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Philippe Auclair 07/03

Et si l’équipe ‘fragile’, c’était...Manchester United?

Encore un week-end tranquille en Angleterre. Trente-et-un buts marqués en neuf matches; le leader qui tombe, le dauphin qui trébuche, neuf points d’écart entre neuvième et dernier, des morts qui ressuscitent (West Ham et West Brom), sans oublier la grande déblayade en Championship, qui semble ouvrir tout grand les portes de l’élite à QPR. Par quoi, ou qui, commencer?

Comme Dirk Kuyt est mon ‘man of the weekend’ (le vôtre aussi, sans doute), je me contenterai d’un coup de chapeau à l’infatigable Néerlandais en attendant de mieux le louer à l’antenne. Qui ne souhaiterait avoir un Kuyt pour défendre/honorer son maillot?

Je préfère donc commencer par un autre joueur qui, chaque semaine, m’impressionne de plus en plus: Raul Meireles. On savait que c’était un footballeur de grande classe, on a aussi eu la confirmation que l’être humain était à la hauteur du sportif. Quand ce match Liverpool-Manchester United menaçait d’exploser, c’est lui qui a su calmer les esprits, allant prodiguer ses conseils au malheureux Nani comme au coupable Jamie Carragher, et faisant de même quand Rafael, qui a décidément besoin de prendre un peu de plomb dans la cervelle (au sens figuré, entendons-nous), décida de couper Lucas Leiva en deux. Dans le jeu, le Portuguais fut magnifique, cherchant constamment les décalages, les intervalles, avec finesse, courage et imagination. Gerrard diminué (et qui, de toute façon, n’est jamais au top quand il faut jouer contre United – il veut trop, il veut trop bien faire), c’est Meireles qui a dirigé Liverpool à la baguette.

Luis Suarez a lui aussi été magnifique, et pas seulement sur le premier but de Kuyt. Plus tard dans le match, son enchaînement petit pont-grand pont sur Evra et Brown était du grand art. Il a slalomé comme Tomba la Bomba, avec les défenseurs de United pour piquets. Je doutais de sa capacité à hausser son football aussi rapidement, et j’avais tort.

Après le 1-0 à Chelsea, est-ce le signe qu’un nouveau Liverpool (qui ressemble à l’ancien, celui qui gagnait) est en train de se mettre en place? Réservons le jugement. Un derby – car c’en est un – est une rencontre à part. C’est à Sunderland et à West Brom qu’on pourra mieux juger ces reds. Souvenez-vous: après le 2-0 contre Chelsea – avant le retour de King Kenny -, on parlait d’une renaissance, et on a vite déchanté; pareil après la victoire au Bridge, qui fut suivie d’un 1-1 contre Wigan et d’une défaite sans discussion à West Ham. Restera le souvenir d’une belle après-midi à Anfield.

Enfin, ‘belle’, si l’on exclut l’attentat de Jamie Carragher sur Nani, un carton rouge évident, que Phil Dowd, sans doute conscient du fait que ces L’Pool-United peuvent vite dégénérer, choisit de ne punir que d’un jaune, tout comme le kung-fu kick de Rafael quelques secondes plus tard, qui méritait aussi une expulsion. C’est aussi ça, l’arbitrage à l’anglaise. On dira que Man U en a été la victime deux fois de suite. Ce fut aussi exact d’Arsenal contre Sunderland, ou Newcastle, et ailleurs. En fait, sur une saison...vous connaissez la chanson.

