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Le poker et le cinéma : une relation qui perdure

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Depuis des années, le poker a souvent été utilisé dans les films. Qu'ils l'utilisent comme trame de fond ou comme sujet principal, il apparait que le jeu est une véritable source d'inspiration pour les réalisateurs, et qu'il n'est pas prêt de s'éloigner des écrans de cinéma...

Poker et cinéma ont toujours fait bon ménage à Hollywood. De nombreux films ont contribué à amplifier le mythe du poker. Moult réalisateurs se sont ainsi tournés vers cet univers, comme toile de fond d’affrontements psychologiques et de tension dramatique.

Pour beaucoup de joueurs de poker, l'un des meilleurs films jamais consacrés au poker est sans doute Rounders, de John Dahl. Sorti il y a dix ans, le film met en scène deux jeunes stars montantes du cinéma américain, Matt Damon et Edward Norton. Pour aider son meilleur ami, Matt Damon se remet au poker, malgré la promesse faite à sa compagne. De clubs louches en parties privées à hauts enjeux, le film montre divers aspects du jeu, avec des références multiples aux livres, stars du poker et jargon pokeristique.

Plus récemment, à l'apogée du phénomène de mode généré par le poker aux Etats-Unis, le jeu se permet de prendre la vedette à James Bond, en 2006, dans "Casino royale". Les traditionnelles scènes d’actions ayant fait la réputation de la saga laissent ainsi souvent place au tapis vert, aux jetons et aux cartes avec un Daniel Craig qui doit affronter le banquier d’une organisation terroriste. Même si les connaisseurs jugeront certaines mains jouées comme aussi improbables que caricaturales, le suspens n’en demeure pas moins présent, et certains passages du film resteront sans doute comme des scènes d'anthologie du poker à la sauce hollywoodienne.

Drew Barrymore et Eric Bana dans Lucky You, film qui a marqué les esprits dans le monde du poker
Drew Barrymore et Eric Bana dans Lucky You, film qui a marqué les esprits dans le monde du poker © -

Moins médiatique mais peut-être plus intéressant du point de vue pokérien, "Lucky you", en 2007, relate les états d'âme d'un joueur professionnel lors d’un tournoi international, à Las Vegas. Eric Bana, Drew Barrymore et Robert Duvall se distinguent dans cette histoire bien ficelée, dont la morale se résume au fait que, pour rafler la mise à une table de poker comme dans la vie, il faut parfois laisser sa fierté de côté et savoir changer de tactique. À noter que plusieurs joueurs professionnels font de brèves apparitions à l’écran.

Le poker s’avère donc être un thème vendeur pour le cinéma, mais le constat ne date pourtant pas d’aujourd’hui.

Affiche du film Aces and Eights, de 1936, référence directe à une histoire réelle qui plonge le spectateur dans le monde culte du Far West et du Western
Affiche du film Aces and Eights, de 1936, référence directe à une histoire réelle qui plonge le spectateur dans le monde culte du Far West et du Western © -

Le poker et le Western

Il faut en effet remonter très loin, pour voir apparaître le tout premier film faisant référence au poker. En 1898, Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique, réalise "Poker at Dawson City". Il s’agit du tout premier western de l’histoire du cinéma. Le film dure environ une minute et l’on peut y voir des joueurs surchauffés par les enjeux.

Far West et poker sont alors étroitement liés. En 1936, dans "Aces and eights", un joueur de poker professionnel décide de venir en aide à une famille mexicaine en participant à un tournoi et en remportant la victoire avec une double paire (d’as et de 8, d’où le nom du film). Le film est une référence directe à Wild Bick Hickok, un personnage réel et légendaire de la conquête de l'Ouest, tué pendant une partie de poker, alors qu'il détenait cette fameuse double paire.

A partir des années 1960, le poker sort du genre dans lequel il était confiné - le western - pour devenir le sujet central de films plus médiatisés, contribuant à développer une véritable "culture du poker".

Steeve McQueen, dans un des films cultes du monde du poker : Le Kid de Cincinnati
Steeve McQueen, dans un des films cultes du monde du poker : Le Kid de Cincinnati © -

Une vision de plus en plus réaliste

En 1965, Steve McQueen interprète ainsi avec brio le rôle d’un jeune joueur de poker dans "Le kid de Cincinnati". Malgré un scénario banal, ce film est souvent considéré, même aujourd'hui, comme "culte" par les amateurs de poker. Il faut dire qu’il se rapproche davantage du jeu tel qu’il est pratiqué de nos jours. L’histoire se déroule à la Nouvelle-Orléans, dans les années 1930. Steve McQueen incarne le Kid de Cincinnati, as du poker, récemment arrivé sur le circuit des joueurs professionnels. Son manager va lui organiser une rencontre au sommet qui l’opposera au meilleur joueur du moment, un champion surnommé "Le Maître" et considéré comme imbattable.

En 1974, dans "California split", deux joueurs compulsifs vont disputer la partie de poker de leur vie en misant tout ce qui leur reste afin de tenter de remonter la pente. On retrouve dans ce film méconnu de Robert Altman l’acteur américain Jeff Goldblum (La mouche, Jurassic Park) dans l’une de ses toutes premières apparitions. Pour la première fois est abordé l’aspect compulsif - et potentiellement dangereux - du poker. On découvre ainsi tout au long du film de nombreux exemples de situations complexes et délicates dans lesquelles peuvent se retrouver plongés certains joueurs.

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Dans les années qui viennent, le traitement du poker par le cinéma sera certainement davantage empreint de réalisme. Plusieurs films ayant le jeu pour thème sont d’ailleurs sortis récemment en salles.

Dans "Deal", un ancien joueur de cartes va ainsi se retrouver confronté, durant les World Series of Poker (WSOP : le plus prestigieux des circuits de tournois de poker), à son ancien élève à qui il a tout appris. Aux côtés de Burt Reynolds, Tara Reid et Shannon Elizabeth, on peut retrouver Phil Laak, Antonio Esfandari ou encore Isabelle Mercier, dans un film qui plonge le spectateur dans les coulisses des grands tournois de poker. "C'est le meilleur film consacré au poker depuis Rounders", assure Joe Hachem, champion du monde WSOP en 2005.

Le poker n'est d'ailleurs pas l'apanage des studios d'Hollywood. Le film colombien "Pòker", sorti en 2009, utilise également le jeu comme trame de fond. Dans ce huis-clos dramatique, quatre personnages aux profils divers, tous confrontés à de graves difficultés personnelles, s'affrontent dans une partie à fort enjeu qui peut modifier le cours de leur vie... Un film d'auteur, dans lequel le poker est moins le sujet du film qu'un instrument du cinéaste pour révéler et amplifier la tension psychologique des personnages.

A n'en pas douter, si le 20ème siècle fut propice au développement du mythe du poker sur grand écran, l'histoire d'amour entre ce jeu et le cinéma est loin d'être terminée.

©MadeInPoker

Le titre de l'encadré ici

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On peut noter un fort décalage entre le traitement du jeu aux Etats-Unis, patrie du poker, et celui choisi dans d'autres pays. Contrairement à la plupart des films américains, le jeu est souvent un simple prétexte, utilisé pour installer l'intrigue, et n'est présenté que sous un biais négatif : un jeu dangereux, susceptible de créer des ennuis...

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