Ourasi, c’est l’Amérique

OURASI - -
Ourasi est né dans l’Eure, au haras de Saint-Georges, propriété de Raoul Ostheimer. Plutôt rondouillard et flegmatique, le poulain parait assez limité. À 2ans, il est entrainé par Rachel Ostheimer et drivé par son mari, qui est sourd. Ourasi se qualifie, non sans mal, sur l’hippodrome d’Argentan. Il faudra le soudoyer avec des pommes pour parvenir à le faire monter dans son van, et ses premières courses semblent donner raison à son entourage. Il n’est pas doué pour le métier de cheval de course !
Du fait de son handicap, Raoul n’est pas «une terreur» des pelotons. Rachel accorde plus de crédit à Ourasi que son époux, qui surnomme le cheval «gros boeuf». C’est en 1983 que le fils de Greyhound sera finalement confié aux bons soins d’un certain Jean-René Gougeon, véritable légende vivante du trot. Ourasi s’impose lors de sa quatrième tentative à Vincennes avant de relever un pari osé : tenter sa chance dans l’important Critérium des Jeunes. C’est un succès. Sa carrière est lancée. Le cheval, associé au «pape de Vincennes», aligne les victoires malgré une nonchalance incroyable. Ourasi, qui donne des frayeurs à ses preneurs, semble généralement battu avant de s’intéresser à la course, à quelques mètres du poteau. Le Roi Fainéant est né. Il remportera le Prix d’Amérique une première fois à 5ans, s’offrant même le luxe de battre le record de l’épreuve (1’16’’6).
En 1986, Ourasi souffle sa sixième bougie et commence à devenir un véritable phénomène. Sa victoire dans le Prix René Ballière restera à jamais gravée dans la mémoire des sportsmen. Totalement enfermé côté corde par un peloton ligué contre lui, il offrira au public de Vincennes une fin de course incroyable, qui signe le début d’un hiver phénoménal. Il enchainera les victoires dans les quatre «B» préparatoires à l’Amérique avant de s’envoler dans la ligne droite de la plus belle épreuve du monde au trot. Il fera de même en 1987, avant de tenter une formidable aventure américaine : affronter le champion Mack Lobell sur ses terres, aux Etats-Unis. Cet évènement, nommé le March of Dimes, doit couronner le meilleur cheval du monde. Premier trotteur a descendre sous la barre mythique de 1’10’’ au kilomètre, «Mighty Mack» est un adversaire de taille, mais le défi est relevé. Tout au long de l’année 1988, la pression monte. Le match se fera sur le mile (1.609 mètres), une distance propice à l’Américain, à Philadelphie. Les télévisions du monde entier retransmettront l’évènement, ce 17 novembre 1988.
Drivé par John Campbell, Mack Lobell tente de s’imposer de bout en bout, histoire de montrer au «french poltron» qui est le boss. Ourasi doit faire un effort effroyable pour doubler tout le peloton, et rattraper son rival dans le dernier tournant. À cet instant, c’est une véritable lutte de titans qui fait rage, et les drivers John Cambell et Jean-René Gougeon, ne s’occupent pas des autres concurrents. Si le français prendra finalement le meilleur sur Mack Lobell, il sera malheureusement rejoint sur le fil par Sugarcane Hanover.
Désormais âgé de 9 ans, en 1989, Ourasi tente de devenir le premier trotteur à remporter pour la quatrième fois le Prix d’Amérique. Malheureusement, le Roi Fainéant souffre de petits problèmes de reins et n’est pas au mieux. Il se classera troisième. La douche froide. Victime d’un infarctus, Jean-René Gougeon ne pourra plus être associé à son champion, et c’est désormais son frère, Michel-Marcel, qui prendra la relève. «Minou», comme on le surnomme dans les pelotons, aura la lourde tâche de mener le cheval dans le Prix d’Amérique 1990, le dernier de la carrière du champion, bientôt atteint par la limite d’âge d’un trotteur pour courir en France. Comme pour mieux prouver qu’il est bien le cheval du siècle, Ourasi pulvérise le record de l’épreuve (15’’2) et entre définitivement dans l’histoire des courses mondiales. Une légende est née.
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|||Anecdote d’Amérique :
Devenu une véritable star, Ourasi déplacera les foules à Vincennes, et même le président de l’époque, pourtant peu porté sur la chose hippique, sera présent pour le voir remporter son quatrième Prix d’Amérique... en 1989.
François Mitterrand s’était également déplacé l’année précédente à Longchamp, pour assister au Prix de l’Arc de Triomphe. Fortement déçu par un favori britannique arrivé dernier, il demande à son chef de cabinet de joindre le Comte de Montesson, président du Cheval Français, afin d’en savoir un peu plus. Le favori - cette année encore - s’appelle Ourasi. Aucune chance, donc, de s’inquiéter !
C’est la seule fois où il déçu dans l’Amérique, n’ayant pas uriné avant la course.