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Natation: contrat rempli pour Jouisse et Cassignol qui nageront le 10km aux JO 2024

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Les nageuses françaises d'eau libre Caroline Jouisse et Océane Cassignol ont obtenu leur qualification pour les Jeux olympiques de Paris à l'issue de l'épreuve du 10 km des championnats du monde de natation, samedi à Doha.

Le vent souffle sur Doha et les vagues dans le vieux port ont porté les Françaises vers la qualification olympique. Dans une course tendue où seules les 13 premières (hors nageuses sur le podium des mondiaux Fukuoka en 2022), Caroline Jouisse et Océane Cassignol ont rempli le contrat en prenant respectivement la 7e et 10e place du 10 km des championnats du monde de natation, samedi 3 février. Jouisse n'échoue qu'à cinq secondes de la vainqueure du jour, la Néerlandaise Sharon van Rouwendaal, championne olympique à Rio et qui décroche son deuxième titre mondial.

"Je ne sais pas si je réalise que je fais les Jeux cet été, lâche Caroline Jouisse presque incrédule. Je suis très contente de ma course, je visais un top 10, contrat rempli. Maintenant il n’y a plus qu’à: les Jeux à la maison". Une première qu'elle va donc découvrir sur le tard, à 29 ans. "Je suis une fleur qui éclot tard! J’ai eu une éclosion tardive, je me suis mise à l’eau libre en 2012. Donc après douze ans en eau libre, ça y est, le Graal!"

La nageuse, qui s'entraîne à Saint-Raphaël dans le Var, a été félicitée à l'arrivée par tout le staff. Et son équipe venue jusqu'au Qatar: son entraîneur Yannick Cadilhac, mais aussi son préparateur physique, sa préparatrice mentale et son petit ami, le néerlandais Marcel Schouten, lui-même nageur d'eau libre. "On a un beau duo avec mon entraîneur, avec qui je travaille depuis un an et demi. Après j’ai mon copain qui m’accompagne énormément. Ça a été mon sparring-partner en Afrique du Sud, sur le stage de préparation avant ces Mondiaux. Il a beaucoup plus d’expérience que moi en eau libre et il m’a apporté énormément".

"Plein de petites revanches personnelles"

Une qualification qui vient récompenser une nageuse "réfléchie, pragmatique et déterminée", dixit Stéphane Lecat, le patron de l'eau libre française. "Avec un gros caractère et un super environnement car rien ne se fait seul. Jamais. Et elle se donne les moyens".

À 29 ans, la championne d'Europe du 25 km s'est entourée pour réussir. "Je travaille avec une prépa mentale depuis deux ans. Elle est venue ici pour la compétition, hier, et ce matin elle était avec moi. Elle m’a apporté beaucoup de calme et d’apaisement et ça aide beaucoup. C’est nous qui sommes dans l’eau, mais il y a plein de personnes autour et c’est vraiment important". Une qualification pour nager dans la Seine l'été prochain sur le tard et qu'elle voit comme "plein de petites revanches personnelles qui font (qu'elle) en arrive là aujourd’hui".

"Je n’ai pas lâché, ça fait partie de mon quotidien depuis très longtemps. Je suis en sport-études depuis la 6e et c’est une passion. Je me lève tous les matins, on nage tôt, mais ce n’est pas contraignant. Je n’ai pas l’impression de faire des sacrifices. Ça m’apaise d’être dans l’eau, je suis bien".

L'émotion Cassignol

10e de la course, Océane Cassignol n'a pas pu retenir ses larmes à l'arrivée. "Oh la la, je n’y crois pas, lâche la nageuse originaire de l'île Maurice. Mes premiers Jeux olympiques. Je n’en reviens pas. J’ai galéré trois semaines à Livigno (Italie) pour le stage terminal avec mes douleurs à l’épaule. J’en ai chié. J’ai fait de la course à pied. Je me suis battue pour avoir cette qualif' depuis un moment et, à 23 ans, je participe à mes premiers Jeux olympiques", raconte-t-elle les larmes aux yeux. "À Paris en plus!", lâche-t-elle dans un grand sourire. "Que demander de plus! Je suis hyper fière, je remercie vraiment tout le monde d’être à mes côtés, tout le staff. Merci, merci, merci!"

"C'est une aventure incroyable avec des hauts et des bas, confie Stéphane Lecat. À 17 ans, elle est championne du monde avec le relais, elle a du mal à digérer. Elle est triple championne d'Europe junior et puis après ce n'est pas facile. Mais elle revient, elle s'accroche, elle ne lâche pas. C'est un parcours de vie à montrer aux plus jeunes, à ceux qui réussissent très jeunes et puis qui ont du mal derrière. Il ne faut pas lâcher l'affaire, il faut faire des choix et c'est ce qu'elle a fait".

À 23 ans, l'ancienne élève de Philippe Lucas, désormais exilée en Italie, compte maintenant soigner son épaule douloureuse et se tourner vers les JO à Paris. "La natation est un sport qui demande beaucoup de rigueur et de sacrifices. Je ne vois pas beaucoup ma famille, j’habite en Italie. J’ai passé des périodes très difficiles, je suis contente d’en être sortie et de réaliser une performance comme ça. Je ne demande rien de plus".

Julien Richard