RMC Sport

Philippe Auclair 26/10

Arbitrage: home, sweet home...

C’est enrageant, ces entraîneurs qui perdent et qui, à l’approche d’un micro, s’en prennent aussitôt à l’arbitrage. Exaspérant, même. Mais il était difficile de ne pas être d’accord avec Alex Ferguson qui, s’il admit la supériorité de Liverpool (une première?), remit en question plusieurs décisions cruciales de M. Marriner – à commencer par le refus d’un pénalty indiscutable pour une faute de Jamie Carragher sur Michael Carrick, qui aurait aussi dû lui valoir un carton jaune...lequel aurait pesé très lourd plus tard dans le match, lorsque le capitaine de Liverpool stoppa cyniquement Michael Owen sur le chemin du but. Je regardais le match dans la salle de presse à côté d’Alan Smith et de Ray Parlour (qu’on imagine mal être les fans no.1 de MU). Tous deux s’exclamèrent illico: ‘that’s a pen!’. Mais Anfield est Anfield, tout comme Old Trafford, Stamford Bridge et l’Emirates, etc, etc. En dehors des compétitions de Coupe (où le ‘petit’ a d’ordinaire le bénéfice du doute), le corps arbitral anglais, qui demeure le meilleur d’Europe, et de très loin, a du mal à ne pas donner un léger coup de pouce à qui reçoit. Entendons-nous: inconsciemment, innocemment. Mais quiconque va de stade en stade, saison après saison, l’aura remarqué. L’avantage de recevoir est aussi de recevoir un avantage. Et plus le club qui reçoit est ‘grand’, plus cet avantage est perceptible. Sir Alex le sait mieux que quiconque.

Arsenal – l’occasion manquée

Passez-moi l’expression: mais Arsène Wenger avait de quoi se les mordre à la conclusion d’un West Ham-Arsenal que ses Gunners auraient dû gagner par 3 ou 4 buts d’écart, tant le fossé technique entre les deux équipes était béant. Au lieu de quoi les Hammers ont pris un point précieux. Ce qui manque à Arsenal? Le killer instinct d’un Chelsea, par exemple. Malgré les scores-fleuve du début de saison, la capacité d’écraser un adversaire au sol. Et, parfois, un rien de lucidité et d’intelligence dans la gestion du jeu. A 2-2, et à 11 contre 10, avec 10 minutes à jouer (une éternité, comme quiconque a joué le sait), il suffisait de continuer comme auparavant: il y avait des boulevards sur les flancs de West Ham. Au lieu de quoi Arsenal allongea son jeu. Chercha la ‘passe qui tue’ quand il aurait fallu prendre davantage de temps. S’embrouilla, à l’image de Song, Clichy et Diaby. Et laissa filer une victoire qui les aurait remis dans le sillage de Chelsea. Si la leçon est apprise, ce ne sera pas une catastrophe. Mais elle devra l’être si Arsenal entend être champion – comme je suis convaincu qu’il en a les moyens.

L’Arme secrète de Chelsea...

Bon – pas si secrète que cela. Mais quel bonheur de revoir Joe Cole sur un terrain, et qui plus est, dans le rôle qu’il a toujours espéré jouer, et que Ranieri, Mourinho, Scolari et Hiddink ne lui avaient jamais donné: celui de numéro 10 derrière deux authentiques attaquants. Le gitan de l’East End fut par moments ébouissant. Aucun autre joueur offensif anglais, pas même Rooney, n’a des touches de balle aussi délicates que lui – je pense à particulier à une talonnade en mouvement, dos au but, destinée à un Nicolas Anelka une nouvelle fois superbe, et avec lequel Cole semble s’entendre comme un caïd avec un autre dans une cour de récréation. Certes, Blackburn, qui a pris 5 buts au Bridge après en avoir pris 6 à l’Emirates, est de ces obstacles qu’on écarte avec la semelle, sans y penser, et d’autres corrections attendent les Rovers de ‘Big Sam’. Et tant mieux: Allardyce, dit ‘le morse’, se plaignait après la rencontre que ses joueurs aient ‘essayé de jouer au football’. Il préférerait sans doute aligner un XI de videurs de boîte de nuit. En attendant, il vide Ewood Park.

Martinez, encore...

Vive Wigan! Et vive Roberto Martinez, dont je vous parle presque chaque semaine, je sais, mais que voulez-vous? Ce qu’il est en train de faire avec son équipe saignée à blanc (Palacios, Valencia, Cattermole l’ont quittée depuis janvier) est tout simplement remarquable. Eh, ‘Big Sam’, tu sais quoi? Wigan ‘joue au football’. Et gagne. Hugo Rodallega est en passe de devenir une terreur du football anglais. Charles N’Zogbia est devenu un patron. Titus Bramble fait dix fois moins d’erreurs qu’avant (une seule par match, donc). Et un coup de chapeau tout particulier à Mohammed Diamé, le natif de Créteil et ancien Lensois qui, après deux ans passés en Espagne (avec Linares et Rayo Vallecano), a découvert la Premier League cette saison. On pourrait aussi bien dire que la Premier League a découvert Mohammed Diamé, qui abat un travail énorme en milieu de terrain, et a déjà mis les supporters des Latics dans sa poche. Le coup de chapeau est d’autant plus mérité que Diamé a dû surmonter de gros problèmes de santé (troubles cardiaques) dans sa jeune carrière. Martinez a eu l’audace (et le nez) de parier sur lui – un signe de plus de la qualité de ce manager. Une place dans le Top 10 est promise au manager espagnol que s’arracheront bientôt les plus grands clubs, ce qui ne surprendra pas ceux qui suivent le Championship anglais, autant dire la D2, là où le ténébreux Roberto s’était révélé avec Swansea. Ceux d’entre vous qui auront suivi un fantastique Derby-QPR (2-4, avec un Adel Taarabt magique) savent pourquoi, en termes d’affluence globale, cette D2 attire plus de spectateurs que la Liga ou la Serie A. Pour les autres, un conseil: laissez-vous tenter le week-end prochain...

Post-scriptum: Harry hoquète...

Ah. Stoke qui gagne à White Hart Lane. Merci bien Glenn Whelan, qui a marqué d’une frappe qui ressemblait à s’y méprendre à celle qui avait donné l’avantage à l’Irlande contre l’Italie (MM. Les Bleus, vous êtes prévenus). Si je dis merci, c’est que j’avais misé quelques livres sur City. C’est que je ne ‘sens’ pas ces Spurs. Je les trouve friables, fragiles, parfois brillants, jamais vraiment sûrs d’eux. Et que de blessures...King out, comme d’habitude, Woodgate qui fait son retour, et doit quitter le terrain, Lennon qui se blesse à la cheville, Modric bien loin de revenir, Defoe suspendu: le derby du nord de Londres – samedi prochain - ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour ‘Arry. Les Spurs sont toujours capables de faire un coup, à l’Emirates ou ailleurs. Mais on a l’impression que le casse réussi, il se feront prendre par la volante au premier virage.

A plus!

Philippe