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29/06 Philippe Auclair

Et voici donc...

Le temps presse. Dernier blog avant la fin (toute théorique) de notre ‘saison’, à nous autres drôles de dames qui devrons sans doute changer de nom, après le décès de Farah Fawcett. Comme le jeu de la célébrité est cruel. Pendant quelques heures, c’était son visage qu’on voyait en une; et puis, d’un coup d’un seul, les boucles blondes ont disparu. On a pixellisé la peau trop blanche d’une autre star, énorme celle-là: Michael Jackson, que je n’ai vu qu’une seule fois, en avril 1999, lorsqu’il traversa la pelouse de Fulham, flanqué de son ‘ami’ Mohammed Fayed. Lequel va lui construire une statue à Harrods. Un conseil pour les amateurs de bizarreries de passage à Londres: si et quand vous passerez par le fameux magasin de Knightsbridge, n’achetez rien – mais ne manquez surtout pas le mémorial de Diana et Dodi Fayed, une sorte d’apothéose du mauvais goût - mais touchante à cause de cela.

Mais bref. Du foot! Le mercato – passons. Marre, marre, marre. C’est un avis tout personnel, bien sûr; mais je n’ai qu’une hâte, qu’on en finisse, et qu’on tape dans un ballon. En voici une illustration personnelle, toute récente: un ami d’un ami m’a contacté; deux jeunes footballeurs français, au cv honorable d’ailleurs, avaient débarqué en Angleterre à la recherche d’un contrat, n’importe quel contrat. Ils ne connaissaient que pouic à cette culture, bref – pourrais-je leur donner un coup de main avec mes ‘contacts’? Je rencontrai les deux joueurs en question, qui me firent plutôt bonne impression et, à titre purement bénévole (cela va de soi), je passai quelques coups de fil. Bingo! Une équipe semi-pro acceptait de les prendre à l’essai. Seul problème: sans que nous le sachions, l’ami d’un ami et moi-même, les deux loustics étaient de mèche avec un troisième larron qui, lui, n’était pas bénévole, oh non. Ce que nous apprîmes un peu tard, et par la bande. Et moi qui croyai donner un coup de main à une paire de jeunes bosseurs partis tenter leur chance...quelque âge qu’on aie, on n’est jamais trop vieux pour être déçu.

Donc: parlons de jeu. Dans quelques minutes, l’équipe d’Angleterre Espoirs retrouve ses ennemis favoris, l’Allemagne, en finale d’un tournoi dont la France est hélas absente. Je suis (cela va sans dire) à bloc derrière les pitchounes de Stuart Pearce, un joueur que je vénérais, et un entraîneur qui incarne des ‘valeurs’ qu’on met sans cesse en avant, mais dont on trouve rarement des défenseurs et des exemples aussi forts que lui. Le succès de cette équipe (déjà demi-finaliste bien malheureuse contre les Pays-Bas en 2007, ‘battue’ par 13 tirs au but à 12...) me ravit pour de multiples raisons. La principale est qu’elle bat en brèche des idées reçues qui m’horripilent. A savoir:

  • l’Angleterre ne produit plus de joueurs.
  • L’Angleterre joue un football de l’âge de pierre.
  • Un jeune Anglais n’a aucune chance de percer dans un club de Premier League (où, comme nous le savons tous, 99% des joueurs viennent d’ailleurs)

Faux, faux, et archi-faux.

Des joueurs, l’Angleterre en détecte et en forme plus aujourd’hui qu’il y a 10 ans. OK, ce n’est pas le Brésil (celui de 1970, pas celui de Dunga), mais avez-vous vu le 1-1 en match de poule contre l’Allemagne? Et avec la réserve! Ballon au sol. Engagement. Utilisation des intervalles. Amour du maillot. J’aime! Tiens...c’est curieux...presque tous ces joueurs sont titulaires dans leur équipe! Et des équipes de Premiership, soit dit en passant (comparer avec la France du tournoi de Toulon). Hart, hélas suspendu, à Birmingham. Richards, Onuhoa (monstre en devenir), avec City (dire que Sturridge n’est pas là...). Milner, Agbonlahor (Villa). Gibbs, Walcott (Arsenal), etc, etc. La situation du football anglais est, d’évidence, catastrophique.

Pourrait-on alors arrêter de nous jouer ces scies reprises en choeur, comme quoi ‘made in England’ est synonyme de ‘minable’? Ce n’est peut-être pas la plus grande équipe du monde, mais elle a ses vertus. Peut-être se ramassera-t-elle ce soir. Mais j’en doute, et je lui souhaite bonne chance. A tout de suite, amigos!