non. Quand je vois des jeunes en compétition, on fait des photos, c’est la meilleure récompense que j’ai pu avoir. J’ai vu ce qu’un sportif ne doit pas faire quand il arrête: tu sors, tu bois, tu fumes, tu t’éclates, t’es invité partout, t’es payé et tu trouves ça cool. Mais ce n’est pas ça, la vraie vie. Et je me suis dit ce serait bien de se remettre à la natation, déjà pour moi physiquement… Et puis je sens qu’il y a vraiment un truc à faire.
Faire quoi, alors? Qu’est-ce qui vous motive à vous lever le matin pour partir à la piscine?
Ça parait un peu bête de dire que je veux juste aller aux Jeux. Mon objectif, c’est de gagner les Jeux, je ne le cache pas. Si je rate, c’est mon histoire et mon projet… Les gens vont me dire que je fais ma grande gueule. Mais je sens que c’est faisable et personne n’a à juger ça. En 2008, il y avait un mec dopé en face de moi (le Brésilien Cesar Cielo, champion olympique du 50m devant lui, contrôlé positif en 2011 à un diurétique mais finalement uniquement averti par le TAS, ndlr)... Je sens que j’ai un truc à faire donc j’y vais. Il y a des monstres en face au niveau international, et même français avec Florent Manaudou qui a repris, mais ce n’est pas grave. Personne ne gagne contre des faibles.

Le chemin semble plus compter pour vous que le résultat final...
Caeleb Dressel ou Florent, ils sont dans des usines, des trucs faits pour la performance où tout est bien réglé. Si je devais comparer, tu prends Rocky IV: il y a le Russe et moi je suis Rocky. Mais tu enlèves tous les trucs à peu près bien pour se préparer car on n’a même pas ça ici. On a une salle de musculation complètement nulle. Le haut niveau ici, c’est le néant. On n’a pas de kiné. Une saison pour un nageur à Dijon, c’est 19.000 euros, c’est du low coast pour faire du haut niveau. La ligue de Bourgogne prend en charge 15.000 euros et le club 4000. Eh bien le club ne veut pas prendre 4000 euros en charge! On a une petite de treize ans, j’ai monté une association pour l’aider, dont l’année va lui coûter 2000 euros. Elle a treize ans et elle doit payer le club. Les nageurs l’an dernier ont dû payer les stages, les compétitions, tout ! C’est un club qui n’est pas géré, et la ville et la région ne font rien. On a une piscine olympique, mais le projet de haut niveau n’en a que le nom. Ce n’est pas que c’est dur, il n’y a rien.
Pourquoi vous mettre ce handicap? Pour Eric Rebourg?
Quand je l’ai appelé et qu’il m’a dit qu’il était à Dijon, je me suis dit qu’on n’était pas dans une petite ville. Quand je nageais et que j’entendais parler de ce club, il y avait un truc, une petite renommée. Mais en fait, il n’y a rien du tout. Si Eric avait été à Dunkerque ou n’importe où ailleurs, j’y serais allé. Parce que son discours m’a plu, tout simplement.
Que répondez-vous aux sceptiques au sujet de votre retour?
Déjà, j’ai le temps, même si on a l’impression que ça vient à 2000 à l’heure. Et admettons que je me rate, les sceptiques, ça leur fait quoi ? Ma vie est en place, j’ai un enfant, il est magnifique, pareil pour sa maman. On est ensemble et tout va bien, on a notre vie. Le sceptique, il va dire quoi? Leveaux, il a quatre médailles olympiques, il en voulait une cinquième, c’est quoi le problème? L’histoire est belle. Ils n’acceptent pas que tu aies des objectifs dans la vie. Chacun est libre de faire ce qu’il veut. C’est cette mentalité française qui veut que ce soit toujours bien ailleurs et nul en France. On a Benzema, c’est le meilleur mais il se fait dégager et personne ne l’aime. Que je me rate ou pas, que les gens soient sceptiques ou pas, je m’en tape. Ça ne regarde que moi. Si des gens veulent venir dans l’aventure, venez. Ceux qui sont là pour du négatif, on n’a pas le temps.
