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Philippe Auclair 19/04

  • Paul Scholes, championnnat, Arsenal....
  • Tout le foot Anglais par Philippe!

Un gamin nommé Paul Scholes

Le ciel de Londres était de la couleur du maillot de Manchester City en ce week-end, vierge de tout graffiti, quand, d’ordinaire, il est zébré de dizaines de fils blancs. Tous les avions étaient restés collés au sol. Manchester City également, la faute à un volcan qu’on croyait éteint. 92’46” de jeu: Paul Scholes surgit et permet à United d’y croire encore.

Surpris? Pas tant que ça. Dans un derby qui n’a pris feu que dans les dernières minutes, Roberto Mancini avait choisi d’appeller les pompiers d’entrée de jeu. Comment dit-on ‘prise de risque’ en italien? Je l’ignore. L’expression ne figure de toute façon pas dans le petit Mancini illustré. Zéro soutien pour son trio d’attaquants Bellamy-Tevez-Adebayor. Adam Johnson, qui fit passer quelques moments délicats à Patricer Evra, remplacé par Patrick Vieira (sur lequel on ne dira rien, parce qu’il n’y a rien à dire qu’on n’ait déjà dit) alors que ce match cherchait encore un vainqueur. Des latéraux (Onuhoa, qui a finalement décidé de ne pas postuler à l’équipe du Nigéria, et Bridge, de retour après avoir été opéré d’une hernie) qui montent trois fois par mi-temps, et encore...Qu’espérait-il, Mancini? Mettre un but en contre? Prendre le 0-0? Et qu’auront pensé ses richissimes patrons du triste spectacle offert par ses joueurs?

Comme au match aller, quand Michael Owen avait marqué le but du 4-3, c’est dans les arrêts de jeu que United a fait la décision. Mais autant le City de Hughes avait bougé MU, autant celui de Mancini a paru plat, sans imagination, dénué de passion – devant un public qui n’en manquait pourtant pas. Je vous le dis depuis des mois – en fait, depuis que le chômeur de l’Inter est arrivé en Angleterre -: l’an prochain, un autre manager sera assis sur le banc à Eastlands.

United, par contre, m’a impressionné; moins dans le jeu que dans son attitude, c’est vrai. Mais au sortir d’une période épouvantable pour le champion d’Angleterre, Sir Alex a su motiver ses troupes, à la tête desquelles Scholes, superbement protégé par Fletcher et Gibson, a pu distiller ses passes et donner le tempo du match, dont il écrivit le point final. Où est le Barry d’Aston Villa et de la sélection anglaise? Enfoncé par un footballeur plus près de 40 ans que de 30, et qui a de nouveau montré pourquoi Ferguson a décidé de lui faire confiance une saison de plus.

La surprise n’est pas venue d’Eastlands, mais de White Hart Lane. Personne ne l’avait vue venir – au point qu’au moins un bookmaker avait décidé de payer (avant le match, s’entend) les parieurs qui avaient misé sur Chelsea pour le titre. Ce fut un naufrage, pour lequel il n’y aucune excuse. Le pénalty sifflé pour la ‘main’ de Terry? Sévère, sans doute, au regard de ceux qui n’avaient pas été accordés à Bolton mardi dernier. Hormis qu’un autre pénalty aurait sans doute dû être donné à Tottenham avant celui qui permit à Jermain Defoe d’ouvrir la marque, l’équipe de Redknapp a tout simplement été brillante, avec un Modric qui aura montré à Carlo Ancelotti ce qui manque toujours à ses Blues en termes de créativité, et un Gareth Bale qui joue sur un nuage en ce moment, et a probablement signalé la fin de la carrière de Paulo Ferreira au Bridge.

Comme tout le monde, je pensais que Tottenham serait épuisé, mentalement autant que physiquement, après sa victoire sur les Gunners mercredi soir. Comme tout le monde, je sous-estimais les progrès accomplis par cette équipe qui, lorsqu’elle trouve son rythme, pratique un football à ravir. Un mea culpa de plus!

Le succès sur les Gunners avait été acquis en exécutant à la perfection le plan tactique mis en place par Redknapp et Joe Jordan: forcer Arsenal à jouer sur les côtés, sachant que Dawson et King pourraient étouffer Bendtner, trop esseulé. Contre Chelsea, Tottenham a montré une autre capacité: celle d’imposer un jeu vif, direct, enthousiasmant face à un cador du championnat. Tottenham, en fait, a montré à Manchester City que ce n’est pas en étant timide qu’on peut remporter un derby. Pour cela, on espérera qu’ils tiendront bon, pour faire enfin découvrir la Ligue des Champions au public de White Hart Lane.

L’inter-saison risque d’être agitée à Arsenal, au vu de ce que laissait entendre Wenger après la capitulation honteuse des Gunners à Wigan. Cela fait longtemps qu’on sait que Chamakh va arriver à l’Emirates – on sait aussi désormais qu’il ne sera pas le seul. Un nouveau gardien, un défenseur central, un milieu défensif...Ca ne vous rappelle pas quelque chose? Exactement ce que réclamaient les supporters il y a un an de cela. Arsène a parié, Arsène a perdu. Mais avant de rejoindre le clan des critiques du ‘Neverland’ cher à Daniel, n’oubliez pas qu’Arsenal sera passé tout près de l’exploit. N’oubliez pas qu’avec van Persie, les Gunners (j’en suis convaincu à 100%) auraient été champions d’Angleterre. N’oubliez pas cette effrayante série de blessures de longue durée qui a miné Arsenal tout au long de l’année: Fabregas, RvP, Walcott, Gibbs, Ramsey, Gallas, Archavine, Song, Vermaelen, tous y sont passés. Mais c’est ainsi. Manchester United a passé l’automne sans défense, et a survécu. Arsenal a fini par plonger, et la question n’est pas seulement de savoir qui va venir (Joe Hart? Felipe Melo? Gary Cahill?), mais aussi qui va partir. Je ne parle pas de Cesc, dont Sport a annoncé ce matin qu’il avait rencontré Laporta au Maroc (sans en avancer quelque preuve que ce soit). Je parle de joueurs comme Fabianski, Denilson, Rosicky et quelques autres. De joueurs qui n’ont pas , ou plus (dans le cas, bien triste, du Tchèque) la carrure de ces patrons dont Arsenal a si visiblement besoin. Campbell, lui, restera. Car lui est un patron. De 35 ans. Comme Paul Scholes.

Un dernier mot, en forme de coup de gueule contre un certain Rafael Benitez. Voilà des mois que je m’interroge sur sa gestion suicidaire de Fernando Torres. En décembre déjà, je vous disais n’y rien comprendre: le nino avait besoin de souffler, et longtemps. Benitez a refusé de le faire, le ramenant dans le grand bain dès qu’il était capable d’aligner deux sprints. Résultat? L’un des meilleurs footballeurs du monde ne sera peut-être pas en Afrique du Sud en juin. Torres n’aura joué que 1715 minutes en championnat – soit l’équivalent d’un match sur deux. Il s’agit d’un tout autre cas de figure que celui de William Gallas, sur lequel Wenger n’a parié qu’une fois; Wenger avait d’ailleurs reconnu son erreur. Rafa, lui, a péché à répétition, et Liverpool en a fait les frais tout autant que la sélection espagnole. L’Espagnol est peut-être un maître-tacticien, mais son management humain est déplorable – surtout lorsque la première victime en est un footballeur qui n’est pas seulement un immense talent, mais aussi une des ‘stars’ les plus authentiquement attachantes du football mondial. Alors, croisons les doigts pour ‘Nando’, et espérons un miracle...