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Natation: Manaudou "triste" de déclarer forfait au 50m nage libre des championnats de France

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Florent Manaudou a été contraint de déclarer forfait pour le 50 m nage libre des championnats de France de natation samedi à Limoges, où son duel avec le champion en titre Maxime Grousset était très attendu.

Florent Manaudou privé du 50m nage libre des championnats de France de Limoges. Le champion olympique de 31 ans souffre d’une bursite de la patte d’oie du genou gauche. Une inflammation typique liée au mouvement de jambe de la brasse. Manaudou a pris la 3ème place du 50m brasse jeudi, une nage qu’il n’a pas l’habitude de pratiquer à l’entraînement et qu’il n’a préparé que quelques jours avant. Pas de risque. Il va prendre quelques jours de repos avant de retourner bosser en vue des championnats du monde de Budapest (18-25 juin) où il est déjà qualifié sur le 50m papillon. Il n’a à priori pas trop de soucis à se faire pour la qualification sur le 50m nl car il faudrait que deux nageurs réalisent les minima pour lui prendre la place ce qui parait compliqué… Mais pas impossible. Florent Manaudou évoque également la relève observée sur ces championnats de France. Encourageant mais pour le moment encore insuffisant pour avoir un relais compétitif aux JO de Paris. Il évoque aussi la concurrence positive en sprint avec Maxime Grousset.

Florent Manaudou, quelle est la blessure qui vous oblige à déclarer forfait pour le 50m nage libre des championnats de France ?

J'ai une bursite de la patte d'oie. Si j'ai bien compris, c'est une inflammation des gaines du ligament, une inflammation à l’intérieur du genou à cause de ma journée de brasseur, parce que je ne suis pas brasseur, donc je me suis pas entraîné sur la brasse avant. Ça s'est enflammé parce que mon corps n'avait pas l'habitude. J'ai quand même eu beaucoup de plaisir à faire cette journée en brasse. Je ne regrette rien. J'avais vraiment le sourire aux lèvres, c'était vraiment cool. J'ai eu un petit peu de mal à l'échauffement du soir, j'avais déjà mal au genou. J'ai essayé de faire la finale parce que c'était fun. Je suis un peu triste de ne pas faire le 50 nage libre aujourd'hui, mais ce n'est pas très grave.

Justement, qu'est-ce que ça peut avoir comme conséquence de ne pas faire de 50 nl?

Ça dépend des autres maintenant, je n'ai plus mon destin entre mes mains. Il faut que deux nageurs nagent en moins de moins de 22’’19 pour que je ne me qualifie pas. C'est possible. C'est du sport, une course. Avec les temps de ce matin je suis plus confiant que pas confiant, mais on ne sait jamais. Des jeunes ont déjà sorti des courses comme ça du matin au soir. Je serai très heureux s’ils se qualifient et très heureux pour moi s’ils ne se qualifient pas. Dans tous les cas je serai heureux.

Qu’avez-vous pensé des séries?

C’est dur, c'est le matin. Il y a un petit jeune qui monte bien... Le petit Mazellier (Nans Mazellier, 17 ans, 2ème temps des séries en 22’’59) est très jeune et nage très bien. C'est cool pour lui. J'espère qu'il sera bon dans plusieurs années, ou même dès cette année. Et j’espère qu'on fera des belles courses avec Max, avec les autres. Je suis un peu triste d'avoir vu la ligne 4 vide, mais c'est comme ça.

Avez-vous beaucoup réfléchi avant de déclarer forfait?

Non. Je n'aime pas du tout nager quand je ne suis pas à 100% parce que je vais avoir ça dans un coin de ma tête. Je suis un peu comme une voiture de course. Je peux aller très vite quand tout va bien, mais dès qu'il y a un truc qui ne va pas très bien, ça impacte énormément les performances. Donc, je n'aurais pas été capable d'être à 100% et je n'aurais pas passé une bonne journée. Je préfère être forfait. Je suis quand même qualifié au 50 papillon. Si deux nageurs font les minima ce soir, j'irai quand même aux championnats du monde sur le 50 pap. J'ai déjà été pas trop mal aux 50 pap. Je vois le verre à moitié plein.

Vous privilégiez l’aventure humaine ?

