Philippe Auclair - 2/11 - Taxi pour Maicon!

L'insomniaque a fait un beau reve a Tottenham...
‘Taxi pour Maicon!’
Je vous le dis souvent: si vous voulez une ambiance ‘à l’anglaise’, allez du côté de White Hart Lane. Les supporters des Spurs sont parfois un brin trop enthousiastes (et plutôt inquiétants) quand on émerge de Bill Nicholson Way la nuit tombée. Mais dans le stade...quel bonheur.
Quel bonheur, et quel privilège d’assister à un tel match, le nez sur la pelouse, sur la ligne médiane, à portée de voix de Redknapp et de Benitez, même dans un tel boucan.
On ne parlera que de Gareth Bale dans les gazettes, la réincarnation de Ryan Giggs (hélas pour l’Angleterre), et on n’aura pas complètement tort. En deux matchs contre l’Inter, le Gallois de 21 ans, trois buts et deux passes décisives, a montré à l’Europe ce que tous ceux qui suivent le foot anglais savent depuis deux ans au moins: qu’un immense talent exerce son métier dans le nord de Londres. Moment inoubliable – après qu’il avait tué Maicon pour la énième fois, la foule, avec ce génie si anglais, chanta tout ensemble, ‘taxi pour Maicon, taxi pour Maicon!’
Mais les Spurs, ce soir, ce n’était pas que Bale, de loin s’en faut. C’était la paire Gallas-Kaboul, impériale dans un match joué à mille à l’heure par deux équipes qui voulaient d’abord marquer. Assou-Ekotto, impeccable. Huddlestone, précis et inspiré dans la distribution. Et mon chéri Luka Modric, qui a frôlé le génie par moments, et signé sa plus belle partition pour les Spurs, alors qu’il avait Wesley Sneijder face à lui. Le Croate a presque – presque – fait oublier le Néerlandais.
Ce n’était qu’un match, certes. Rien n’est joué, et le déplacement à Twente, le dernier jour de la phase de poule, sera sans doute décisif. Tottenham, leader de son groupe à la difference de buts, peut parfois avoir le goût d’un champagne éventé; mais quand il pétille, il s’agit bien de l’une des plus belles équipes d’Europe. Non pas l’une des meilleures – l’une des plus belles. Le ‘personnage’ de Harry Redknapp m’exaspère; mais le manager mérite notre admiration, pour cet esprit d’aventure qu’il sait instiller à tous ses joueurs. Rendons-lui, rendons-leur hommage. Le bonheur est bien dans le pré, quand on y joue comme ça.