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L'influence au poker, bonne ou mauvaise?

Antoine Vannini, consultant poker RMC

Antoine Vannini, consultant poker RMC - -

Comme chaque lundi un professionnel de l'antenne soigne votre poker. Cette semaine, le consultant de l'émission "Docteur Poker" Antoine Vannini aborde une question clé. Qu'en est-il de l'influence au poker?

Ne vous fiez pas à son nom exotique, la maladie du jour s'attrape à toutes les tables, online et live, en partie entre amis comme à Las Vegas, pas de protection, pas de contraception, du coup, la clinique du poker vous offre une campagne de prévention.

Enfilons donc notre blouse, et sensibilisons contre un danger qui peut faire s'égarer les faibles débutants comme s'écrouler les plus solides stratégies, le risque d'être influencé par le résultat, ou result-oriented.

Cette notion peut paraître avancée, mais c'est en fait une idée qu'on intègre immédiatement dans notre progression, pour peu qu'on soit à bonne école.

Revenons encore sur le cœur de notre stratégie. On ne se focalise pas sur le résultat d'un coup, d'une session, d'un tournoi, mais sur la prise de décision, afin de se concentrer sur les éléments que l'on maîtrise, et non sur les éléments dépendants de l'aléatoire, comme la main de notre adversaire ou le déroulement d'un tableau.

C'est décisif pour notre mental et notre progression, les résultats sont donc une conséquence et pas une cause de nos décisions.

En quelques symptômes, vous comprendrez mieux le danger d'être influencé par le résultat, à différents niveaux de joueurs.

Au premier niveau, on rencontre les joueurs qui déterminent simplement leur stratégie future sur les résultats des coups passés.

Ainsi, Robert regrettera d'avoir jeté son splendide 8 et 9 suités dans un pot sur-sur-sur-sur relancé par la moitié de la table, vu qu'il faisait quine turn, tandis que Kevin se promet intérieurement de ne plus jamais jouer ces satanés tirages quintes qui ne rentrent de toute façon jamais.

C'est l'illustration la plus simpliste, mais elle peut être désastreuse pour un débutant, on connaît tous un joueur avec une poubelle fétiche qui lui a rapporté un gros pot au début de son apprentissage et qu'il surjoue systématiquement depuis.

Le deuxième symptôme apparaît lorsque le joueur s'aguerrit et devient amateur confirmé. Un adage le consacre à lui seul, le fameux : « c'est gagné, c'est bien joué ». Cette expression est souvent utilisée pour justifier un coup très mal joué mais remporté.

Pour un joueur débutant, c'est surtout le risque de ne pas savoir distinguer les mauvaises prises de décisions dans les coups qu'il remporte, ou à l'inverse de ne pas reconnaître ses propres torts dans un coup perdu.

Enfin, en dernier symptôme, mais englobant les deux premiers, le risque pour tout joueur de poker est surtout de se perdre entre les résultats de court-terme et les résultats de long-terme. Les effets de court-terme peuvent complètement balayer notre vision du long-terme et faire dévier notre stratégie optimale. Un joueur de cash-game peut enchaîner les sessions positives et ne pas avoir une stratégie gagnante, tandis qu'un autre excellent joueur de tournoi ne gagnera jamais de titre majeur.

La mauvaise foi est légion au poker, et l'égo est un moteur pour la plupart des joueurs. C'est donc souvent un mécanisme inconscient de ne pas se poser les bonnes questions et de considérer seulement les éléments qui nous flattent.

C'est pour cela qu'il faut toujours savoir ré-évaluer notre niveau et notre progression, ainsi que faire des pauses et garder du temps de libre pour analyser son jeu à froid, en dehors d'une session.

Il faut considérer notre progression comme celle d'un radeau au milieu d'une tempête. Pour peu que la vague de variance ne nous engloutisse pas, encore faut-il savoir constamment garder un œil sur le cap et la main sur la barre pour ne pas se laisser entraîner par les courants marins. Ou sinon, on va jouer en argent fictif avec ses copains et on se fait une bonne soirée entre marins d'eau douce.

JS et AV