Mondiaux : Muffat, la médaille ou le malaise ?

Camille Muffat - -
Il y a des signes qui ne trompent pas. Des attitudes qui en disent beaucoup. Prenez Camille Muffat. Septième de la finale du 400 mètres NL, dont elle détient le titre olympique, la protégée de Fabrice Pellerin n’y avait pas affiché sa sérénité de reine des nageuses françaises. Et ce mercredi, à l’issue des demi-finales (séries le matin) du 200 m NL, où elle s’est qualifiée avec la troisième place de sa course et le quatrième temps global (1’56’’28), la Niçoise a affiché les stigmates d’un agacement bien réel. Au point de refuser de s’arrêter devant les journalistes des télévisions françaises après les avoir vus occupés à interviewer son inattendue (elle ne devait pas participer à ce 200 m) rivale italienne Federica Pellegrini. « Vous avez choisi », leur a-t-elle-même lancé avant de s’éclipser. Sans oublier sa réaction sans ferveur à l’heure de commenter la médaille d’or sur 200 m NL de Yannick Agnel, son ancien partenaire d’entraînement : « Je n’ai pas vu sa course. Mais ça ne me surprend pas plus que ça. »
Enervement palpable, regard évasif, réponses sèches. Vexée, la Camille. Comme si l’échec du 400 la replongeait dans les affres du doute mental qui lui avait si souvent joué des tours en début de carrière. Comme si la bisbille Pellerin-Agnel (avec l’agent commun aux deux nageurs, Sophie Kamoun, au milieu), conséquence du départ du second du groupe du premier, l’avait perturbée plus qu’elle ne voulait l’avouer. Comme si, peut-être, la réussite de Yannick, déjà deux fois titré à Barcelone, la mettait face à une réflexion sur son destin sportif et l’éventualité de quitter elle aussi les méthodes de Pellerin pour un ailleurs où poursuivre sa progression.
Kamoun : « Le 400, une défaillance mentale »
Alors, malaise ou pas ? Des questions, surtout, et peu de réponses pour l’instant. Une odeur de doute pourtant balayée par l’intéressée. « Je me doutais que ça n’allait pas être difficile de passer en finale du 200, explique Muffat. Je n’imagine pas encore la finale. Ça va être sans trop de favorites annoncées. S’il s’agit d’une revanche sur le 400m ? On n’est pas là pour voir qui nage le mieux ou qui est le plus joli, c’est dans l’eau que ça se règle. Je n’ai rien à envier aux autres. » La fin de discours se nimbe d’une forte envie de mettre les choses au point dans le bassin. Un retour en force auquel veut croire Charlotte Bonnet, elle aussi qualifiée pour cette finale du 200 m NL, même si elle n’hésite pas à évoquer la perspective d’un « échec ». « Je suis assez confiante, lance la partenaire d’entraînement de Muffat. Ça n’a pas trop marché pour elle sur 400 donc j’espère qu’elle va gagner le 200, sinon je pense que pour elle ce serait un échec. Pas pour un nageur lambda, mais pour elle oui. »
Et Kamoun d’aller dans le même sens, positif, sans renier la mauvaise passe : « C’est la loi du sport, qui n’est pas une science exacte. Il y a des moments plus difficiles que d’autres. Mais je crois énormément en Camille. Elle a montré que le 400 était une contre-performance, une défaillance mentale. Mais sur ce 200, elle a montré qu’elle était quand même en forme et qu’elle devrait être capable de décrocher un podium voire l’or. Elle est forcément déçue de son 400 mais je la trouve plutôt sereine. Elle croit très fort en elle. » Reste à matérialiser tout ça dans l’eau.
A lire aussi :
>> Agnel, roi du monde "à la cool"
>> Stravius détrôné mais bronzé heureux
>> Muffat, le sursaut d'orgueil