Muffat privée de record

Titrée à Angers sur 400m nage libre, samedi, lors des championnats de France, Camille Muffat a signé un chrono sans relief, alors que le record du monde semblait lui tendre les bras. Les consignes de Fabrice Pellerin, son entraîneur, n’y sont pas étrangères…

Tout simplement impressionnante. Vendredi, Camille Muffat a redonné un petit coup de jeune au poussiéreux record du monde du 800m, propriété de l’Italienne Alessia Filippi depuis 2008. A l’époque, les combinaisons en polyuréthane étaient encore de mise. Quand on sait que le 800 n’est pas sa distance de prédilection, on comprend que la performance est exceptionnelle et que Muffat vole haut, très haut au-dessus du lot.

On imaginait donc aisément la disciple de Fabrice Pellerin récidiver sur 400m. Sa distance. Elle qui avait tutoyé le meilleur chrono de l’histoire à Berlin il y a un mois, échouant à un tout petit centième du record (3’ 54’’93). Un souffle. Mais non. Ses 3’59’’38 du jour lui ont certes assuré le titre, mais le record du monde a pu dormir sur ses deux oreilles.

Partie remise

Une défaillance de la Niçoise ? Loin s’en faut. La championne a en fait géré, appliquant à la lettre les consignes de son entraîneur. « Camille en a gardé sous le pied selon mes petites recommandations, explique Pellerin. C’est un peu frustrant pour elle, mais je lui ai dit qu’assurer un titre de championne de France tout en pensant à la deuxième étape me semblait important. C’est pour ça qu’elle a fait non pas le minimum, mais l’essentiel ». En bonne élève, Muffat a donc récité sa leçon à la perfection : « Si j’avais voulu le battre, je pense qu’il n’y aurait pas eu de problème, confie-t-elle. Mais à quel prix ? Quand on a deux compétitions en deux semaines, autant que ça monte crescendo ».

Quand on lui demande si le record tombera aux championnats d’Europe la semaine prochaine, à Chartres, le sourire de la championne olympique en dit long. Et cette fois, même son mentor ne pourra pas l’en priver. « A Chartres, si Fabrice me demande de gérer, je dirai non ». La bonne élève a son caractère. La marque des grands.

Alexis Toledano avec Julien Richard