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Mondiaux de natation (petit bassin): "C'est Béryl la guerrière", la joie de Gastaldello après sa nouvelle médaille

Béryl Gastaldello aux Mondiaux de natation (petit bassin) de Budapest - le 12/12/2024

Béryl Gastaldello aux Mondiaux de natation (petit bassin) de Budapest - le 12/12/2024 - Aleksandar Djorovic / Icon

Béryl Gastaldello a décroché la médaille d'argent du 100m nl derrière l'intouchable américaine Gretchen Walsh. La néo-Montpelliéraine, championne d'Europe de la distance en petit bassin, a amélioré son record de France de 47 centièmes. Elle devient au passage la cinquième performeuse de l'histoire sur la distance (sixième performance). C'est la deuxième médaille d'argent décrochée par la Française dans ces Mondiaux après l'argent sur le 50m papillon mercredi, et la deuxième de l'équipe de France.

Béryl Gastaldello, la finaliste sur 100m dos aux JO 2024 de Paris cet été, s'est qualifiée quelques minutes plus tard pour la finale du 100m 4n qui aura lieu vendredi soir. Une épreuve sur laquelle elle a décroché la médaille d'argent lors des deux dernières éditions des Mondiaux en petit bassin. "Waouh la soirée de fou!", balançait en arrivant devant les micros une Béryl Gastaldello volubile comme à son habitude et avec un large sourire. Je m'en remets pas!" 

Béryl, quel sentiment domine après cette deuxième médaille d'argent et ce record de France explosé?

C'est incroyable! Je suis vraiment, vraiment très contente. Forcément il y a une toute petite... (elle coupe). Je me dis waouh, elle (Gretchen Walsh l'américaine vainqueur en 50"31) était prenable quoi! Donc ça veut dire que je suis à ce niveau-là, c'est plus ça qui m'impressionne. Il va falloir que je me donne du crédit, que je me rende compte que je fais partie des meilleures mondiales et que je suis en train de confirmer ça. J'ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner en grand bassin parce que ça me donne vraiment confiance dans ce que je suis en train de changer. Je vois que ça marche déjà alors que ça fait à peine deux mois. Je viens de faire mon meilleur chrono de cinq dixièmes ce qui n'est pas rien.

Vous êtes ce soir la cinquième performeuse de l'histoire sur 100m...

C'est tout? (elle rigole) Oui c'est top, et je le mérite. Franchement, c'est le seul truc que je peux dire. Je travaille pour, et je le mérite amplement. Ca nourrit ma motivation qui est déjà bien là.

Mais franchement, c'est un énorme clin d'œil aussi aux gens qui ont voulu me mettre à terre, c'est magnifique (elle fait référence à son exclusion de son ancien club avant les championnats de France au mois d'octobre). En fait, ce n'est pas Xena la guerrière, c'est Béryl la guerrière (elle éclate de rire). Donc c'est vraiment cool. Ce n'est pas un sentiment de revanche car ce n'est pas du tout une bonne énergie. Je suis plutôt dans l'acceptation et l'amour. Vraiment, parce que ces gens-là, j'ai de la peine pour eux.

On a le sentiment que vous priorisez le 100m nl maintenant, avec l'envie de le convertir en grand bassin. Est-ce que ça vous obsède un peu? 

Non, ça c'était avant. Pour moi, c'est une étape de plus. La suite logique quand tu fais 50"63 en petit bassin, même si t'as des bonnes coulées c'est de passer sous les 53" en grand bassin. 

On verra et si ça ne se fait pas tout de suite, je l'accepterai. Mais ça me donne vraiment confiance dans le travail que je suis en train de faire. Ce sont quand même des journées qui ne sont pas simples avec les allers-retours de transport (une heure entre son domicile et l'INSEP). Ça montre que c'est le bon choix et je ne compte pas changer. Je pense que ça va me permettre de trouver une motivation supplémentaire parce que le but, c'est d'aller chercher des podiums internationaux aussi en grand bassin. Maintenant, j'ai validé le petit bassin et chaque chose en son temps. Faire face à une Gretchen Walsh (championne du monde ce jeudi), ce n'est pas n'importe qui. Battre Kate Douglas (l'Américaine, 3e de la course et championne olympique du 200m brasse), ce n'est pas n'importe qui non plus. Battre Siobhan Haughey (4e du 100m nl et double médaillée olympique sur 100m nl) ce n'est encore pas n'importe qui. Ce sont des médaillées olympiques et c'est fantastique d'être à ce niveau-là.

On vous a souvent réduit à une nageuse de petit bassin, vous avez envie de montrer aussi qu'il n'y a pas que le petit bain?

Les résultats parleront d'eux-mêmes et je n'ai rien à prouver à personne. Je me fais confiance mais quand on s'entraîne huit ans dans un bassin de 25 yards (soit 22m86, elle s'est entraîné aux Etats Unis) forcément c'est un peu compliqué. Là, je suis en train de prendre de la force sur le haut du corps et en grand bassin on nage beaucoup plus sur le haut du corps que sur les jambes. Je suis en train de trouver cette balance sans perdre mes jambes. Mon poids est le même, je prends du muscle donc le rapport poids-puissance, c'est costaud. Je suis plus 'mince' avec plus de force.

