RMC Sport

Philippe Auclair 26/04

Tout sur le foot Anglais, c'est ici avec Sir Philippe!

Boring, Boring Chelsea...

Et de un, et de deux...et de sept. Vous vous souvenez d’un club de Premier League qui passe sept buts à l’un de ses adversaires pour la troisième fois en l’espace de quelques mois, comme Chelsea l’a fait à Stamford Bridge ce dimanche? Moi pas. Pour mémoire, avant Stoke, Sunderland (2-7) et Aston Villa (1-7) avaient fait les frais de cette capacité du boa bleu à serrer toujours plus ses anneaux lorsqu’il sent sa victime expirer. Chelsea en est à 93 buts cette saison; ce qui, entre nous, est le meilleur total de quelque équipe que ce soit dans quelque championnat que ce soit, mieux que le Real, mieux que le Barça, et déjà un nouveau record en Premiership. ‘Chelsea nous a baissé le pantalon, et flanqué une bonne fessée’, dit ensuite Tony Pulis, qui en réservait certainement une autre à sa façon à ses joueurs de Stoke le lendemain matin. L’homme à la casquette de base-ball dit aussi: ‘nous avons eu de la chance de finir avec zéro but’, et on comprenait aisément la boutade. Ses bestiasses avaient déjeuné au valium.

Mais Chelsea? Qu’a-t-on appris qu’on ne savait déjà? Rien, ou presque. L’absence de Terry, suspendu, n’a rien changé: Stoke mordait avec des dents de lait. Lampard a marqué un but qui ferait crier au génie s’il s’appellait Fransico plutôt que Frank. Anelka a anelké, sans plus. Malouda, dans un rôle différent, plus reculé, et plus axial, a de nouveau épaté par sa lucidité, son tonus, son imagination, même si c’est avec un hat-trick qu’il aurait dû finir ce match. Ballack a joué comme un footballeur qui entend convaincre son club qu’il mérite un nouveau contrat. Mais ceci ne nous dit pas à quels Blues nous aurons affaire le week-end prochain, où il faudra aller gagner à Liverpool. Pas plus qu’on ne sait à quoi ressembleront des Reds bien flattés par leur 4-0 à Burnley, et franchement pas folichons pendant près de 60 minutes, avant que Steven Gerrard se réveille de l’étrange torpeur qui l’a saisie cette saison.

Liverpool espère perdre...

Ce n’est pas une plaisanterie de mauvais goût. Ils sont nombreux, ces supporters de ‘Pool qui ne veulent à aucun prix faire le sale boulot pour Manchester United. En effet, un quatrième titre de champion consécutif pour United leur donnerait 19 trophées en championnat...contre 18 pour Liverpool. Et quand on connait la haine que l’on a des Mancuniens à Anfield...Mais Liverpool a encore un –tout – petit espoir d’accrocher la 4ème place. A condition de battre Chelsea. D’où dilemme pour beaucoup de fans, même s’il n’est sans doute pas partagé par Benitez et ses joueurs. Bizarre, cette ambiance qui pèse sur les bords de la Mersey...La Juventus est convaincue, archi-convaincue que Rafa sera à eux l’an prochain, et toutes les informations que j’ai recueillies, et dont nous débattrons sans doute avec Didier, me font penser que le club turinois a raison de l’être. Manchester City veut Torres, et l’a dit. D’autres joueurs – Kuyt, Mascherano – seraient sans doute dans les bagages de Benitez. Quant à l’acheteur qui sauverait le club de Hicks et Gillett, qui donc peut-il être? Un voeu pieux?

Pendant ce temps, United fait ce que United doit faire: gagner, et sans Rooney. Au passage: ne vous faites pas trop de bile pour l’équipe d’Angleterre. Wazza ne souffre que d’une légère pubalgie, qui devrait être résorbée d’ici deux à trois semaines. MU a montré beaucoup de très bonnes choses samedi; Nani a confirmé ses progrès, et Berbatov (quoi qu’en disent ceux qui ne le comprendront jamais) a fait un match très plein. On sentait surtout une force collective, une conviction qui sont de bon augure avant les deux derniers matchs de la saison. Que United gagnera.

Tottenham, de son côté, s’accroche toujours à sa 4ème place, et j’espère de tout coeur qu’ils seront récompensés de leur état d’esprit quand on fera les comptes le 9 mai. Cette équipe a montré contre Arsenal, Chelsea et Man U qu’elle méritait sa place dans le Big 4. Vous savez ce que je pense de Redknapp (même si vous ne savez pas tout ce que je sais de lui), mais basta! Ils ont du culot, ces Spurs, de la gnac (ça, c’est nouveau), et un fond de jeu qui vaut mieux que celui de tous les autres candidats à la 4ème place. Pris ensemble, ce qui n’est pas difficile, quand on a dû subir le spectacle ignoble proposé par Manchester City à l’Emirates, contre un Arsenal saigné de ses meilleurs joueurs, fourbu, mentalement à sec, bref, plus que prenable. Quelle honte, M. Mancini! Avec un effectif pareil, tellement de talent, faire le choix du 0-0 avant le coup d’envoi, comme contre Man U, c’est criminel. Pauvre Carlito, qui n’avait souvent pas le moindre soutien à moins de trente mètres. Pauvre Bellamy, sacrifié sur l’autel du ‘réalisme’. Et même, pauvre Adebayor. Enfin, ‘pauvre’, à City, ce n’est peut-être pas le mot.

Oui, je sais, Vieira a joué, et la façon dont il a été reçu par son ancien public était très émouvante; celle dont il a accepté l’hommage de la foule, avec beaucoup de pudeur, l’était également. Il n’a pas été mauvais, non, pas brillant non plus. Le fait demeure: si son nom n’était pas Vieira, personne – personne – ne songerait aujourd’hui qu’il méritât sa place en équipe de France.

Villa, entre nous soit dit, ne valait pas beaucoup mieux ce week-end. Birmingham, superbe, aurait gagné ce match 99 fois sur 100; hélas pour la très belle équipe montée par Alex McLeish (leçon pour tous nos amis dirigeants: ça paie parfois de faire confiance à un manager quand son équipe est reléguée), cette fois, c’etait la 100ème. Villa est devenu tellement prévisible. Quand Carew a des ratés, tiens!, on a Emile! Et Emile fait son quart d’heure. Rien ne change vraiment. On défend. On balance, en espérant qu’Agbonlahor grille son vis-à-vis. Quand on a le ballon, euh...Martin, qu’est-ce qu’on fait? On tapote, on tripote, on tricote. En vain, le plus souvent: Villa a la plus mauvaise attaque (51 buts) du Top 8 anglais. Ah, misère...

Là-dessus, bye-bye – et bye-bye Hull et Burnley, qui ont rejoint Portsmouth dans ce que les Italiens appellent l’inferno. Mais aucun Dante n’écrira l’histoire de leurs saisons, encore que celle de Pompey mériterait un livre. Avec préface de Harry Redknapp, tiens, pendant qu’on y est.