Philippe Auclair 12/04

- Philippe décortique le foot Anglais d'Istanbul!
- Pourquoi Istanbul, vous le saurez en lisant son blog, et dans l'After ce soir!
IMPRESSIONS D’ISTANBUL...
Vous avez bien lu, ‘d’Istanbul’, et pas de Londres, aujourd’hui, Londres que j’ai quittée presque immédiatement après la victoire de Chelsea sur Aston Villa en ½ finale de Cup, avec, une fois de plus, les anciens de Guingamp à la fête. Didier Drogba, croisé après le match, glissait: ‘je ne sais pas si Wembley m’aime, mais moi, j’aime Wembley...’, avec un sourire grand comme ca. Le fait est: 5 buts en 6 matchs dans ce stade pour DD. Et Malouda, 3 en 4. Et voilà les Blues qui se rapprochent un peu plus du premier doublé Coupe-Championnat de leur histoire, tandis qu’Alex Ferguson va devoir pardonner à son grand ami Sam Allardyce un 0-0 qui met sans doute fin a son espoir de conserver le titre. Dire que, pendant que Macheda et Berbatov trimaient en vain à Ewood Park, Carlos Tevez marquait son 19ème but lors de ses 18 derniers matchs de Premiership! Quel gâchis!
Pas pour Manchester City, évidemment, qui profitait de la décision ‘étonnante’ de Rafael Benitez de mettre au repos Fernando Torres (et faire confiance à cette terreur, David Ngog) pour prendre une solide option sur la 4ème place en atomisant Birmingham City, il est vrai privé de son meilleur joueur, Joe Hart, que je verrais bien monter en grade dans le XI de Capello au Mondial. Pendant ce temps, 0-0 pour les Reds, à domicile, contre un Fulham pas encore remis de son exploit à Wolfsburg, et qui pense déjà à sa demi-finale d’Europa League contre Hambourg. Le prochain derby de Manchester s’annonce très chaud. Au fait, pour l’état de santé de Vieira, pas de nouvelles; tout ce qu’on sait, c’est qu’un problème au genou l’a empêché de jouer contre les Brummies. On ignore sa gravité, et on n’en tirera donc pas de conclusion hâtive. On ne sera pas moins inquiet pour autant. On le sera également (plus encore) pour William Gallas: même à Istanbul, quelques rumeurs me sont parvenues comme quoi, la Coupe du Monde, c’était bel et bien fini...
Avant de vous expliquer pour quelle raison c’est des bords du Bosphore que je vous parlerai ce soir, impossible de ne pas tirer un grand coup de fez à l’improbable Portsmouth qui, 24 heures après avoir été relégué, a fait frissonner de plaisir toute l’Angleterre, supporteurs de Tonttenham exceptés. On m’a dit que ce match n’avait pas été retransmis en France. Dommage. Si vous pouvez mettre la main sur la vidéo de la prolongation, mettez le sauvignon au frais, et préparez-vous à 30 minutes de folie. Et un mea culpa public – Avram Grant n’est peut-être pas Pep Guardiola, mais ce qu’il a accompli à Pompey tient du miracle. Il était très ému au coup de sifflet final. ‘C’est au delà du football’, dit-il. En fait, non: le football, le vrai, c’est celui-là.
Des joueurs qu’on paie en retard. Des ‘stars’ qui se font la malle. Un club qui se noie. Et au bout de cette catastrophe? Une place en finale de la FA Cup, après avoir infligé une terrible humiliation à l’ennemi public numéro 1 du côté de Fratton Park, Harry Redknapp. Que devait penser Jamie O’Hara, que Tonton ‘Arry avait décidé de placer en location-vente à Portsmouth? Il n’a pas joué dimanche – les termes de son prêt l’en empêchaient -, mais il sera bien sur la pelouse de Wembley quand ce sera au tour de Chelsea d’essayer de mettre fin au plus beau conte de fées de cette saison anglaise. Et il faudrait avoir le coeur bien dur pour ne pas espérer que, le 15 mai, Frédéric Piquionne (11 buts en 2009-10!) posera ses mains sur le plus ancien des trophées du football mondial, et qu’on entendra encore une fois les légendaires ‘Pompey Chimes’ saluer une deuxième Cup en trois ans. Avec des supporteurs comme ceux-là, rien n’est impossible.
Mais vous vous demandez – qu’est-ce que fiche Philippe en Turquie? Je vous rassure: il s’agit bien de football. La Fédération turque avait invité une quinzaine de journalistes étrangers pour qu’ils découvrent par eux-mêmes quels arguments la Turquie peut avancer pour obtenir de l’UEFA l’organisation de l’Euro 2016 – ce qui nous concerne, nous autres Français, au plus haut point, même si beaucoup sont convaincus que ‘ça se jouera entre la France et l’Italie’. Ben voyons. De la même façon que la Pologne et l’Ukraine ‘n’auraient jamais l’Euro ensemble’. Entre nous soit dit, à l’époque, quel était le dossier technique qui avait reçu les meilleures notes de la commission d’inspection de l’UEFA, laquelle vient de passer trois jours en Turquie? Parfaitement: nos amis ottomans.
Et après 48 heures passées ici à regarder, parler, écouter (et tomber sous le charme de cette ville insensée), je comprends mieux pourquoi. Le choix de la Turquie – seul grande nation de l’Islam à avoir été fondée (ou réinventée par Atatürk, si vous préférez) sur le principe de la laïcité – aurait une dimension politique et ‘universaliste’ qui en séduira beaucoup à l’UEFA. L’Europe qui tend la main au monde musulman – et le monde musulman qui tend la main à l’Europe: ç’est un message très, très fort en 2010. Les Turcs le savent, et jouent cette carte avec beaucoup d’habileté, sans en rajouter, mais en s’assurant qu’on ne l’oublie pas. Ils ont aussi eu l’astuce de présenter leur dossier en l’articulant autour des objectifs de l’UEFA (garantir un ‘héritage’ à la compétition, développer les racines du football dans leur pays, etc, etc) plutôt qu’en mettant en avant leur histoire et leurs acquis. Une candidature tournée vers l’avenir, donc. La population la plus jeune d’Europe (50% des Turcs ont moins de 29 ans, et tous sont dingues de football), une économie que la crise a moins touchée que ses rivales, des investissements publics colossaux (900m€ mis de côté pour la rénovation et la construction des stades, 20 milliards – 20 milliards! - pour l’amélioration du système de transports d’ici 2016), un parc hôtelier considérable, avec régulation des tarifs ‘au cas où’, je pourrais continuer longtemps de la sorte. On appréciera cela à Nyon le 28 mai prochain, date du vote décisif. Portsmouth nous l’a encore montré dimanche – gaffe aux outsiders!
Deux gags pour vous quitter. Une stat’, pour commencer. Rory Delap – 26 passes seulement, mais 27 touches effectuées. Ce doit être un record. Le football selon Tony Pulis, le voilà. Et un détail qui ne s’invente pas: la marque d’eau minérale servie dans mon hôtel stambouliote a pour nom...‘Pinar’.
Serefe!