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Philippe Auclair 25/10

Nasri, homme du match pour Arsenal – Liverpool se réveille, enfin!...et, comme chaque lundi, les moments forts du week-end de Premier League.

Le dernier match du week-end était aussi le plus attendu. City, les tombeurs de Chelsea, recevaient Arsenal, fraîchement sorti d’une démonstration de leur classe en Europe face aux vainqueurs de la dernière Coupe de l’UEFA de l’histoire, Chaktior Donetsk. Un fait de jeu – l’expulsion méritée de Boyata, qui faucha Chamakh alors que celui-ci partait au but – a-t-il déterminé l’issue de ce choc du nouveau Big Four? Je n’en suis pas certain, tant City montra de cran, d’enthousiasme et d’imagination à dix contre onze. Arsenal, qui n’avait pas gagné à Eastlands depuis trois ans, et n’avait pas préservé son but inviolé à l’extérieur depuis le 27 janvier, dut se battre comme un chien pour préserver sa victoire. City, en fait, n’avait pas produit autant de jeu depuis leur succès au Bridge l’hiver dernier, du temps où Tevez et Bellamy faisaient la paire . David Silva fit grosse impression, tout comme Micah Richards, revenu (youpi!) à son meilleur niveau, et notre chouchou Carlito Tevez, hélas obligé de quitter la pelouse en tout début de seconde période après avoir reçu un choc à la cuisse. Espérons qu’il soit sans gravité. City n’est plus City sans l’Apache.

Mais Arsenal tint bon, avec un Fabianski auteur de trois arrêts déterminants, un Fabregas admirable, et un Nasri qui ne le fut pas moins, et qui, selon moi, méritait encore plus le magnum de champ’ de ‘Man of the Match’ que son capitaine. Les qualités techniques de Nasri, on les connait, et on en a eu de nouvelles illustrations: son but, magnifique, son septième en sept matchs (!), comploté avec un Archavine qu’on n’avait pas vu aussi efficace et inspiré depuis très longtemps; sa passe pour le but de Bendtner, après un numéro d’équilibriste sur la ligne de touche; et quantité d’autres gestes parfaits dans la conception comme dans la réalisation. Mais je retiendrai aussi la générosité de Nasri dans le travail de replacement défensif, et son volume physique dans les duels; et ça, c’est nouveau. On attendait l’ancien Marseillais dans un ‘gros’ match à enjeu. Il a répondu présent au rendez-vous. Bravo à lui – et à Wenger, qui a donné une nouvelle preuve que peu d’entraîneurs ont à ce point le chic pour faire progresser de jeunes talents.

Chelsea, vite fait! Vite fait, car, même si ça ne fut pas grandiose contre les Wolves, rien de bien nouveau: on aura encore été impressionné par la capacité des Blues de faire exactement ce qu’il faut, et ce, au retour d’un long déplacement à Moscou en milieu de semaine. C’est pour ça que les Blues sont champions en titre. Welcome back, Jose Bosingwa, peut-être le meilleur homme sur le terrain, après 12 mois d’absence. Coup de chapeau à Malouda, actuel Soulier d’Or de la Premier avec sept buts (un de plus samedi...); à Nicolas Anelka aussi, dans l’un de ses (très) bons jours; et à Youri Zhirkov, encore une fois implique dans tous les bons coups. Pas d’inquiétude pour ‘Flo’, au passage – le petit coup à la cheville qui a causé sa sortie n’était qu’un choc mineur.

‘Wayne qui?’, se demandait la presse britannique, d’humeur coquine ce lundi matin...et ce sera d’ailleurs la seule mention de l’affaire Rooney dans ce blog, car, franchement, je n’en peux plus! Et préfère garder quelques cartouches pour ce soir, étant certain que ma ‘polémique’ du week-end aura trait au duel Fergie/Wazza (et MU/Stretford), qui n’avait rien d’édifiant. Rooney est parti fêter son 25ème anniversaire dans un sept étoiles (oui, ça existe) à Dubaï avec Coleen. Laissons-le sur le bord de sa piscine. Il ne rejouera pas avant la mi-novembre, de toute façon. Parlons plutôt de ceux qui, eux, ont joué à Stoke hier.