Avoir repris vous a-t-il fait du bien sur le plan personnel?
Ça m’a surtout mis un cadre. Pas la natation mais mon objectif. L’après-carrière enlève les objectifs, les challenges au quotidien. Je n’avais pas la meilleure hygiène de vie mais je n’étais pas non plus un dépravé ou un toxico. Je sortais, il m’arrivait de boire, de fumer, j’aimais bien ça. Quand on est dans l’après-carrière, on essaie de continuer de briller, de se faire mousser dans les soirées, les événements… A un moment, j’étais tout le temps dehors et ce n’est pas la vraie vie. Là je rentre, je suis avec mon fils, ma femme, il y a une vie de famille. Je pose mon sac de piscine et l’entraînement est posé avec. Ça m’a remis dans le réel. Avant, je l’étais beaucoup moins. Déjà, la naissance de mon fils m’avait beaucoup changé. Je ne suis pas dans les conditions les plus optimales pour le haut niveau mais j’ai une vie de famille, ma vie a avancé. Et je me sens bien. Je ne suis pas forcément heureux mais je me sens bien.
Comment ça pas forcément heureux?
C’est un tout, ce n’est même pas une question d’argent. Se sentir heureux, ce n’est pas avoir un portefeuille rempli, c’est dans sa globalité. Je ne sais pas comment l’expliquer.
Un titre olympique vous rendrait-il heureux?
J’y ai pensé au mois de septembre quand on a repris. Mais le seul truc que je me dis, c’est que ce ne serait pas un échec si je me rate : mon fils me verra faire ça. Il me verra faire ce pour quoi je suis programmé. Je vais paraître arrogant et le plus grand connard de la terre mais je me sens déjà comme une légende. J’ai fait des records du monde, j’en ai même encore un qui a tenu dix ans (voir encadré, ndlr) Dans mon sport et pour la natation française, j’ai fait quelque chose de grand. Donc que j’y arrive ou pas, ça m’est égal.

C’est donc aussi pour le regard de votre fils que vous faites ça...
Oui. Pour qu’il voit ce que j’ai fait avant qu’il ne soit là. Lui montrer ce que je faisais. Que je monte sur un podium ou pas, que j’aille aux Jeux ou pas, on s’en fout. Vraiment, ce n’est pas ça. Ça peut paraître contradictoire avec ce que j’ai dit à mon retour, que je voulais casser la natation, etc. Je pense que je l’ai dit un peu maladroitement. J’ai dit que je voulais aller aux Jeux et les gagner. C’est toujours mon objectif mais ce n’est pas une fin en soi. Je ne me rends pas malade avec ça, le soir j’arrive à dormir. Quand je vois les performances des autres, je ne me dis pas : « Oh la la, ça va être dur ! »
Dans la chronologie, vous avez annoncé votre retour puis Florent Manaudou a fait de même. Et il semble revenir très, très fort. Comment voyez-vous son retour?
Pour être très franc, je n’observe pas. Je ne le faisais pas avant et je ne vais pas le faire maintenant. Il fait des performances, ça me revient aux oreilles mais je ne vais pas chercher à savoir ce que lui ou les autres font. Il s’est mis un temps au handball mais il n’a jamais arrêté de nager. Moi, quand je dis que j’ai arrêté pendant six ans, j’ai arrêté pendant six ans. Ma vie, c’était un bordel. Ce n’était pas une vie de sportif. Florent, il a du talent, c’est une machine de guerre. Qu’il soit plus médiatisé, c’est très bien. Ce n’est pas grave que je le sois moins. Il a un nom grâce à lui et aussi à sa sœur. Et en plus, il a des résultats.
Vous ne vous êtes pas dit que son retour compliquait les choses pour vous?
Bah non, pourquoi? Je ne sais pas comment l’expliquer...

Qu’attendez-vous de votre première confrontation à Angers?
