Les clefs du heads up

- - -
Un combat psychologique
Il y a la forme d’abord. On n’est plus que deux. C’est le bout de la route, les billets attendent. Un mélange de décompression et d’adrénaline liés au rush final monte au cerveau. Ce n’est plus tant une question de cartes que de gestion de la fatigue, du stress et de l’adversaire. « Beaucoup de joueurs considèrent que c’est la forme la plus pure du poker. On est face à l’adversaire, on se regarde les yeux dans les yeux, on est mano a mano, décrit Benjo. C’est un combat avant tout psychologique où les cartes ont finalement beaucoup moins d’importance que quand on est à une table pleine de joueurs. »
Garder en tête la « main médiane »
Ça arrive à tout le monde. Vingt minutes pendant lesquelles on ne touche rien. Cela vous arrive à vous, mais aussi à votre adversaire… « En heads up, tu es face à un seul mec, il ne va pas avoir souvent des bonnes cartes non plus. La main médiane, c’est dame / 7, explique Benjo. En Texas hold’hem, 50% des mains sont meilleures, 50% moins bonnes. En moyenne, si tu as dame / 7 en main, tu as une chance sur deux que ton adversaire ait une main moins bonne. »
Se décomplexer et jouer des mains
Le mains à jouer en heads up ? Au vu de ce qui est expliqué précédemment, le range est large… Et il ne faut hésiter à se lancer. «Tous les as sont dans la meilleure tranche, les paires évidemment. Il y a un proverbe qui dit : « un as en vaut deux ». C’est vrai avant le flop, par contre après… Il faut quand même réfléchir. Il faut se décomplexer. Quand on est habitué au poker classique avec une table pleine, on sait qu’il faut jouer serré, on jette des tas de mains. Mais là, avec un seul mec en face, on paye des blindes sur chaque main, il va falloir jouer beaucoup de mains », souligne Benjo.
Attaquer au bouton
Encore plus qu’en configuration traditionnelle avec plusieurs joueurs à la table, la position en heads up détermine la manière de jouer le coup à suivre, en tenant compte du profil du joueur bien sûr. « On attaque de préférence au bouton, explique Benjo. Comme ça on joue le reste du coup en agression. Après, il faut s’adapter à l’adversaire. Si tu es contre quelqu’un de très passif, ça peut être très bien de juste limper. Tu sais que tu vas pouvoir voir tous les flops sans payer plus que le montant de la grosse blinde. Si tu es contre un mec qui va te mettre la pression qui joue beaucoup. Là tu veux relancer préflop, créer de l’action, monter un gros pot pour rentabiliser tes grosses mains. Et le piéger en payant juste son 3 bet. S’il bluffe beaucoup, tu n’auras pas besoin d’une très grosse main pour engager ton tapis. Ta paire va suffire. Contre la serrure du siècle qui a tout jeté et qui tout à coup sort du bois, c’est un peu plus difficile. Il va falloir plus sélectionner.
Etre sélectif en défense
« Quand tu es en grosse blinde, dès le coup suivant, on ne va pas défendre avec n’importe quoi. Le conseil jouer beaucoup de mains s’applique surtout au bouton. Pour la défense il faut avoir quelque chose, privilégier les mains qui sont assorties. Les As, les rois, les paires, prendre le contrôle du coup dès la première enchère en sur-relançant, de manière à avoir plus de marge de manœuvre derrière. »
Un art difficile à maitriser mais…
« Le heads up est la forme poker la plus difficile à maitriser. C’est un peu le bout du chemin dans l’apprentissage d’un joueur, rappelle Benjo. Un mec très bon en duel sait tout faire. Il sait jouer avec des mains mauvaises, il sait bien bluffer, avoir des lectures correctes, savoir quand coucher un gros jeu. Derrière, à une table de dix joueurs où tu joues plus serré, c’est toujours plus facile. »