Vous avez enchainé derrière avec une qualification pour la finale du 100m 4n et on vous a vu tourner la tête en sortant de la coulée de brasse. Qu'est-ce qu'il s'est passé? 

Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça! J'ai voulu voir où ça en était, c'était un peu drôle. J'ai le droit de faire ce que je veux (rires), si j'ai envie de regarder à droite, je regarde à droite.

Il y a encore une ambition de podium demain sur ce 100m 4n? 

Oui le podium. Je vais tout donner demain parce que je sais que je peux viser une troisième ou une quatrième place, à moins que je fasse la course de ma vie. Je vais faire mon truc à fond et si ça donne podium, ce serait top ça ferait du trois sur trois. Sinon franchement je ne vais pas pleurer. J'avoue que j'ai un peu fait ma compète dans ma tête là avec ce 100m nl. C'est la course de ma vie aujourd'hui, pour l'instant. Le chrono est incroyable.

On l'a vu à votre réaction aussi à l'arrivée...

En fait, je touche, je vois la lumière sur mon plot je regarde à droite et je vois que je suis deuxième. Je fais "yes!". Là, je me dis que ça veut dire que j'ai battu Kate (Douglas) et en même temps j'enlève mon bonnet tranquille, je me dis que je vais faire un petit suspense. Kate, je sais qu'elle nage moins de 51s. Je me retourne, mais j'étais quand même choquée. Je ne m'attendais pas à 50.6. Et quand je vois que je ne suis qu'à trois dixièmes de Gretchen aussi... Dans la course à un moment donné, sous l'eau, j'ai clairement vu ses chevilles. C'est l'impression que j'ai eue j'ai vu ses chevilles. J'ai dit "Coucou les chevilles de Gretchen"!

Il ne manquait pas grand-chose pour aller la chercher...

Michel (Chrétien son entraîneur à l'INSEP) m'a dit d'être un pitbull donc voilà.

Michel Chrétien nous disait que vous êtes très professionnelle, travailleuse, méticuleuse, etc...

(elle coupe) Je l'ai payé cher pour ça...

Mais il disait aussi que parfois vous avez du mal à voir quand c'est bien...

Oui, c'est vrai. Mais je n'aime pas trop le terme "éternelle" insatisfaite. Parce qu'éternelle ça veut dire que tu n'es jamais satisfait et ça ne va pas, ce n'est pas vrai. Oui, il y a toujours mieux, mais je suis quand même très satisfaite de cette journée.

Les autres résultats

Grosse déception pour Maxime Grousset seulement 6e de la finale du 100m nl (45"78). "Je suis déçu forcément, lâchait brièvement le champion d'Europe de la distance en petit bassin. Surtout quand je vois le chrono c'était vraiment atteignable. J'ai juste été moins bon qu'en demi-finale et je ne l'explique pas j'ai juste été moins bon. C'est du sprint, quand on voit (Jordan) Crooks qui nage quatre ou cinq dixièmes de plus qu'en séries, ce n'est pas forcément explicable..."

L'explication se trouve certainement dans le départ qui a été long à être donné. "Un 100m il faut que tout soit parfait des le départ, analyse Michel Chrétien son entraîneur. Malheureusement il a un peu bougé sur le plot et le starter a attendu qu'il revienne en position. Et comme ce n'était pas le seul ça a pris beaucoup de temps, trois ou quatre secondes. Et là il est sorti de son truc, il s'est dit "pourvu que je ne tombe pas". Les deux dixièmes qu'il perd sur le premier 25m ils sont là à l'arrivée et il ne peut pas jouer." C'est l'américain Jack Alexy qui remporte le titre en 45"38. Le médaillé de bronze aux Jeux de Paris sur le relais 4x100m 4n doit encore disputer le 100m papillon (séries vendredi matin) et le 50m nl dans ces mondiaux en petit bassin.  


Pour sa première finale internationale, Roman Fuchs a pris la cinquième place du 400m nl. Comme en séries le matin où il avait battu son record personnel (3'38"51), l'Amiénois est encore allé un peu plus vite en finale (3'38é31). "J'ai mal compté et j'ai failli m'arrêter à 350m", souriait l'Amiénois. "Si on m'avait dit que j'allais terminer cinquième mondial du 400m avant ces championnats j'aurais d'abord rigolé je pense, et ensuite j'aurais signé! Je suis très content du résultat, en plus j'ai mal compté donc ma course est moins bien gérée. C'est de très bon augure pour le 200m nl". C'est l'Australien Elijah Winnington qui s'impose en 3'35"89. 


Analia Pigrée disputera la finale du 50m dos vendredi. La nageuse de Canet en Roussillon a pris la 7e place à l'issue des demi-finales en 25s22c. "J'ai bu la tasse sur le deuxième 25m", soufflait la médaillée de bronze mondiale en 2022 en grand bassin à Budapest soulagée après avoir scruté avec inquiétude l'écran de résultats. "J'étais sous l'eau, j'ai loupé complètement le mur au virage et j'ai du pousser avec le petit orteil je pense. Du coup il y a beaucoup de marge d'amélioration donc c'est bien, mais j'aurais préféré me qualifier avec un meilleur temps et avoir un meilleur couloir que la ligne d'eau numéro 1 en finale." Mewen Tomac lui a été sorti en demi-finales du 50m dos avec le 10e chrono en 23"06. 

Julien Richard, à Budapest (Hongrie)