"Ça va très vite!": un an après les JO, la natation en eau libre retrouve les eaux parisiennes

Les athlètes participant à la manche de Coupe d'Europe de natation en eau libre à Paris - RMC Sport
Un an après les Jeux olympiques de Paris 2024, la baignade fait son grand retour à Paris. Alors que trois sites ont été identifiés pour que les Parisiens et Parisiennes fassent trempette dans la Seine (Bras Marie, Grenelle et Bercy), une compétition de haut niveau s'est tenue ce vendredi 25 juillet.
Les meilleurs nageurs européens se sont retrouvés pour disputer la troisième étape de Coupe d'Europe d'eau libre. Initialement prévue au Bras de Grenelle, elle a été délocalisée en dernière minute au bassin de la Villette, en raison des fortes pluies des derniers jours. Les critères de qualité d'eau requis par la réglementation n'étant pas respectés, il n'était donc pas possible de prendre le départ dans la Seine.
Eau à 21°C, épuisettes et ravitaillements en pagaille
Plan B activé. Le spot a de quoi replonger participants et spectateurs dans l'ambiance des JO. A la Villette, lieu et place du Club France il y a un an, les athlètes masculins se sont jetés à l'eau, dès 8h30, suivi des femmes à 8h35. Au thermomètre, l'eau affiche 21,5°C. "C'est idéal. Il faut que l'eau soit entre 16°C et 31°C maximum", précise Frédéric Hesnault, officiel de course. Dans le plan d'eau artificiel du 19e arrondissement, les 55 nageurs engagés doivent effectuer un parcours de 10km, soit 8 boucles au total, avec une règle incontournable: toujours passer à droite des bouées jaunes ainsi que des rouges, lors des demi-tours.
Sur chaque ligne droite, les athlètes longent une plateforme. Installés en rang d'oignon sur le ponton, les entraîneurs, reconnaissables au drapeau floqué dans leur dos, se tiennent prêts pour les ravitaillements. Germany, Italia, Monaco, France... leur rôle est incontournable. "C'est un moment très stratégique. En eau libre, sans ravito, on peut flancher !", alerte Prisca Falla, spécialiste du demi-fond, venue encourager des copains.
Au bout d'une perche tenue à bout de bras par leurs entraîneurs, les nageurs récupèrent leur ration alimentaire, tout en continuant à nager. "Le nageur n'a pas le droit de prendre appui sur la perche ou la plateforme de ravitaillement, sous peine de disqualification", rétorque Frédéric Hesnault, veillant à ce que le règlement soit appliqué à la lettre. L'aisance avec laquelle le Français Sacha Velly s'alimente est remarquable. Impressionnante même. En un demi-tour, il se met sur le dos, façon sauvetage en mer, pour s'hydrater, puis repart à toute vitesse dans son crawl bien huilé.
"On voit que c'est dur"
Léo Fauconnier, 15 ans, est, lui aussi, spécialiste des longues distances. Mais aujourd'hui, il est venu donner un coup de main à l'organisation, épuisette à la main. "Mon rôle est de ramasser les bouteilles des ravitaillements pour les mettre à la poubelle. On se dépèche dès que les nageurs sont passés pour éviter de les gêner dans leur course et de polluer le bassin", explique le jeune homme, proche de piquer une tête.
Pendant que certains nagent à vive allure, d'autres s'adonnent à leur footing le long du quai de la Loire. Des badauds croisés au bord de l'eau, curieux, profitent du spectacle. "Ca va très vite! On voit que c'est dur, certains creusent l'écart et d'autres abandonnent!" s'exclame Ava. Odile Hanse, est venue spécialement de Dunkerque pour encourager son neveu, Émile Mesmacque, arrivé 7e. "Ca vaut le coup, c'était une belle course. Émile nous a vendu la Coupe d'Europe au pied de la tour Eiffel pour nous faire venir, et finalement, on a failli rater le départ ici. Mais c'était chouette quand même. On est content pour lui", dit-elle, entourée du reste de la famille. Si les athlètes n'ont pas eu le droit à la vue sur la tour Eiffel, délocalisation oblige, le décor semblait plutôt sympa.
"C'était super agréable. Des gens sur le pont nous ont regardé et encouragé pendant deux heures. Je suis content d'avoir nagé ici", savoure Sacha Velly.
Le Français Sacha Velly confirme et décroche l'or
L'athlète français, champion du monde et d'Europe junior en 2024, a décroché la médaille d'or (1h46min58), trois jours après avoir déjà glané l'or sur la deuxième manche à Setubal, au Portugal. "C'était très dur. J'ai dû m'employer du début à la fin. Je suis très content du résultat", apprécie le nageur de 20 ans qui vise Los Angeles 2028. Le podium masculin est complété par les Italiens Dario Verani et Andrea Filadelli.
Chez les dames, la nageuse monégasque Lisa Pou s'est montrée la plus rapide (1h54min49) devant l'Italienne Linda Caponi et l'Espagnole Candela Sanchez Lora. La première tricolore au classement, Manoli Cassar, a pris la 11e place (2h00min45). A seulement 17 ans, l'athlète pensionnaire du CN d'Antibes, s'alignait pour la première fois sur 10km. "Je ne m'attendais pas du tout à cette performance. Je visais 2h15, je suis super heureuse, apprécie-t-elle. Cela me conforte dans l'idée que j'ai ma place et que j'ai quelque chose à jouer sur cette distance". On peut le dire.
Paris a plutôt porté bonheur aux Français. La prochaine manche de Coupe d'Europe est prévue le 20 septembre en Espagne, à Barcelone. La dernière étape est programmée à Razanac en Croatie le 27 septembre.