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Le grand intérêt économique de l’ISL, la nouvelle compétition avec Manaudou

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A Indianapolis (Etats-Unis) ce samedi, débute la première édition de l’International Swimming League, compétition fermée et intégralement privée de natation qui a pour but de révolutionner la discipline. Mais quel est son intérêt et surtout quelles sont ses forces économiques ?

En mars dernier, le champion français Florent Manaudou, médaillé d’or aux Jeux olympiques de Londres en 2012, annonçait son grand retour dans les bassins, après quelques mois d’une retraite sportive bien méritée. Le natif de Villeurbanne allait intégrer une nouvelle compétition de natation, la mystérieuse International Swimming League (ISL).

Cette dernière, construite et développée par le milliardaire ukrainien d’origine russe Konstantin Grigorishin, avait comme volonté de "révolutionner" la natation. Elle commence dès ce samedi soir à Indianapolis (Etats-Unis) et s’étalera sur toute la saison, à travers sept meetings, trois en Europe et trois aux Etats-Unis puis une grande finale à Las Vegas.

Le modèle du football

Exactement comme une compétition de football à l’européenne, comme la Ligue des champions, l’ISL regroupe huit équipes et en vise douze dans trois ans, "le temps que la compétition s’installe". Celles-ci sont parfaitement paritaires, avec 24 athlètes au maximum, un salary-cap et une égalité de revenus entre les nageurs et les nageuses.

C’est à travers un système de points que les différentes équipes seront départagées, sur 38 courses par meeting, soit 38 finales. Ce qui compte, et ce qui va compter, c’est l’action et le spectacle, l’exploit individuel et le travail collectif. C’était le but avoué dès le début par Konstantin Grigorishin, "qu’on arrête de s’ennuyer autour des bassins".

Le milliardaire, 1.638e personnalité la plus riche du monde, avec une fortune estimée à 1,1 milliard de dollars, a toujours suivi avec intérêt la natation. Son fils, Ivan Grigorishin, est un nageur professionnel et il l’a toujours accompagné à chaque meeting, à chaque tournoi. Et qu’a-t-il gardé de cette expérience ? Que le public s’ennuie beaucoup trop en natation.

"Il y a des séries, de nombreuses courses, pas d’engagement collectif, pas d’esprit d’équipe. Une fois que son poulain est éliminé, on arrête de s’intéresser à la compétition. Et quand il ne nage pas, on ne sait pas qui supporter."

De l'individualisme au collectif 

Konstantin Grigorishin veut dépoussiérer tout cela. Insuffler de l’intérêt, de l’attractivité pour les spectateurs, c’est attirer de l’argent. Le milliardaire ukrainien a déjà injecté 25 millions de dollars de sa poche pour l’ISL. Grace à ces premiers investissements, les nageurs participants toucheront 300 dollars par point marqué et jusqu'à 10.000 dollars pour une victoire dans une épreuve de la grande finale.

Le salary-cap est compris, pour l’instant, entre 3 et 5 millions d’euros par équipe, soit 175.000€ par an maximum par athlète. C’est énorme, lorsqu’on connait, par exemple, le salaire moyen des membres du Cercle des Nageurs de Marseille, hors prime et revenus publicitaires, situé autour des 24.000€ par an.

Jusqu’à 200 millions de dollars dans les années à venir

Au-delà de l’intérêt collectif et de l’enjeu sportif, c’est ce qui a attiré les champions des bassins et ce qui a fait sortir de sa retraite Florent Manaudou. D’autant plus que ces fonds pourraient encore croître. Aujourd’hui dotée à 25 millions de dollars, l’ISL devrait attirer un public plus large, de meilleures audiences télévisuelles, d’autres investisseurs et donc plus d’argent.

Konstantin Grigorishin a en effet annoncé espérer jusqu’à 200 millions de dollars de dotation financière d’ici quelques années, le temps que sa compétition s’installe et se fasse un véritable nom au sein de la natation.

Pierre Rondeau