RMC Sport

Natation: trois records de France pour la première journée des championnats de France petit bassin

placeholder video
Trois records de France ont été battus ce jeudi à Angers lors de la première journée des championnats de France de natation en petit bassin (25m) à Angers. Des championnats qualificatifs pour les championnats d'Europe en petit bassin qui auront lieu du 5 au 10 décembre prochain à Bucarest en Roumanie.

100m papillon : Maxime Grousset voulait faire (encore) mieux

Il a plongé pour la première fois dans un championnat de France en étant le champion du monde en titre. Maxime Grousset a assumé son nouveau statut dans la piscine d'Angers en décrochant le titre du 100m papillon avec à la clef le record de France. En 49s24c il améliore l'ancienne marque détenue depuis 2018 par Mehdy Metella (2ème de la finale en 50s43c). Mais le pensionnaire de l'INSEP faisait quand même la moue. "Je voulais faire mieux, je voulais nager 48s mais je ne suis pas encore au niveau. Donc je le ferai à Bucarest (championnats d'Europe en petit bassin). J'ai la force, mais il me manque un peu de fraicheur et d'explosivité. Mais en tout cas je commence à avoir l'endurance et la force et ça fait plaisir."

Maxime Grousset avait du mal à savourer ce record, la faute à un 100m 4n remporté quelques minutes plus tard mais avec un chrono pas à la hauteur de ses espérances après avoir glissé sur le départ. "J'ai un peu les boules avec ce 100m 4n. C'est quelque chose qui ne doit pas arriver. C'est bien que ça arrive maintenant, mais il faut que ça arrive le moins possible. Tout importe bien sûr." Le triple médaillé de Fukuoka n'a pas spécialement préparé ces championnats en petit bassin. "J'ai rarement été aussi peu affûté sur un championnat de France, mais c'est l'année qui veut ça. On n'est pas là pour préparer les championnats de France en petit bassin, on est là pour les Jeux olympiques."

1500m nl : Kirpichnikova fait tomber le plus vieux record de France féminin

Anastasiia Kirpichnikova a battu le record de France du 1500m nl aux championnats de France en petit bassin à Angers. La nageuse russe naturalisée française en avril dernier s'impose en 15mn33s42c et améliore le record de France de Laure Manaudou (15mn42s39c). C'était le dernier record de France de Laure Manaudou en petit bassin, et le plus ancien de la natation féminine (battu en novembre 2004 à La Roche sur Yon). Kirpichnikova, élève de Philippe Lucas à Martigues avait déjà battu le record de France de ce 1500m en grand bassin pour sa première sélection en équipe de France aux mondiaux de Fukuoka où elle avait pris la 4ème place de la finale.

"L'objectif c'était de casser ce record de France, raconte dans un français encore en progrès Kirpichnikova qui reste encore à distance de son record personnel (15mn18s30c). Maintenant je veux mieux nager aux championnats d'Europe (du 5 au 10 décembre à Bucarest) parce que je nage seulement depuis un mois après les vacances donc c'est bien." Après des championnats du monde chargés au Japon où elle a enchainé l'eau libre (10km, 5km et relais 4x1,5km) puis les épreuves en bassin (400, 800 et 1500m), Anastasiia Kirpichnikova a coupé cinq semaines. Elle a notamment pu retourner voir sa famille en Russie. Et le retour dans l'eau n'a pas forcément été évident. "La reprise a été un peu difficile dans la tête, concède la nageuse de Philippe Lucas à Martigues. Mais je sais qu'après les vacances la reprise n'est jamais facile."

Son entraîneur partage le constat. Et se montre même un peu plus ferme. "C'est dur de se remettre à travailler surtout, tonne Philippe Lucas. Il va falloir qu'elle change vraiment de comportement autrement elle risque d'avoir des surprises... C'est le sport, il n'y a pas de secret. Tu peux être très forte au mois d'aout, mais si tu ne mets pas ce qu'il faut après... Là ça fait huit semaines après les championnats du monde et tu pars sur une désillusion, c'est clair. C'est le demi-fond, ce n'est pas un 50m où tu nages 35m. Tu ne peux pas aller surfer l'après-midi et nager que le matin. Ce n'est pas possible. Le demi-fond c'est dur, c'est très très dur. Il suffit de regarder Logan Fontaine (un de ses nageur médaillé de bronze mondial l'hiver dernier sur 800m) ce matin : pas investi, pas motivé, pas envie depuis des mois... Terminé ! Il n'y a pas de secret. Le demi-fond si tu n'as pas l'envie, le truc de travailler dur tous les jours, tu n'as aucune chance."

