Philippe Auclair 05/04

- Un menu de choix ce soir pour Philippe!
- Championnat, LDC, tout y est!
Le Pari improbable de Carlo Ancelotti
Hors d’oeuvre...
Le XI du week-end – et si on faisait les pieds carrés cette semaine? C’est qu’il y en a, des candidats. Alors, soyons cruels. Rien qu’une fois. Jaaskelainen – G. Neville, G. Cahill, Kaboul, Assou-Ekotto – McDonald, Blake, Alexander, Bentley – Eduardo, Saha.
(Il aurait bien sûr été possible de choisir onze joueurs de Burnley plutôt que trois seulement) Cruelle, cette sélection l’est particulièrement pour deux attaquants qui ont des raisons de ne pas avoir été au top ce week-end. ‘Ti-Louis n’est plus le même depuis l’accident musculaire qui lui a fait manquer sa convocation pour France-Espagne. Eduardo n’est plus le même depuis une après-midi cauchemardesque à Birmingham, au printemps 2008. Pour le premier, c’est une tuile de plus dans une carrière qui en est pleine, et dont il reviendra. Pour le second, c’est beaucoup plus grave. Avant le tacle de Martin Taylor, Eduardo était les des buteurs les plus efficaces d’Europe, particulièrement avec la sélection croate. Aujourd’hui, quand il se retrouve en position de tir, il perd son football. Sa coordination. Sa présence d’esprit. Sa technique. C’est d’une tristesse...alors, bonne chance, ‘Dudu’...à Barcelone, qui sait?
Alors, Chelsea champion?
J’avais encore des doutes lundi dernier: ‘le vrai test sera à Old Trafford’. Aujourd’hui, la réponse est: oui, Chelsea a ce qu’il faut pour faire un champion, Un beau champion, d’ailleurs: les Blues ont remporté leurs six derniers matchs contre les équipes du ‘Big Four’ (même si c’est ailleurs qu’un titre se mérite ou se perd); et le football que propose l’équipe d’Ancelotti a beaucoup gagné en pouvoir de séduction depuis que son manager a fait le pari – à bien d’autres égards insensé – de ne plus faire de Didier Drogba le capo di capi, le premier nom sur sa feuille de match. Un choix fascinant. Car DD n’est pas blessé, ou puni. Contre Villa (7-1), à Old Trafford (2-1, au cas où vous vivriez sur une autre planète), le Drog était sur le banc. Il s’en est levé à Manchester pour marquer le but (hors-jeu) du KO, mais c’était ‘avant’, quand il n’était pas là, que Chelsea avait gagné le match.
Quand Drogba est là, pense Ancelotti, Chelsea allonge le jeu, par automatisme, et la qualité de son football en souffre. Le back four, plus Mikel (formidable samedi) et Ballack recherchent leur tour de contrôle, leur assurance-buts. Drogba n’est en rien coupable: en fait, il est la première victime de ce réflexe acquis en d’autres temps. Il demeure le meilleur pur numéro 9 de la planète. Mais Ancelotti cherche aujourd’hui un système qui fera de son équipe un champion, une solution collective. Nicolas Anelka ne flambe pas vraiment dans son nouveau rôle de pointe unique, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais le travail qu’il accomplit n’est pas un travail de buteur au sens propre. Il décroche, permute avec son milieu/ailier droit, ouvre des espaces dans lesquels Lampard peut s’engouffrer, tandis que Florent Malouda – le meilleur milieu offensif du monde en ce moment? – sème la terreur sur le flanc gauche, mais aussi dans l’axe. Autre choix d’Ancelotti: rappeller Deco, aux dépens de Ballack. Chelsea perd en densité physique, mais y gagne en créativité. Idem avec le retour de Joe Cole, dont la ravissante madjer du 1-0 (et quelques autres gestes dont bien peu de footballeurs anglais sont capables) aura tapé dans l’oeil d’un certain Fabio Capello.
Oui, Chelsea a l’étoffe d’un champion. Mais il ne l’est pas encore. Pardon pour ce truisme apparent, mais, à ce stade de la saison, si tout match est difficile, il en est qui le sont plus que d’autres. Tout se joue sur d’infimes faits de jeu, des pénaltys non sifflés, un poteau rentrant ou sortant...Samedi prochain, Chelsea rencontre Villa en demi-finale de Cup à Wembley. Hum. Les Villans, claqués ou pas, auront très envie de se venger du massacre de Stamford Bridge, d’autant plus que leur quête de la 4ème place (malgré une courte victoire 1-0 à Bolton, ignoble) a tourné à la course à l’échalote. Si Chelsea passe sans encombres, c’est ensuite Bolton à la maison (merci!), puis Tottenham à White Hart Lane, puis Stoke, puis...Liverpool à Anfield – le match qui pourrait, devrait décider de tout.
Mais attention: même si Sam Allardyce est un disciple, voire un adorateur d’Alex Ferguson, son Blackburn, dans un bon jour, peut casser les pieds à plus d’un, pas vrai, Chelsea? Et c’est là que Man U jouera le 11 avril. En cas de match nul ou de défaite, bye-bye le titre. En cas de victoire...United reprendrait la tête du classement! Vous voyez où je veux en venir? Moi non plus! Sans oublier...