Exactement. Je prends énormément de plaisir sur ces championnats, même si je n'ai pas encore gagné et que je ne gagnerai pas parce que je nage plus. C'est vraiment le tout. M'entraîner avec les nouveaux coachs dans mon nouveau lieu, c'est vraiment génial. Je prends du plaisir quand je suis sur le plot, je souris avant mes courses. C’est quelque chose que je ne faisais pas avant. C'est vraiment top. Si je rate une compétition sur le 50m nl ce n’est pas ma fin du monde.

Maxime Grousset sera le grand favoris ?

Le grand favori est encore plus favori du coup. Il va peut-être être un peu triste de ne pas me voir à côté parce qu'on est un bon duo, on se fait bien la course toute l'année. C'est dommage de ne pas pouvoir faire ce 50 ensemble, mais il y en aura d'autres. Je suis content s’il nage vite ce soir.

Il a dit qu’il regrettait votre absence…

Quand il y a des nageurs rapides à côté, on se bonifie. Pour moi, ça a été le cas quand j'étais jeune, avec Alain Bernard, Fred Bousquet, Amaury Leveaux, Fabien Gilot. C'est pour ça que j'ai nagé vite. Je pense que pour lui, c'est pareil. Je suis un peu son poisson pilote, surtout sur 50m. Mais je ne serai pas là. Ce sera à lui de garder son titre et j'espère qu’il nagera vite.

C’est important d’avoir cette concurrence, pour vous et pour la natation française?

Oui on en a besoin. Gagner facilement, ce n’est pas intéressant. Le sport, on aime quand c'est serré. Ce n'est pas marrant de voir, par exemple, un match de foot quand il y a 4-0. On peut éteindre à la 70ème quand il ne va plus rien à se passer. A moins que ce soit le PSG contre Barcelone, mais après c'est autre chose (rire). On aime les belles confrontations dans le sport et c'est une belle confrontation. Maxime est un jeune mais il a prouvé qu'il pouvait nager vite sur 50 l'année dernière. Il est pour l'instant meilleur sur 100m, mais c'est un très bon nageur, très bon sprinteur.

Que pensez-vous de la nouvelle génération? On parle de Max, on a vu la semaine dernière Léon Marchand… On voit les jeunes sur le dos. Hadrien Salvan qui commence à confirmer et à s'affirmer…

C'est un peu toujours pareil, il y a de très bonnes individualités. L'INSEP fait des très, très bon championnats. Bravo à Michel (Chrétien) parce qu'il fait du bon boulot et il prouve qu'avec un peu plus de moyens qu'à Amiens, il a encore de meilleurs résultats. Je ne doutais pas que c'était un bon coach au vu des résultats qu'il a eus avec Jérem (Jérémy Stravius) et avec Mel (Mélanie Hénique) notamment. Mais ils font vraiment de très bon championnats. Je pense que la moitié de l'équipe de France sera de l’INSEP. C'est bien qu'un centre comme ça arrive à qualifier beaucoup de nageurs. Il y a beaucoup d'individualités, mais après, je pense qu'il manque encore un vivier. Quand on voit qu'on rentre en finale du 100 libre en 50’’, on ne peut pas créer un relais comme ça, ce n’est pas possible. Même s'il y a deux nageurs qui sont potentiellement capables de nager vite sur un 4x100m. Et c’est pareil sur le 4x200m, c'est très bien qu’ils nagent 1mn46 ou 1mn47. Il y a 10 ans c'était bien, mais maintenant on voit que nous, avec quatre bons nageurs aux Jeux de Tokyo sur le 4x100m on finit 6ème. Il faut qu'on ait un peu plus de vivier derrière. Mais ça vient ! Il y a quelques jeunes qui sont bons. Je parlais du petit Nans Mazellier qui pointe le bout de son nez. C'est toujours bon d'avoir des jeunes qui tirent les autres. Mais ce n’est que la première année du projet Paris. Il ne reste plus que deux ans. C'est court, mais ça peut donner des idées à certains autres.

Cette blessure va perturber votre préparation ?

Non, parce que j'ai la chance d'avoir quelques jours de vacances déjà prévus après ce championnat. Je les prendrai comme de la convalescence et je reprendrai jeudi ou vendredi, à la cool, en faisant attention à ne faire que du crawl, pas de la brasse.

JR