C’est lui avec lui, ce n’est pas l’un contre l’autre. Avec l’entraînement que j’ai, je sais que je vais me faire démolir, mais je m’en fous. Être prêt au mois de décembre, ça ne sert à rien. Le lièvre et la tortue… Les médias essaient de comparer parce qu’on aime bien faire ça en France. Mais ce sont deux histoires différentes et deux mecs différents. Qui s’entraînent dans deux endroits différents. Il y en a un qui s’entraîne sur la Lune dans un truc high-tech, et l’autre pour qui c’est la Chine… Il n’y a rien de comparable. J’aimerais pouvoir être comparé à lui! Je ne pense pas que la réciproque soit vraie. (Rires.) Mais on s’entend bien et je pense qu’il a de la sympathie pour moi. Mais en fait, ce sont deux mondes. Vous voulez comparer, il n’y a rien qui joue en ma faveur. Mais on verra.
Vous êtes-vous parlé depuis l’annonce de vos retours?
On s’appelle tous les soirs pour se demander ce qu’on a mangé. (Rires.) Non, personne ne m’appelle. Mais ce n’est pas grave.
Comment votre retour a-t-il été pris par le monde de la natation après les remous provoqués par la sortie de votre livre?
Sur les compétitions que j’ai pu disputer, c’est cool. Il n’y a pas de médias donc je suis tranquille. Je ne cherche pas à être reconnu ou le chouchou. Et quand il y a un gamin qui vient et me demande une photo, je n’ai pas besoin de ça pour avancer mais ça fait plaisir. Par rapport à mon livre, peut-être que je peux être détesté mais je ne l’ai pas encore vu. On verra aux "France" si on me siffle ou quelque comme ça. J’ai croisé Fabien Gilot à l’enterrement de vie de garçon de Clément Lefert et il m’a demandé pourquoi j’avais fait ça, si c’était parce que j’étais en galère. On s’est expliqué deux minutes et basta, c’est passé. Il ne m’a pas dit: "T’es un enfoiré, je t’en veux..." J’ai aussi recroisé Francis Luyce, l’ancien président de la Fédération. Lui pourrait m’en vouloir. Mais en fait, pas du tout. On a toujours eu des rapports très cash mais il m’a juste dit: "T’es le nageur que je préférais, mais t’étais chiant!"
Avez-vous des contacts avec la Fédération?
Le DTN est venu me voir l’an dernier parce qu’il avait une réunion avec la ligue alors il est resté. Mais j’ai fait une compétition à Melun et il n’est pas venu. Ma première compétition, il aurait pu venir, c’était à Dijon, je peux même leur prendre leur billet s’il le faut. Ce n’est pas que j’ai besoin d’être suivi. Mais ça fait un an que j’ai repris, j’ai dit ce que je voulais faire et les gens savent où je suis. Ils ont décidé de mettre le paquet avec Florent et c’est normal. La fédé doit prendre de l’argent, ils ne veulent pas de moi, ce n’est pas grave. Mais si j’y arrive, il ne faudra pas attendre quelque chose de moi.
On a l’impression que vous avez besoin d’être "contre" quelque chose pour avancer.
Les gens pensent que je suis contre la fédé, contre les médias etc… Pas du tout. Je suis bien dans mes pompes. Je ne leur demande pas d’être là au quotidien et de m’appeler toutes les cinq minutes pour savoir comment ça va. Julien (Issoulié, le DTN, ndlr) m’a invité à la fédé, on a déjeuné et il m’a demandé de quoi j’avais besoin. J’ai répondu: "De calme". Il sait ma façon de penser. Je n’ai pas besoin de la fédé, je fais mon truc. Je suis chiant mais pour tout le monde.
Faites-vous les choses à fond pour ce retour? On a souvent eu l’image d’un Amaury Leveaux un peu dilettante…
Tout le monde pense que j’ai été dilettante, mais les médailles et le palmarès que j’ai, si vraiment j’avais été comme ça je n’en aurais pas eu la moitié.

Et là ? Peut-on dire que vous êtes sérieux et assidu à l’entraînement?
