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Bernard les a décomplexés

Bernard, Leveaux et Balmy ont battu 3 records du monde.

Bernard, Leveaux et Balmy ont battu 3 records du monde. - -

Les championnats de France en petit bassin à Angers auront vu 28 records battus, dont 3 mondiaux. Une moisson qui doit beaucoup au Requin d'Antibes.

La scène est toujours la même, assis sur sa ligne d'eau, Alain Bernard exulte, tous muscles tendus, poings fermés. L'Antibois est devenu un fonctionnaire de l'exploit. Depuis son printemps néerlandais à Eindhoven, l'élève de Denis Auguin empile les records du monde à la vitesse de son battement de jambes même si son entraîneur désacralise complètement la performance : « C'est normal qu'Alain batte ce record du monde car il est plus rapide en grand bassin que celui à qui appartenait ce record. Pourtant, le petit bassin ce n'est pas encore son truc. » Dimanche, dans la piscine Jean-Bouin d'Angers, Bernard a été l'un des principaux acteurs de championnats de France en petit bassin qui resteront dans l'histoire de la natation française.

Contrairement à Eindhoven où il était seul au monde, il a été accompagné par Amaury Leveaux et Coralie Balmy dans une trilogie de records du monde inédits pour la natation tricolore. En plus de ces trois marques planétaires ce sont 25 records de France qui ont été battus dans ce week-end angevin totalement incroyable. Jamais des championnats de France sur la courte distance n'avait connu une telle orgie de records. C'est surtout surprenant de voir cette inflation car les « France » en petit bain n'ont jamais été un rendez-vous incontournable. Comme la salle pour l'athlétisme, il s'agit d'un simple passage obligé avant la saison en grand bassin. Depuis Pékin, il semble que la natation française se soit faite décomplexée par un Alain Bernard qui a rendu tous les rêves possibles à force de travail et de volonté.

Toute la France de la natation lui a emboité le pas pour faire la nique aux Américains et aux Australiens. Derrière le grand blond d'Antibes, Amaury Leveaux, le gentil fou de Mulhouse, Coralie Balmy la belle de Toulouse, Hugues Duboscq et les autres se sont engouffrés dans cette brèche. Pourtant à Angers, il n'y avait presque rien à gagner, pas une sélection aux championnats du monde, seulement un petit billet pour des Europe en Croatie au bord de la Mer Adriatique. « Ce ne sont que les France » ont expliqué plusieurs nageurs. Alors qu'est ce que ça va être quand ce sera le monde ! « Je n'étais pas rasé, pas préparé, avec une combinaison déchirée. C'est pas mal ce que j'ai fait, » rigole Amaury Leveaux après son record du monde du 50 mètres papillon. L'élève de Lionel Horter, pourtant enfant terrible de ce sport, a lui aussi pris le pli de ses petits camarades : « Je ne suis pas sur le toit du monde, je suis à Angers C'est la suite logique du travail fourni à l'entraînement. Je vous prédis que ce n'est pas le dernier record du monde.»

Décomplexé, l'ensemble de la natation française récolte les fruits de la politique menée par le DTN Claude Fauquet qui imposait des minimas élevés lors des rendez-vous nationaux. « Pas de limites » dit Alain Bernard voilà le leitmotiv adopté à l'unanimité. Même avec une Manaudou qui traîne la patte depuis Pékin, la natation féminine s'est trouvé une nouvelle héroïne en la personne de Coralie Balmy. La petite Toulousaine a éclaboussé de son talent Angers avec son record du monde sur 200 mètres nage libre en attendant celui du 400 à Rijeka certainement. Mais ça elle s'en fiche : « La semaine prochaine il y a les Europe. Je vise le titre, le record ca vient en plus. Ca me met seulement en confiance pour la semaine prochaine. » Après un championnat de France exceptionnel on pourrait voir à partir de jeudi un championnat d'Europe tout aussi grand. Parce que la France s'est laissée porter par la vague d'un requin nommé Alain Bernard.

Morgan Maury