Philippe Auclair 22/03

En hors d’oeuvre, le XI du weekend:
Gordon (pour le 2ème week-end d’affilée) – Eboué, Vidic, P. Jones, Belhadj- Valencia, Song, N’Zonzi, Diaby – Doyle, Tevez....
Et de six pour Arsenal: six victoires d’affilée, bien sûr. Celle-ci était prévisible – Gianfranco Zola avait laissé au repos son meilleur milieu de terrain, Scott Parker, dont le prochain avertissement entraînera une suspension de deux matchs; autant dire qu’il acceptait d’emblée l’idée d’une défaite honorable. Une fois de plus, cependant, ces 3 points ont été acquis dans la douleur. Et je ne parle pas de celle que doivent encore ressentir les chevilles de Cesc Fabregas, qui se souviendra de Velon Behrami. Curieux, mais, paradoxalement, encourageant pour les Gunners: s’ils ont un mal fou à ‘tuer’ leurs matchs, ils ont aussi la capacité de relever les manches et de combattre jusqu’au bout, sans rien perdre de leur fluidité technique. Leur meilleure phase du match? En 2ème période, réduits à 10, dans le quart d’heure qui suivit l’introduction de Diaby, une fois de plus épatant. Pierre Mankowski était là pour observer (pour le compte de la FFF, of course) les Bleus des Gunners et aura vu un Clichy redevenu lui-même (qui n’est pas dans mon XI uniquement parce que je voulais tirer un coup de chapeau aux joueurs si accrocheurs de Portsmouth, dont Belhadj est peut-être le plus régulier avec Jamie O’Hara) et un Diaby vif, lucide, capable de gestes techniques ahurissants, bref un Bleu non pas en puissance, mais de droit, capable de jouer récupérateur, milieu excentré, attaquant de soutien avec un égal bonheur. Mankowski aura aussi vu le meilleur milieu défensif de la Premier League, Alex Song, offrir un match quasiment parfait, y compris lorsqu’il dut glisser en défense centrale après l’expulsion si sévère de Thomas Vermaelen. Paul Le Guen a de la chance de pouvoir compter sur un joueur pareil. Le boucan à l’Emirates était inouï à la fin du match. ‘Top of the League, say we’re top of the League!’ Et s’ils y revenaient, hein?
Mais pour cela, il faudra battre Tottenham à White Hart Lane, Tottenham qui jouera sans doute alors sa qualification pour la Ligue des Champions, Tottenham qui montre aujourd’hui des qualités que je ne lui soupçonnais pas, et dont il faut bien louer Harry Redknapp, malgré toutes les réserves (et bien pire) qu’on peut et doit avoir sur son style de management. Cela dit, je sens toujours de la fragilité dans cette équipe – les 10 dernières minutes contre un Stoke réduit à 10 ont été une torture de tous les instants. Et l’absence conjuguée de Defoe et de Pavliyoutchenko va faire très mal. Modric est une merveille de numéro 10, et Krancjar n’est pas mal non plus...mais, mais, mais, cette défense...
Un match nul de plus pour Aston Villa, voilà qui fait beaucoup – qui fait trop. Le 6ème en 2010. Soit 12 points de perdus, pas 6 de gagnés. Et que ce fut difficile...OK, il s’agissait d’un derby, et face à des Wolves qui se bagarrent comme des chiens (quel match de Kevin Doyle!), mais la répétition des matchs avec un effectif qui tourne très peu commence à se faire sentir, comme tous les ans depuis que O’Neill est arrivé à Villa Park. Et Milner ne peut pas tout faire tout seul. Il manque un animateur offensif à cette équipe bâtie pour jouer le contre contre plus ‘gros’ qu’elle (voir les résultats des Villans contre le Big Four cette saison, comparer avec ceux contre les ‘petits’). Or je l’ai dit, je le répète: un championnat se joue contre plus petit que soi. Et Villa ne convainc pas dans ce contexte, surtout quand Agbonlahor n’est pas là. La 4ème place? Pas pour cette fois, j’en ai peur. Pour City, par contre, l’espoir demeure, après une victoire bizarre à Fulham. Bizarre, parce que Fulham était visiblement vidé, carbonisé par son exploit contre la Juve en Europa League jeudi soir, et qu’il s’en est fallu d’une décision arbitrale – un pénalty non accordé - pour que l’équipe du grand Roy Hodgson ne recolle au score en toute fin de match. City a parfaitement géré les 45 premières minutes, avec un Tevez de feu et un très bon Adam Johnson. Après quoi, on retrouva un onze emprunté (à qui?, aurait dit Alphonse Allais), qui finit en 4-3-2-1, et dans lequel Patrick Vieira joua 90 minutes...comment dire? Sobres, mais anonymes. Pas celles d’un mondialiste, en tout cas. C’est curieux, je persiste à croire que Liverpool a les moyens d’aller chercher la 4ème place. Je ne comprends pas ces phases ‘en creux’ de City, qui n’a toujours pas joué 90 minutes totalement convaincantes.
Et cela, malgré le 1-2 de Old Trafford, et la méforme si déprimante de Steven Gerrard. United a fait le boulot, ni plus ni moins. Mais ‘faire le boulot’ est exactement ce qu’ils avaient fait l’an dernier pour devenir champions. Valencia a de nouveau été superbe, Evra aussi, y compris défensivement, Rolland! Rooney a paru plus en retrait, comme toujours face aux Reds. La différence a été faite par la charnière centrale Vidic-Ferdinand, qui n’est pas loin de son vrai niveau – n’était un but génial de Fernando Torres, que je vous convie à voir et revoir, tant pour le mouvement dans la surface que pour l’exécution du coup de tête. On reparlera de United dans l’after (croyè-je), aussi passerai-je au cas très, très inquiétant de Chelsea.
Blackburn, tous les fans des Blues s’en souviennent, c’est là que John Terry avait jeté son maillot dans la foule pour célébrer un titre mourinhien. Dimanche, c’est là que ce titre a probablement été perdu, à moins de l’emporter à Old Trafford début avril, ce qui ferait l’affaire d’Arsenal. Chelsea se battra jusqu’au bout, comme d’habitude, comme Drogba, mais quelque chose est cassé, comme la voix d’Ancelotti dans son interview d’après match avec la BBC. Michael Essien manque bougrement aux Blues, hein?... La blessure d’Ivanovic sera elle aussi préjudiciable. La défaite contre l’Inter était – quand on revoit le match, ce que j’ai fait – bien moins ‘évidente’ qu’il a paru à certains commentateurs; elle s’est jouée sur quelques faits de match, pas sur une prétendue supériorité tactique de Mourinho sur Ancelotti. Un match ‘hors-contexte’, comme l’était celui contre Manchester City en février. Celui contre Blackburn était ‘en contexte’, et c’est pour cela qu’il est inquiétant. A tout de suite au micro!