Un trône pour deux

Les deux Français célébraient leurs médailles d'argent et de bronze (50 m NL) des Jeux olympiques. - -
« Enorme » ! « Epatant » ! « Fabuleux » ! « Epoustouflant »… Stop ! Les superlatifs se sont succédé toute la semaine dans la presse, mais aucun n’a paru assez fort pour caractériser les performances d’Amaury Leveaux. Véritable star de ces championnats d’Europe de Rijeka, le pensionnaire de Mulhouse a même renvoyé Alain Bernard dans les couloirs de l’anonymat. « Heureusement qu’il essaye de prendre ma place… De toute façon, tout le monde essaye de me piquer cette place. J’ai perdu une bataille mais pas la guerre. » A peine le temps de digérer son titre olympique du 100 mètres nage libre et son record du monde, qu’Alain Bernard est devenu l’homme à flinguer. Le temps, en fait, qu’Amaury Leveaux ne décide de faire des siennes, de laisser parler son potentiel. Car, jusqu’à cette année et ses championnats d’Europe, l’élève de Lionel Horter n’avait pas encore de grandes références mondiales. Spécialiste du papillon, Leveaux ne s’est vraiment fait une place dans le sprint mondial que depuis ses deux médailles d’argent aux Jeux, en relais et sur 50 m. A Pékin, sur la plus courte des distances, il avait d’ailleurs devancé… Alain Bernard.
Rossetto (entraîneur de Filipo Magnini) : « Leveaux est mon préféré »
Mais le triple médaillé aux Jeux Olympiques demeure néanmoins la locomotive de la natation française. Champion d’Europe sur 100 m et 50 m en grand bassin en 2008, multiple médaillé en petit bassin, il n’avait pas fait de la compétition croate sa priorité. Pas de raison donc de paniquer devant ce sevrage de titres à Rijeka. La faute notamment à la règle des quotas qui prive aux nations la possibilité d’aligner plus de deux nageurs d’un même pays en demi-finales. « C’est plus dur que des championnats de France, s’étonne même Bernard. D’habitude, en série, on peut relâcher… » Se relâcher ? Amaury Leveaux n’y a pas pensé une seconde pendant ces quatre jours de compétition. Sous le feu des projecteurs, l’élève de Lionel Horter s’est dévoilé en remportant quatre titres et effaçant quatre records du monde. Une véritable démesure. Mais dans le monde de la natation, on ne tarit pas d’éloge sur le phénomène. « Il est le nageur qui, aujourd'hui, a le plus gros talent et le plus gros potentiel. C’est mon préféré. » Le compliment est signé Claudio Rossetto, entraîneur de Filipo Magnini, double champion du monde du 100 mètres nage libre. Le secret de cette explosion : un pacte passé entre Amaury Leveaux et Lionel Horter. Le nageur, qui considère son entraîneur comme un second père, a établi un plan de performances aussi bien techniques que mentales. Résultats, Leveaux se sent mieux dans sa tête et enchaîne maintenant les records du monde. Surtout, le Mulhousien semble avoir encore une grande marge de progression devant lui. Son temps en finale du 100 m ramené en grand bassin suivant la table de conversion est de 46’’54. Soit la meilleure marque de tous les temps ! A confirmer dans des piscines de 50 m... Contre Alain Bernard.