Le Japon dans la course

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1999 : El Condor Pasa s’élance sur les 2.400 mètres de Longchamp avec une vraie chance de faire mordre la poussière aux meilleurs chevaux internationaux. Le champion japonais a, en effet, tout gagné chez lui et s’est installé en France depuis le printemps pour tenter de décrocher le graal.
Le magnifique pur-sang noir, bien que né aux Etats-Unis, est supporté par tout l’empire du Soleil Levant, notamment depuis qu’il a pulvérisé ses adversaires dans le Grand Prix de Saint-Cloud, puis dans le Prix Foy, préparatoire à l’Arc.
Malheureusement, cette saison là, un certain Montjeu est de la partie. Celui qui deviendra un formidable étalon était également un compétiteur hors pair, un battant qui fera plier l’ogre nippon à l’issue d’une course d’anthologie. El Condor Pasa fera longtemps illusion après avoir mené l’épreuve, se montrant d’un courage exemplaire lorsque Montjeu est venu l’attaquer et le déborder à la distance. Ces deux champions termineront loin devant un peloton qui n’a pu les suivre dans la ligne droite.
Depuis ce magnifique moment de sport et d’émotion, le turf japonais n’a qu’une idée en tête, ou presque : remporter l’Arc ! Les mauvaises langues parleront peut-être de malédiction, car l’histoire semble se répéter pour les concurrents nippons. Après El Condor Pasa, Nakayama Festa (2010) et Orfève (2012) termineront également deuxième de la plus belle course du monde au galop. Mais «l’humiliation» la plus dure à encaisser pour le peuple japonais fut sans aucun doute la performance du phénomène Deep Impact, en 2006.
Lauréat de la Triple Couronne chez lui, il arrive en France durant l’été précédé d’une flatteuse réputation. S’il n’est pas très grand par la taille (1,60 mètre au garrot pour 450 kilos), ce magnifique pur-sang compact, reconnaissable par ses trois balzanes blanches, est une véritable machine à galoper. C’est peut-être par excès de confiance que son jockey, la star nippone Yutaka Take, va le monter de manière différente dans l’Arc. Alors qu’il a toujours attendu, car c’est un redoutable finisseur, Deep Impact s’élance bien et va se porter très rapidement au contact des premiers, étant battu à la fin par Rail Link et Pride. Le pire pour les japonais n’est pas cette défaite, même si elle laisse un gout amer, mais la suite des événements. Contrôlé positif à l’Ipratropium, un broncho-dilatateur qui avait servi à le soigner quelques semaines plus tôt, le cheval sera déclassé de sa troisième place le 19 octobre. Même s’il n’y avait assurément pas de volonté de doper, c’est la douche froide !
Cette année encore, ils seront deux chevaux de grande classe à défendre les intérêts nippons. Orfèvre, désormais âgé de 5 ans, a remporté avec désinvolture le Prix Foy pour son retour en France. Son jockey, Christophe Soumillon, n’a jamais caché l’estime qu’il porte à ce rejeton de Stay Gold. Kizuna, lui, est un jeune de 3 ans, notamment lauréat du Derby japonais. Lui aussi a gagné sa préparatoire en laissant une belle impression dans le Prix Niel, alors qu’il effectuait une rentrée. Et si c’était lui qui apportait une première victoire au Japon dans l’Arc ? Ce ne serait que justice, d’autant qu’il s’agit d’un fils... de Deep Impact !