Castel, toute en décompression

Alexianne Castel - -
Toutes dents dehors. Le sourire aux lèvres. Les mains devant la bouche, la mine écarquillée, Alexianne Castel a un peu de mal à réaliser ce qui vient de lui arriver. La Française vient de remporter la finale du 200 m dos des championnats du monde en petit bassin, à Dubaï (2’01’’67). Devant le jeune prodige américain Mélissa Franklin, 15 ans et meilleur temps des séries. « Je suis super contente, confie, émue, la Bordelaise à sa sortie de l’eau. Championne du monde, ce n’est pas donné à tout le monde. Je ne m’attendais pas à gagner en venant ici. Je voulais faire du mieux que je pouvais. Si j’avais fini 4e, 6e ou 8e, j’aurais quand même été satisfaite. »
Le discours est humble. D’ailleurs, c’est derrière lui que se cache la genèse du triomphe d’Alexianne Castel. Si la pensionnaire de Font Romeu a décroché son titre mondial ce vendredi, c’est l’été dernier que la jeune nageuse de 20 ans a construit son exploit.
Un break de deux mois et demi
« Médaillable » des championnats d’Europe de Budapest, Alexianne Castel décide pourtant de faire l’impasse sur la compétition. Et de soutenir ses camarades de l’équipe de France à la télévision. C’est que la championne d’Europe du 200 m dos (2009), 13e de sa spécialité à Pékin et 7e lors des mondiaux de Rome, sature. Le break est nécessaire, décidé, acté. Il durera deux mois et demi.
Au programme : des vacances sur la Côte d’Azur, en Espagne puis en Floride avec son amie et nageuse Ophélie-Cyrielle Etienne. Quelques baignades. Beaucoup de douches. Mais pas d’entraînement. « Je n'ai absolument rien fait pendant deux mois et demi, même pas couru, confie l’intéressée. Le contact avec l’eau m’a manqué, oui. Faire des kilomètres à l’entraînement, non. J'ai eu le temps de me remettre en question. Aujourd’hui, j'aborde les choses différemment. Avant, je me mettais beaucoup de pression. Maintenant, je vais à l’eau beaucoup plus sereine. Je nage et je verrais bien ensuite. » La recette du succès ? « Ce n’était pas gagné… Revenir au plus haut niveau après mon arrêt prolongé, ce n’est que du bonheur. J’en ai vraiment bavé. Mon entraîneur (Richard Martinez) s’est souvent arraché la tête avec moi. J’ai vraiment pris du plaisir à nager. Ce break m’a fait du bien. » A la tête donc. Au palmarès aussi. Vendredi, il lui a déjà offert un titre de championne du monde.