Non, ce n’était pas du grand United. Evra milieu gauche? Eh beh...Van der Sar a paru fébrile, Fletcher beaucoup moins percutant que d’habitude. Mais Sir Alex aura été ravi (au delà du résultat, première victoire à l’extérieur de la saison, mine de rien) par le comportement de quelques éléments-clé de son groupe. Vidic? Monstrueux. Si Stoke n’a cadré qu’un seul tir, c’est grâce à lui. Dix duels aériens pour le Serbe – tous gagnés! Ferdinand a lui aussi fait très bonne impression, dans un rôle plus discret. Devant, le duo Berbatov-Hernandez a confirmé ce que je vous dis d’eux depuis le tout début de la saison – c’est-à-dire beaucoup de bien. Le Chicharito est un finisseur d’exception (son but inouï de la tête m’a rappellé celle d’un autre Mexicain, Jared Borgetti, au Mondial de 2002, vous vous souvenez?), qui respire la joie de jouer, et qui s’entend superbement avec le Bulgare, encore une fois très juste dans ses choix. De quoi donner des raisons d’espérer à tous les supporters des red devils. Oui, votre équipe est en transition, mais n’oubliez pas que vous êtes invaincus depuis vingt matchs! Même si United n’a pas le banc d’un futur champion (à la différence de Chelsea, de City et d’Arsenal – à tout le moins dans le secteur offensif en ce qui concerne les Gunners), je verrais bien ces Mancuniens réserver le meilleur de leur football pour la Ligue des Champions...dont la finale se joue à Wembley, si je ne m’abuse.

Roy Hodgson espère que Liverpool a ‘passé un tournant’. OK, ce n’était ‘que’ Blackburn, et sans Nelsen ou Samba, de plus. OK, les reds se sont faits peur après l’égalisation de...Jamie Carragher. Ce qui me permet de partager une petite stat’ avec vous. C’était le 7ème ‘csc’ de la carriere de Carra. Pas mal. Mais pas un record en Premiership, qui appartenait depuis la veille à Richard Dunne, lequel a désormais trompé son propre gardien à huit reprises!

Mais revenons à ‘Pool. L’une des choses les plus encourageantes pour les Reds, au delà du nombre d’occasions qu’ils se sont créées, est qu’on a enfin senti le public d’Anfield être à 100% derrière eux, du début à la fin. Est-ce cette ferveur qui a réveillé Steven Gerrard? Il a en tout cas pesé sur le jeu plus qu’à quelque autre moment de la saison. Pour Torres, attendons – ce but plutôt classe lui redonnera un peu de la confiance qui l’a déserté depuis tellement longtemps. Liverpool demeure relégable, mais je persiste à penser qu’il s’agit d’une aberration. Et à tous ceux – les ‘dalglishiens’ en tête – qui critiquent les choix tactiques ‘frileux’ de Hodgson, un mot: son équipe était organisée exactement comme elle l’était lors des matchs précédents, et avec les mêmes joueurs, mais a paru libérée cette fois. Pourvu que ca dure.

Je m’aperçois en être déjà au millier de mots, ce qui fait beaucoup. Mais une dernière chose, avant de vous quitter – et de vous retrouver en tchat’, comme tous les lundis, à partir de 19 heures: fini, le temps où les promus étaient invariablement la ‘chair à canon’ de la Premier League? On peut l’espérer. Blackpool a peut-être perdu à Birmingham City, mais garde le nez hors de l’eau. Newcastle, beau vainqueur 2-1 à West Ham, est ancré dans le Top 10 et y restera. Et il y a West Brom, l’épatant West Brom, club yo-yo s’il en est (quatre promotions et trois relégations en huit saisons!), à qui l’on promettait la descente dès la première journée – après que Chelsea leur avait passé six buts sans réplique. Mais Roberto Di Matteo, le manager qui avait orchestré leur montée dans l’élite, a redressé la barre de manière spectaculaire depuis. ‘Spectaculaire’ dans les résultats (victoire à Arsenal, nul à Old Trafford) comme dans la manière: les Baggies (comme Blackpool et Newcastle, d’ailleurs) pratiquent un jeu porté vers l’avant, totalement décomplexé, le signe, peut-être, que la recette ‘béton-balance’ privilégiée par les ‘petits’ de la Premiership ne paie plus – à preuve le parcours piteux des Wolves, qui n’ont pas gagné depuis le 14 août. A West Brom, on attaque, même quand on s’appelle Youssouf Mulumbu, buteur samedi contre Fulham, ce qui étonnera sans doute ceux qui le suivaient du temps où il jouait au PSG. Un autre ancien pensionnaire de Ligue 1, le Guyanais Marc-Antoine Fortuné (passé par le LOSC et Nancy) fut d’ailleurs l’auteur du but décisif au Hawthorns. Mulumbu, Fortuné: pas vraiment des stars, plutôt des symboles de ce qu’un jeune entraîneur de talent peut accomplir avec un groupe qui croit en lui, et qui se retrouve aujourd’hui à une place européenne au mérite: “Nous ne regardons pas le classement”, assurait Di Matteo au terme de la victoire sur Fulham. “Ce n’est pas là où nous sommes en ce moment qui est important, mais là où ne serons à la fin”. Au vu de ce qu’il a accompli jusque-là, ce ne sera probablement pas dans la charrette à destination du Championship.

Bye for now...

Philippe