...sans oublier qu’Arsenal s’accroche aux basques des leaders comme un fox-terrier de mauvais poil au pantalon d’un facteur. J’étais à l’Emirates samedi, pour y voir un spectacle déjà présenté 100 fois par les Gunners: domination totale dans le jeu, occasions, un gardien adverse qui multiplie les interventions décisives (l’Américain Hahnemann, en l’occurence), mais un énorme déchet dans la finition. La différence, cette saison, est qu’Arsenal ne se le tient pas pour dit, serre les dents, et finit par marquer. Tard. Très tard. Très, très tard, samedi. ‘Super-Nic’, une fois encore, comme contre Hull en mars, sur un centre magnifique de Bacari Sagna (vous avez bien lu: ‘un centre magnifique de Bacari Sagna’, presque aussi beau que celui de Julien Faubert pour le but du 2-2 de West Ham à Everton, c’est dire). Ce qui nous donne 7 victoires et 1 nul lors de leurs 8 derniers matchs: mon cher Daniel, ne parles plus des bisounours d’Arsenal et du ‘neverland’ d’Arsène Wenger. Et, au passage, un coup de chapeau aux Wolves, que j’ai trouvés admirables, avec quelques performances individuelles exceptionnelles, celle de Michael Mancienne – le joueur de Chelsea, prêté pour la saison – en particulier. Mais le Franco-Ecossais Christophe Berra (tiens? encore un qui a échappé à la FFF) a également été superbe en défense centrale. Zubar lui aussi a été très bon. Na! Ce qui me fait redire: la Premier League est vraiment le seul championnat dans lequel les équipes du ‘bottom 10’ croient vraiment pouvoir et osent rentrer dans le chou des ‘gros’.
(Petite pause, et aparté: la Ligue des Champions, nous en parlerons dans les DDD ce soir. Gardons donc toute notre énergie pour l’antenne, même si toute l’Angleterre se demande si, par miracle, Wayne Rooney ne pourrait pas être remis pour le match de mercredi!)
On ne peut parler de tout. Mais on doit parler de la lutte pour la 4ème place, une conversation à quatre qui ressemble à ceci: ‘...mais après vous! – non, non, je vous en prie... – vous voulez rire! Vous n’y pensez pas!’ – etc, etc etc.
Tottenham avait le vent en poupe. Que fait Tottenham? Tottenham se saborde, et sombre. Les doutes que j’émets semaine après semaine sur la défense des Spurs (l’incroyable Gomes excepté, encore héroïque) ne sont pas des coquetteries de fan des Gunners. Dawson n’est pas la – et c’est la cata. Liverpool a decouvert pourquoi Birmingham est invaincu à domicile depuis...septembre! Mais en Angleterre, ce n’est pas de ce match nul (qui n’a rien de honteux) que l’on parle – c’est de la décision prise par Benitez de remplacer Torres par David N’Gog. Ce qui, quand on l’écrit, cause une certaine confusion chez l’auteur. Vérifions la date. Le 1er avril? Non. La tête de Steven Gerrard quand el nino est sorti...un poème. Un point d’interrogation placé à la fin de cette question: ‘Rafa est-il loco?’ ‘Les acteurs sont des animaux’, disait Alfred Hitchcock. Remplacez ‘acteurs’ par ‘footballeurs’, et vous avez le ‘man-management’ version Benitez. Ce qui, entre nous soit dit, n’a pas empêché le Hitch de faire quelques chefs d’oeuvre, et le Rafa de gagner quelques titres.
Pendant ce temps, Manchester City allait cueillir les jonquilles à Turf Moor. 3 buts dans les 6 premières minutes, c’est un record en Premier League. Même Vieira a marqué, c’est dire, ce dont on ne tirera absolument aucune conclusion; j’ai récemment marqué dans un tournoi de sixte contre la fine fleur de la police d’Islington, et j’attends toujours un coup de fil de mon ami Raymond. Or Burnley était pire que mon équipe de bobbies. Et Mancini est déjà en train de placer des pions dans son calcio adoré, au cas où ses émirs souhaiteraient changer d’entraîneur. Ce qui est le cas. Quant à Villa...J’espère que vous aurez fait un choix plus avisé que de passer le week-end pascal à regarder leur match. Mathématiquement, la 4ème place demeure un objectif. Dans l’absolu. Dans le hic et nunc, aucune chance.
Dernière minute...
...qu’entends-je? Alex Song forfait à Barcelone? La tuile. Arsenal se présentera donc ainsi: Almunia – Sagna, Campbell, Vermaelen, Clichy – Denilson, Diaby – Nasri – Rosicky, Bendtner, Walcott, plus Eboué en joker, et quelques gamins de 17 ans sur le banc. Sur le papier, aucune chance.
Et pourtant, j’y crois. C’est grave, docteur?
A tout de suite à l’antenne...