Mondiaux : surpuissant, Manaudou monopolise l’or et les records

Florent Manaudou - AFP
Dans l’eau, après la touche, il a semblé à peine réagir. Un regard vers le tableau, une main qui se dirige vers son bonnet de bain pour l’enlever. L’attitude raconte le sentiment du travail bien fait. De celui à venir, aussi. Comme si rien n’était plus normal. Comme si la chose n’avait pas valeur d’exploit absolu. Et pourtant… Florent Manaudou vient de remporter, ce samedi, le 50m dos des championnats du monde en petit bassin. Sa troisième breloque dorée à Doha (4x100m, 50m NL), la quatrième en tout sur cette compétition (avec l’argent du relais 4x50 m 4 nages). Le chrono ? 22’’22. On va réécrire pour ceux qui n’auraient pas supporté le choc : 22’’22. Record du monde explosé.
Près de quatre dixième de mieux que l’Américain Peter en 2009 (22’’61), à l’époque des combinaisons « flottantes » ! Incroyable. Impensable. Extraordinaire. Les qualificatifs manquent. L’intéressé, lui, poursuit sa moisson d’or et de meilleures marques planétaires après avoir déjà accroché celle du 50 NL en 20’’26, une performance qui l’avait « beaucoup ému » selon son coéquipier en équipe de France Fabien Gilot). Éclatant de puissance et de facilité, le frère de Laure croque ses adversaires tel un requin affamé dans les eaux qataries. C’est simple. Sur les derniers mois, si l’on observe de près la natation mondiale, seule la jeune et phénoménale Katie Ledecky impressionne autant. Belle compagnie…
Gilot : « Il fait partie de cette catégorie d’athlètes qui peuvent marquer leur sport »
De plus en plus confiant dans ses qualités, Manaudou cultive en outre une faculté à la diversité qui lui promet un avenir radieux. En multipliant les victoires dans des épreuves différentes, Florent prend rendez-vous et entre dans une autre dimension. Celle des monstres à l’appétit gargantuesque et varié, à l’image d’un Michael Phelps. « Il fait désormais partie de ces nageurs capables de ramener quatre-cinq médailles d’un grand championnat, confirme Gilot. Cinq médailles d’or, c’est peut-être ce qu’il va réaliser ici. C’est un nageur très particulier. Il a enfin pris conscience qu’il fait partie de cette catégorie d’athlètes qui peuvent marquer leur sport. »
La conséquence d’un talent à part. « Il a quelque chose en plus, oui, explique Gilot. En natation, on trouve des gens très aquatiques ou des gens très puissants. Pour simplifier un peu l’image de Florent, c’est la force d’un rugbyman avec le côté aquatique des meilleurs nageurs au monde. C’est quelque chose d’inédit qu’on a très rarement vu à très haut niveau. Quand on voit la force qu’il dégage sous l’eau… Sur le 50 NL, il a fait la différence sur les deux coulées et sur la nage. Cette facilité à être bon dans chaque domaine que nécessite une course de très haut niveau n’est pas donnée à tout le monde. » Nouvelle confirmation ce dimanche avec la finale du 100 m NL. Où sa deuxième place (et troisième temps) tout en contrôle en demie, à peine 30 minutes après son déjà légendaire 22’’22, annonce une nouvelle performance de premier choix.