Championnats d'Europe de natation: Manaudou défend son record face à l'ambitieux Morozov

Il veut refaire du 50 mètres nage libre son royaume. Florent Manaudou (29 ans) dispute cette épreuve ce vendredi aux championnats d’Europe de natation en petit bassin. Champion olympique à Londres en 2012, vice-champion olympique en 2016, il a choisi de sortir de sa retraite de plus de trois ans pour tenter de redevenir champion de cette distance aux JO de Tokyo à l'été 2020.
Pour son premier championnat international depuis son retour, afin de poser une première pierre sur sa reconquête, il aura face à lui Vladimir Morozov. Le Russe n’a pas caché son envie de battre, à Glasgow, le record du monde de la distance en petit bassin détenu par… Florent Manaudou. Cette performance, 20.26 secondes, date des Mondiaux de Doha en 2014.
Florent Manaudou le sait, il l'a lu avant de venir en Écosse: "Il est rapide, il va essayer de me battre. Moi, je vais essayer de le battre aussi, donc on verra. Si ça se trouve, il sera plus rapide que moi. C’est la compétition. Celui qui touche devant a gagné".
Morozov court après le record depuis dix ans
Vladimir Morozov (27 ans) a démarré en trombe ces championnats, avec deux titres sur le relais 4x50m nage libre russe et sur le 50m brasse avec un record d’Europe à la clef. Interrogé par RMC Sport, il ne se cache pas. Il veut accrocher à son tableau de chasse la meilleure marque mondiale: "Oui, lance-t-il naturellement. Cela fait dix ans pratiquement que je cours après ce record. Tous les ans depuis dix ans, j’essaye de le battre. Mais cette fois, c’est une bonne occasion. Parce qu'avant, j’avais le 100m nage libre dans les jambes, pas mal de relais et le dernier jour il y avait le 50m nage libre".
Les deux hommes se sont croisés le 23 novembre dernier à l’occasion du match ISL de Londres. Florent Manaudou avait frappé très fort en s’imposant devant Vladimir Morozov, avec la meilleure performance mondiale de l’année (20''57), dans la même ligne d’eau de la piscine olympique des Jeux de 2012 au cours desquels il avait décroché le titre. Le lendemain, le Russe avait pris sa revanche en dominant Manaudou sur l’épreuve des "skins", une course à élimination où il faut enchaîner trois 50 mètres en neuf minutes. Les deux hommes s’étaient alors chaleureusement félicités.
Manaudou a "déjà retrouvé" son niveau
"Je suis content que Morozov soit là, avoue le Marseillais. En plus, il veut battre le record du monde donc ça me donne un truc en plus. Ça veut dire qu’il est en forme. J’aime beaucoup Morozov, il ne parle pas beaucoup en compétition. En chambre d’appel, il est plutôt discret. Mais j’ai envie de gagner. Si il veut battre le record du monde, qu’il le batte… Mais je toucherai devant et je le battrai aussi. Je vais essayer. Peut être que je finirai deuxième. En tout cas, ça sera une belle bataille".
Après huit mois seulement d’entraînement, parler de record du monde n’est donc pas tabou pour Florent Manaudou. "J'y pense, bien sûr, parce que je crois que j’ai déjà retrouvé mon niveau en 50m nage libre. Même si ma course est totalement différente d’avant, au niveau chronométrique c’est pareil. J’ai fait le troisième meilleur temps (20''57) de ma carrière et il y a des hivers où je n’ai pas nagé 20''50. J’ai retrouvé un bon niveau. Si on enlève cette compétition à Doha qui avait été extraordinaire niveau chrono (il avait battu les records du monde du 50m nage libre et 50m dos, ndlr), je fais mon meilleur temps. Je vais essayer d’aller un peu plus vite et un peu plus vite aux France (la semaine prochaine) et encore plus vite à Vegas (lors de la finale ISL dans deux semaines). Si jamais je bats le record du monde, tant mieux".
Morozov admiratif
Champion du monde 2012 sur le 50m en petit bassin, mais souvent passé à côté de son sujet lors des grands événements, Vladimir Morozov observe le retour du Français "sans être plus surpris que ça". "Vous pouvez dire que c’est une surprise, mais un athlète de ce calibre, un champion olympique... Il est resté dans le sport, il a arrêté de nager, mais il a continué le sport. C’est vrai qu’il est revenu très vite en forme. Six ou sept mois seulement, c’est quelque chose de fantastique. Mais c’est ce que sont les champions olympiques".
Les ambitions affichées clairement par le Russe n’attaquent pas la sérénité du Français. "Ça me motive, assure Manaudou. On est aux championnats d’Europe mais je n’ai pas une motivation comme si j’étais aux championnats du monde en grand bassin ou aux Jeux Olympiques. C’est bien, ça me force à être un peu plus dedans. J’ai un peu de mal parce que j’ai enchaîné déjà pas mal de compétitions. Mais c’est bien d’avoir un mec qui nage vite comme ça, plutôt que de savoir que je peux gagner facilement. Ce n’est pas mon objectif. J’ai envie de battre les meilleurs et je pense que «Vlad» est le meilleur en ce moment sur le 50m nage libre". Et de conclure avec le sourire, toujours: "Il y a de grandes chances que le record du monde tombe si on est tous les deux en forme".