Avant, je nageais beaucoup et je ne faisais rien à côté. Là, Eric m’a dit qu’on allait moins nager mais faire beaucoup à côté. J’étais prêt une semaine avant ma première compétition, en juin, mais une semaine trop tôt. Je me suis pris une claque, que je me suis donnée tout seul en fait. J’ai digéré pendant deux jours et après je me suis dit: "Tu veux faire un truc impossible, comment réussir ça?" J’ai ouvert mon ordinateur, pris un tableau, j’ai fait une semaine complète et je me suis demandé ce qu’on allait faire et comment on allait le faire à partir de septembre. J’ai envoyé le tableau à Eric. Je lui ai dit: "Ne pas beaucoup nager, c’est cool, mais j’ai toujours eu l’habitude de nager beaucoup donc je pense qu’il faut qu’on se fasse une grosse base de foncier". Lui m’a renvoyé un tableau avec ce qu’il voulait qu’on fasse sur trois mois. On vient de sortir de ce tunnel de trois mois et je suis complètement éclaté. Je vais me faire éclater aux championnats de France, je pense. Mais l’objectif c’est dans quatre ou cinq mois, en 2020. On est encore trop loin pour en parler. Depuis le 1er septembre, je fais vingt-sept séances d’entraînement par semaine. Ça va marcher ou pas mais j’aurais tout fait. J’ai dit à Eric qu’il fallait qu’on travaille très dur. On a fait le foncier, maintenant il y a juste à mettre la vitesse et la tonicité.
Vous reste-il du boulot sur le plan physique?
Je suis arrivé à Dijon à 103 kg et j’ai pris du poids parce que j’ai fait beaucoup de musculation et que j’habitais à l’hôtel. Ça ne m’a pas aidé à devenir svelte de manger à l’hôtel tous les jours pendant quatre mois. J’ai bien perdu depuis septembre mais il me reste encore un peu à perdre, quatre ou cinq kilos en quatre mois. Je suis sprinteur mais je dois prendre le temps. On n’est pas pressé.
N’est-ce pas frustrant de devoir prendre son temps?
J’avoue que j’aimerais bien nager vite. Mais je ne peux pas parce qu’on a fait essentiellement du travail foncier, avec quasiment pas de sprints. J’ai l’impression de m’entraîner pour un 100 ou un 200m. Et ce matin encore, je me disais : « Sur un 100m, tu vas être vraiment pas mal.
Leveaux fête ses onze ans!
Y verra-t-il un signe? Ce vendredi, jour du 50m nl aux championnats de France en petit bassin à Angers, Amaury Leveaux va fêter le onzième anniversaire de son record du monde du 100m nl en petit bassin. Le 13 décembre 2008n à Rijeka en Croatie, il avait survolé les championnats d’Europe en petit bassin en décrochant quatre titres et en battant quatre records du monde. Celui du 50m papillon (22’’18), du 50m nl (20’’48) puis le 100m nl par deux fois : 45’’12 en demi-finales puis 44’’94 en finale pour devenir le premier nageur à passer sous la barrière symbolique des 45’’. Un record qui tient toujours, donc, seul le Russe Vladimir Morozov s’en étant approché à un centième dans sa carrière (novembre 2018). Le Français est même le nageur qui a détenu le plus longtemps le record du monde de la distance reine, devant Alexander Popov qui l’a conservé dix ans entre 1994 et 2004. C’est le troisième plus vieux record du monde sur les tablettes de la natation mondiale masculine derrière Grant Hackett sur le 800m en petit bassin (juillet 2008) et Michel Phelps sur le 400m 4 nages en grand bassin (août 2008). L’année 2008 avait été marquée par l’apparition des combinaisons en polyuréthane qui avaient bouleversé la natation mondiale et provoqué la chute d’une multitude de records du monde. Et c’est à Angers, quelques jours avant Rijeka, que Leveaux avait battu le premier record du monde de sa carrière à l’occasion des championnats de France, sur le 50m papillon (22’’29).