Bernard, la valeur sûre

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En perte de vitesse depuis plusieurs mois, Alain Bernard a remis les pendules à l’heure. Eclipsé cette saison sur 100 m en France par Fabien Gilot, William Meynard et même Yannick Agnel, puis maillon faible du relais 4x100 m, samedi dernier en ouverture des Mondiaux de Shanghaï, l’Antibois a réagi ce samedi sur 50 m. Avec orgueil et panache. « Cette médaille valide cette année qui a été mitigée pour moi, confie le colosse d’1,96 m pour 90 kg. Une médaille qui me paraissait encore inaccessible il y a quelques semaines… »
Qualifié par défaut sur cet aller simple qui n’est pas sa distance de prédilection, « Le Requin blanc » s’en est allé croquer une médaille de bronze méritée derrière le Brésilien Cesar Cielo et l’Italien Luca Dotto (à deux centièmes seulement). Une breloque de plus, serait-on tenté d’ajouter, tant le « pur cent » tricolore brille (individuellement) par sa régularité au plus haut niveau international depuis 2008.
Cette année-là, il décrochait l’or sur 50 m et 100 m aux Championnats d’Europe d’Eindhoven, avant de décrocher sur la distance reine le titre suprême aux Jeux olympiques de Pékin, assorti d’une médaille de bronze sur 50 m. Aux Mondiaux de Rome l’année suivante, il remporte l’argent sur le 100 m. Enfin, l’an passé, il rafle de nouveau l’or aux « Europe » de Budapest. Bref, Alain Bernard reste un redoutable compétiteur doublé d’une régularité métronomique dès qu’un bout de métal est en jeu.
Toujours dans le coup
« C’est toujours agréable de se sentir au contact des autres, même si je reste convaincu qu’il aurait été capable de faire un très beau 100 m cette semaine, estime Denis Auguin, son entraîneur. Cette médaille est la preuve qu’il est toujours dans le coup. Ca valide sa capacité intacte à vouloir être toujours performant en finale. Il est présent, en forme, avec un projet à long terme qui est la qualification pour les Jeux. » Et d’ajouter : « Il n’est pas au crépuscule de sa carrière. On est tout simplement dans une situation extrêmement compliquée en France avec 2 garçons en finale mondiale du 100 m, et 3 ou 4 autres qui auraient pu l’être aussi. Mais c’est comme ça. »
Reboosté par cette médaille qui, quelque part, vaut son pesant d’or vu les mois de doutes traversés par l’Antibois depuis les Championnats de France de Strasbourg disputés en mars dernier, Alain Bernard repartira gonflé à bloc à l’entraînement, lors de la rentrée de septembre. Lui, le cérébral, qui n’a de cesse de s’interroger et qui a besoin d’avoir toutes les clés en main pour avancer. Quitte à se prendre la tête. « Je crois que c’est plus important pour lui que pour moi, glisse Auguin. C’est sympa pour son moral. » Car avec Bernard, les exploits comme les déconvenues se jouent souvent dans la tête.