DOC RMC Sport - Muffat : « Ça aurait été plus simple de continuer »

Camille Muffat - -
Camille, votre décision de prendre votre retraite sportive est-elle mûrement réfléchie ?
Ça me paraît mûrement réfléchi oui, même si cela s’est fait en quelques heures et quelques jours. Ça ne fait pas des mois que j’y réfléchissais non plus. Pas du tout. Pour moi, je me préparais bien, je m’entraînais bien. Après, le choix s’est un peu imposé à moi, suite à un différend que j’ai eu avec celui qui est mon entraîneur (Fabrice Pellerin, ndlr) depuis 12 ans. J’ai commencé ma carrière à Nice avec lui et je savais que le jour où je sentirais que ça ne pouvait pas aller plus loin, j’arrêterais. Je pense que c’est plus facile de m’arrêter en étant championne olympique plutôt que si c’était encore un Graal à atteindre. Ça s’est fait simplement et naturellement dans ma tête.
N'est-ce pas un coup de tête de partir après un aléa avec votre coach ?
Oui mais je l’assume aussi. Dans plein de sports comme dans la natation, ce n’est pas parfait tous les jours et on ne peut pas toujours être d’accord. Depuis 12 ans, on n’a pas toujours été d’accord mais c’était pour construite, évoluer. Là, j’ai considéré que je préférais écouter ce que je ressentais. OK, je suis peut-être à un très bon niveau aujourd’hui et j’aurais pu continuer plus longtemps. Cela aurait d’ailleurs été plus facile parce que je ne connais pas d’autre vie que la natation pour l’instant.
Quelle ligne a été franchie par Fabrice Pellerin pour provoquer cette décision ?
Je pense que ça ne concerne que tous les deux. Les gens imagineront ce qu’ils veulent. Nous, on s’est revus il y a quelques jours pour en discuter. Ce n’est vraiment pas ce qui reste entre nous. Moi, ça m’a permis de réfléchir à tout ce que je veux pour moi-même et Fabrice l’a très bien compris. Je ne me dis pas que c’est à cause de mon entraîneur que j’arrête mais que c’est grâce à lui et à mes efforts que j’en suis arrivée là dans ma carrière. Il y a de belles choses et ça s’arrête, c’est comme ça.
« Je n'arrête pas parce que je n'aime plus la natation »
Avez-vous été tentée d'aller voir un autre entraîneur pour essayer une nouvelle voie ?
Oui, bien sûr, cela aurait pu être une possibilité. Je n’arrête pas parce que je n’aime plus la natation ou parce que je ne veux plus m’entraîner. Ce n’est pas ça. J’aurais pu faire comme Yannick (Agnel, qui s’entraîne désormais à Baltimore) l’a fait l’année dernière. Après, de ce que j’ai vu et échangé avec les autres nageurs depuis de nombreuses années, j’ai l’intime conviction que Nice est le meilleur endroit pour moi. Je n’ai pas envie de faire l’erreur de me disperser en partant ailleurs et en gâchant tout ce qu’il y a pu avoir ici. Nice, c’est mon club, ma ville et ce serait gâcher d’essayer quelque chose d’autre ailleurs.
Vous ne semblez pas prendre votre retraite par lassitude. Un retour est-il donc envisageable ?
Mon discours est plutôt clair là-dessus, c’est un arrêt. Après, je ne vais pas mentir en disant que je n’aime plus nager. Mais je me connais assez pour savoir que quand je m’implique dans quelque chose, je le fais à fond. C’était comme ça dans la natation. Quand je dis que quelque chose est fini, c’est fini. Il y a plein d’autres choses à faire et je ne veux pas m’en priver pour la natation parce que c’est tout ce que je connais. J’ai pu en parler avec le président (Francis Luyce) et le DTN (Lionel Horter) et ils n’ont peut-être pas envie de l’entendre comme ça. J’ai tout à fait conscience que c’est une perte pour l’équipe de France et notamment pour cet été (championnats d’Europe à Berlin, ndlr), où j’étais sur tous les relais. Ça va être un manque et je le sais mais je ne peux pas continuer seulement pour les autres. Une telle décision se prend soi-même, quitte à décevoir. Après, on ne peut jamais dire jamais. Peut-être qu’un jour je regretterai et j’aurai envie de replonger. Mais je pense que c’est définitif.
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