Philippe Auclair 01/03

Je suis vi-dé. Comme vous devez l’être après avoir vécu un week-end qui – même dans le contexte de la Premier League – a dépassé tous les précédents cette saison par son intensité. Par où commencer?
Par Manchester United, tiens. Que je n’appellerai plus les ‘red devils’, mais les ‘jaune-et-vert’, parce que c’étaient les couleurs qu’avaient choisi ses supporters. Pour ceux d’entre vous qui l’ignoreraient, ces couleurs étaient celles de Newton Heath, le club dont est issu le Man U moderne; elles sont celles, aujourd’hui, de ces fans qui entendent redevenir propriétaires de leur club, et l’extirper des griffes de vampires nommés Glazer. Lesquels sont passés en zone mixte après le match, encore plus laids que sur leurs photos, et n’ont pas daigné répondre à une seule question. La grande classe. Bonne chance aux jaunes-et-verts: si vous pouvez extirper ces cow-boys du football anglais, vous aurez bien mérité de la patrie.
Le match? Vous l’avez vu. Oui, Vidic aurait dû recevoir un carton rouge. A tout le moins un jaune. Qui serait devenu un rouge en fin de match, lorsque le Serbe est allé ‘dépanner’ Gary Neville sur le flanc droit. Mais non, alors que, la veille, Belletti était allé voir aux vestiaires s’il y était pour sa faute sur Barry. Excusez-moi, mais vous y comprenez quelque chose à cette fameuse ‘double sanction’? Moi pas. Plus vite le Board l’aura gommé des lois du football, mieux cela vaudra.
Tout le monde parlera de Rooney, à juste titre. Je tirerai quant à moi un coup de chapeau à Antonio Valencia. Une stat: sur les 5 derniers buts marqués de la tête par le grand Wazza, 4 venaient de centres made in Ecuador.
Pour Villa, formidable dimanche, avec un super Agbonlahor, espérons seulement que ce ne soit qu’un coup d’arrêt au goût amer dans leur marche en avant. Ils y ont cru jusqu’à la dernière seconde. Pauvre Richard Dunne, floué une fois de plus après un certain France-Eire.
Arsenal...je suis comme Fabregas: j’y crois, comme j’y crois depuis le début de la saison, et pas parce que je vois tout à travers les lunettes de visée d’Arsène Wenger. Il y a 2 ans, quand Eduardo s’était fait assassiner par Taylor, les Gunners s’étaient écroulés. Samedi, après le fauchage de Shawcross sur Ramsey, ils ont eu le courage de revenir dans le match, emmenés par le seul concurrent que Rooney puisse avoir pour le titre de ‘footballeur de l’annee’. Cesc Fabregas, bien sur. 13 buts, 15 passes décisives – rien qu’en championnat. Immense. Le coeur, le talent, l’intelligence, il a tout. Il fait honneur à son métier, et ils ne sont pas trop nombreux dans ce cas-là. Cette équipe, malgré ses imperfections, malgré les inflexibilités de Wenger, a de quoi faire un champion. Quand on en a un, un vrai, comme capitaine, ça aide.
Sur Shawcross, je ne dirai rien, parce que j’ai trop à dire. Marre, marre, marre de ces commentateurs qui passent sous silence le fait que, parce qu’on les dit ‘tendres’, certains entraîneurs, poussés par des médias britanniques xénophobes, encouragent leurs joueurs à traiter les baby Gunners comme de la chair à canon. Shawcross a la réputation d’être un mec bien; je veux bien le croire. Il est la victime d’une culture qui encense un football de destructeurs. Viril, quoi. Mais les vrais hommes, samedi, portaient le maillot d’Arsenal.
Chelsea. Après 40 minutes de jeu, je me suis tourné vers mon voisin au Bridge, un journaliste allemand de mes amis. ‘Ca fera 3-0’, m’a-t-il dit. ‘Non, 4-1’, lui ai-je répondu. ‘Terry va se déchirer une fois, mais City va se faire pulvériser’. Comme quoi, hein?...Terry s’est bien déchiré, deux fois, sur l’action de Tevez, Hilario a montré qu’il n’était pas Petr Cech, et les Blues ont implosé. A un point que personne ne pouvait imaginer. Que ça aille très mal dans la maison bleue n’est plus un secret. Mais ça va encore plus mal que nous le croyions. Ok – il s’agissait d’un match a part: les potes de Bridge contre...les potes de Bridge, menés par un capitaine que la plupart de ses coéquipiers ne peuvent plus voir en peinture. Pardon aux fans des Blues – mais la ‘légende’ a du plomb dans l’aile. Ne la défendez pas quand elle est indéfendable; et je ne parle pas de ses activités en privé qui, franchement, ne regardent personne que lui et ses proches. C’est son statut d’intouchable qui est en cause. Je n’ai jamais vu Ancelotti aussi furieux pendant une conférence de presse. Bien sûr qu’il a défendu JT. Il n’a pas le choix. Mais Terry est devenu un boulet. Il est temps de briser la chaîne. Si Ancelotti le fait, Chelsea peut être champion. Sinon, je ne le crois plus. Une semaine, c’est très long en football, comme en politique.
City. Ne pas trop lire dans le résultat d’un match qui sortait de l’ordinaire, surtout quand ses héros s’appellaient Tevez et Bellamy, deux joueurs que Mancini – lequel s’en ira en mai, quoi qu’il arrive – n’a pas pu mettre dans la poche de son joli manteau. Les vrais tests sont pour plus tard, et il y en aura quelques-uns: les Citizens doivent encore jouer contre United, Arsenal et Villa. Le ‘vrai’ City, on l’a vu pendant les 40 premières minutes du match de samedi, et il n’était pas folichon. Viva Carlito cela dit. Toute équipe devrait avoir son ‘apache’, et son Bellamy aussi, tiens, pendant qu’on y est.
Le XI du week-end
Given – Finnan, Kompany, Campbell, Clichy (youpi!) – Valencia, Milner, Fabregas, Barry, Bellamy – Rooney.
Ce milieu de terrain a de la gueule, non? Je n’ai inclu aucun joueur des Spurs ou de Liverpool, n’ayant pu suivre ces matchs pour cause de League Cup à Wembley. Comment les avez-vous trouvés vous-mêmes? Torres, en particulier?
A tout a l’heure à l’antenne!