Florent Manaudou : « Sans Laure, je n’en serais pas là »

Florent Manaudou - AFP
Florent, vous êtes devenu cet été le troisième nageur de l’histoire à réaliser le triplé 50-100-4x100m nage libre aux championnats d’Europe, après les références que sont Alexander Popov et Pieter van den Hoogenband. Cela vous fait-il tourner la tête ?
Ça me fait plaisir mais je sais que ma carrière n’est pas finie. J’ai encore de belles années devant moi, en tout cas je l’espère. On verra à la fin si j’ai réussi à être aussi bon que ces deux-là.
Qu’est-ce qui vous fait rêver maintenant ?
Mon rêve absolu, c’est de faire le triplé l’année prochaine (aux Mondiaux de Kazan, ndlr) et dans deux ans (aux JO de Rio), même si ce sera compliqué. Déjà parce que le relais se passe en équipe et qu’on ne peut pas tout gérer. Et cette année, il n’y avait pas les Australiens, ni les Américains, donc ce n’était pas pareil.
Vous avez été l’arbre qui cachait la forêt français aux championnats d’Europe. Est-ce une pression supplémentaire ?
Non, je ne pense pas. On me regarde beaucoup cette année parce que j’ai gagné quatre titres européens (50m et 100m libre, 50m papillon et 4x100m libre). L’année dernière, Yannick (Agnel) a gagné les championnats du monde (200m libre et 4x100m libre) et j’ai fini cinquième (du 50m nage libre). On arrive à se donner un petit le relais. Malheureusement, on n’est pas tous performants la même saison. J’espère que ça ira un petit peu mieux dans les années à venir.
« Je suis bien en France »
Avez-vous envie de découvrir de nouvelles distances, comme le 200m nage libre ?
Je ne pense pas. Bosser sur un 100m, c’est déjà très dur au quotidien. Faire un triplé 50-100-200, ce sera difficile. Travailler le 200m avec ce que je fais actuellement, ce n’est pas antagoniste mais presque. C’est le quadruple de ma distance de prédilection et je perdrais sans doute un peu de naturel sur le 50.
Alors que pas mal de nageurs changent d’entraîneur et se cherchent, vous formez un vrai binôme avec Romain Barnier. Quel est le secret de votre relation ?
J’ai eu deux coaches dans ma vie : mon frère (Nicolas), qui m’a pris du bon niveau français jusqu’à une qualification aux championnats du monde, puis Romain, qui m’a amené de la qualification aux championnats du monde jusqu’au palmarès que j’ai maintenant. Je ne vois pas pourquoi je changerais. Je suis bien en France. Je m’entends super bien avec mon coach et tout le staff. Je suis aussi bien entouré au niveau familial, donc je ne vois pas pourquoi j’irais trouver du bonheur ailleurs alors que j’en ai déjà beaucoup ici.
Vous menez votre carrière de votre côté mais le fait de vous appeler Manaudou a-t-il été parfois perturbant ?
Non. J’ai été bon très tôt. J’ai été champion olympique avant d’être champion de France. Ce n’est pas commun. Moi, ça me plait d’être le frère de Laure, dans le sens où je n’aurais sûrement pas été à ce niveau-là sans elle. Je l’en remercie Ça motive un petit peu. J’ai ma carrière, elle a la sienne mais je pense que sans elle je ne serais pas arrivé à ce niveau. Comme tout nageur qui a vu les succès de ma sœur, ça m’a donné envie d’aller vite. Je ne suis pas le seul à lui devoir beaucoup.