Alors, cessons de blâmer les arbitres. Espérons que Nani n’est pas blessé aussi sérieusement qu’on l’a craint. United n’a pas perdu à cause d’une décision arbitrale. Liverpool menait 2-0 alors. De même que les Gunners n’ont pas laissé deux points en route à cause de l’arbitre, même si celui-ci a loupé son match. Arsenal s’est fait tailler en Angleterre après son 0-0 contre Sunderland (que j’avais plus ou moins prédit dans Larqué-Foot vendredi, si je puis me permettre), et non sans raison. Mais je me demande si United, plus encore que les Gunners, a du mal à gérer ce calendrier dément (mais génial pour les spectateurs). Autant j’avais trouvé Man U séduisant contre Chelsea, autant j’ai été déçu dimanche. La défense? Catastrophique. Que Vidic manque à ce back four... Le milieu de terrain? Déséquilibré. Pourquoi Fletcher, baroudeur exemplaire, avait-il été laissé sur le banc? L’association Scholes-Carrick ne fonctionne que lorsqu’il y a un troisième relayeur, plus dynamique, pour couvrir les appels du midfield opposé. Meireles et Maxi ont fait ce qu’ils ont voulu. Mais cela suffit. Pour United, ça fait trois défaites en cinq matches de Premier League. On a glosé sur les occasions manquées par Arsenal – mais on ne dit presque rien sur celles loupées par United, qui pourrait aujourd’hui pavaner avec six ou neuf points d’avance. Non, rien n’est joué...et n’oublions pas Chelsea.

Pour les Gunners, encore un match qu’on a vu cent fois. Un gardien adverse qui sort le grand jeu, le ballon qui trouve le cadre plutôt que le filet, un but refusé pour un hors-jeu inexistant, etc, etc. Je continue de penser que le délai invraisemblable, imposé par l’Uefa, entre matches-aller et retour de la Ligue des Champions a coûté plus à Arsenal qu’à quelque autre club, en raison de la nature de leur adversaire, et du résultat de la première rencontre. Il est clair que Wenger et ses joueurs ont gardé l’oeil sur mardi soir depuis trois semaines, qu’ils l’aient voulu ou non. L’équipe avec laquelle Arsenal a fini le match est sans doute celle que les fans voudraient voir alignée d’office au Camp Nou. Est-ce pour cela que Wenger avait, une fois de plus, fait le bricoleur? Wilshere en numéro 10, et un Diaby visiblement à court de condition en relayeur, excuse me? N’importe quoi.

Fred et moi parlerons longuement, nous l’espérons, du choc que toute l’Europe attend. Pour le moment, je me contenterai de deux remarques. La première est que Wilshere sera bien la clé pour Arsenal, plus encore que Fabregas. Lorsque Muntari l’a laissé se tordre de douleur sur la pelouse, vous auriez dû entendre la réaction de l’Emirates. ‘Tout le monde, mais pas lui!’ Les fans savent, toujours, mieux que personne. Mais Jack est ok. Pas comme Puyol, soit dit en passant (ou Song, d’ailleurs). La seconde est que Marouane Chamakh s’est enfin réveillé. J’ai été très critique à son égard depuis plusieurs mois, et avec raison, je crois; mais on a senti un autre Chamakh contre les Black Cats, qui ressemblait à celui du début de saison. Il a été tout près de faire la décision. Il était vif, habile dans les petits espaces, volontaire, costaud dans les duels. Et je crois qu’il peut la faire mardi. En l’absence de Puyol et Piqué, il peut poser de gros problèmes à la charnière Busquets-Abidal. Mon XI? Le voici: Szczesny; Sagna, Djourou, Koscielny, Clichy; Nasri, Wilshere; Bendtner, Fabregas, Archavine; Chamakh. Un XI ultra-offensif, je l’admets. Wenger préférera sans doute mettre Diaby en second relayeur, Nasri sur le côté droit, et Bendtner sur le banc.

Les autres matches...mon dieu, il se fait tard! Qu’avons-nous appris, pour reprendre un vieux thème de ce blog?

Que lorsque Arteta va, Everton va.

Que Roy Hodgson a encore du pétrole dans le réservoir. Trois matches, deux nuls, une victoire.

Que Stoke a vraiment été couillon de passer sur Demba Ba avant que les Hammers le récupèrent.

Que Villa a un gros potentiel, mais que Bolton a le droit de rêver d’Europe.

Que si les Wolves étaient relégués, ce serait une injustice criante. Avez-vous vu ce 3-3 magnifique contre les Spurs?

Que Milan a du souci à se faire. Les gros calibres des Spurs sont presque tous de retour. OK, la défense est parfois limite, mais quand Tottenham attaque, quel potentiel...et je ne vois pas des Milanais aussi courageux que les Wolves à White Hart Lane.

Minuit passé. Je vous quitte, et vous dis à tout à l’heure. Encore merci de votre fidélité et de vs commentaires.

Philippe