Un message que l'ancien mentor de Laure Manaudou a fait passer à sa nageuse avant ces championnats. "Il faut qu'elle se remobilise". Philippe Lucas qui a noté depuis la reprise une baisse dans "l'investissement, les temps qu'elle fait à l'entraînement" enchaine. " En plus ce n'est pas une fille qui nage 1mn55 au 200m, c'est une fille qui n'a pas de qualité de vitesse et qui n'en aura jamais... Ce n'est pas à 23 ans que tu va faire de la vitesse. Elle me dit je veux faire de la vitesse... Tu vas chez Mercury acheter deux 500 chevaux et tu te les mets dans le derrière et vas-y... Elle doit travailler et elle doit nager avec ses qualités. Elle a un cœur gros comme ça et il faut qu'elle garde ses qualités d'être capable de nager long, très vite, très longtemps." Et de terminer sur ce constat. "Elle ne s'entraîne pas pour faire une médaille. Il faut dire les choses, il ne faut pas être langue de bois. Après si elle s'y remet il n'y a pas de soucis, vraiment. Mais là ce n'est pas possible." Kirpichnikova concède qu'elle a "besoin de travailler plus dur qu'avant pour décrocher une médaille à Paris sur le 1500m." Et l'assure : "Oui je suis prête à le faire."

Anastasiia Kirpichnikova qui va devoir enchainer l'épreuve de sélection en eau libre pour les mondiaux de Doha (février 2024) eux même qualificatifs pour les JO de Paris, qui se déroule à Setubal au Portugal les 1er et 2 décembre prochain avant de rallier la Roumanie pour les championnats d'Europe en petit bassin qui débutent le 5 décembre à Ottopeni.

200m dos : Tomac a réussi à "se libérer"

Mewen Tomac a remporté le 200m dos des championnats de France en petit bassin à Angers et s'est emparé du record de France en 1mn49s21c, soit 2 centièmes de mieux que l'ancienne marque détenue par Yohann Ndoye-Brouard (1mn49s23c). Yohann Ndoye-Brouard champion d'Europe 2022 de la distance en grand bassin qui termine deuxième de cette finale derrière l'amiénois (1mn52s30c). "Je ne m'y attendais pas forcément car on n'a pas trop relâché, assure Mewen Tomac. L'objectif c'était gagner, et de faire le temps de qualification pour les championnats d'Europe en petit bassin (5 au 10 décembre à Bucarest), pas forcément de faire un gros temps. Je suis étonné et content. Je voulais me laisser aller, faire la course au feeling et c'est ce que j'ai réussi à faire."

Sa quatrième place aux mondiaux de Fukuoka l'été dernier sur le 200m dos a changé la donne pour Mewen Tomac. "Elle m'a permis de voir que j'étais parmi les meilleurs, que je peux jouer avec eux alors qu'avant je regardais comment ils faisaient. Maintenant c'est comment on fait pour les battre. Ça me change un peu de positionnement par rapport aux autres et ça me motive. J'y crois, je peux le faire et je vais tout faire pour. J'avais du mal à faire mes meilleurs temps en finale avec l'enjeu etc.... Et là cet été j'ai réussi à bien me libérer. Je travaille encore sur ça j'essaye de ne pas trop me focaliser sur ma nage et de faire ça au feeling." Mewen Tomac galvanisé par l'année olympique qui se profile et que les nageurs français ont débuté en visitant la Paris La Défense Arena où se dérouleront les épreuves des JO de Paris. "C'était pas mal parce qu'on pouvait se projeter, voir un peu ce que ça allait donner et c'est sûr que ça motive. J'essaye d'être le plus régulier à l'entraînement, d'être le plus fort possible tout le temps."

Julien Richard