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Philippe Auclair 6/12 - Chelsea en crise, Nasri en vedette...

C'est quoi, la vraie surprise: le champion qui perd encore des points? Ou Arsenal qui pointe en tete du championnat?...quelques elements de reponse...

Ce ne devait être qu’un week-end de transition, en l’absence de ‘grosses’ affiches, Liverpool-Aston Villa ne se jouant que lundi soir. Mais dans un championnat dont Wenger dit que ‘chaque rencontre est un match de Cup’, on aurait dû se douter que quelques surprises seraient au rendez-vous. Que Tottenham ne ramène qu’un point de St Andrews n’en était pas vraiment une: Birmingham City jouait en dessous de sa valeur réelle depuis trop longtemps, et ,au cours de ces dernières semaines,on avait senti un frémissement dans cette équipe d’ordinaire si difficile à bouger chez elle. Les Spurs, sans van der Vaart, sans Kaboul, manquent toujours d’un rien de constance en championnat, ce qui, vu la concurrence en haut du tableau, devrait leur interdire une place dans le Top 4 en fin de saison. En Ligue des Champions, par contre, bonne chance à qui tombera sur les Spurs en 8èmes!

Mais que dire de Chelsea? Encore deux points de perdus et, surtout, une performance indigne d’un champion en seconde période, alors que les Blues menaient pourtant au score. Je n’ai jamais vu Carlo Ancelotti aussi remonté qu’après cette nouvelle déconvenue – qui fait que Chelsea n’a pris que cinq points sur dix-huit lors des six dernières journées, et vu une avance de cinq points se transformer en un retard de deux en l’espace d’un mois. ‘Nous avons oublié notre football’, dit-il. Et pourtant, John Terry était de retour, tout comme Michael Essien. Frank Lampard, lui, est de nouveau absent ‘pour deux semaines’...c’est long, deux semaines dans le calendrier de l’infirmerie de Stamford Bridge. Une éternité.

Oui, quelque chose est cassé – comme à l’époque d’un certain 1-1 contre Rosenborg en Ligue des Champions, qui précipita le départ de José Mourinho. Ancelotti en parait presque désemparé. Mais le temps presse. Le déplacement à Marseille ne sera qu’une parenthèse vite refermée, l’occasion de replonger dans le bain quelques jeunes, la 1ère place du groupe de C1 étant déjà assurée. Mais derrière? Tottenham à White Hart Lane, dimanche. Manchester United au Bridge. Arsenal à l’Emirates. Ce pourrait être l’occasion de relancer la machine; ou qu’elle cale pour de bon. Samedi, contre des Toffees qui méritaient peut-être trois points, on a senti des Blues qui avaient peur de jouer. Qui en porte la responsabilité? Pas Ancelotti. Ses joueurs, sans doute. Mais avant tout Roman Abramovitch, dont les plans sont de plus en plus mystérieux, pour ne pas dire incompréhensibles. Carlo se dit ‘inquiet’. On le serait à moins.

Le même jour, de l’autre côté de la capitale, il n’était pas question de peur – pas pour Samir Nasri, en tout cas, même si les fans des Gunners auront craint pour leur équipe jusqu’à la dernière seconde, contre un Fulham qui a livré son meilleur match de la saison.

Vous avez tous vu les deux buts-chefs d’oeuvre de l’ancien Marseillais, qui a désormais marqué onze fois en dix-neuf rencontres pour les Gunners, un rendement extraordinaire pour un joueur qui n’est jamais déployé comme attaquant, mais plutôt comme un meneur de jeu excentré. Je doute que quelque joueur que ce soit en Europe ait inscrit un doublé d’une telle classe ce week-end. Le calme, la technique, la présence d’esprit (et du corps), Nasri avait tout. Le plus important? Sa régularité. Sans doute Samir bénéficie-t-il de son repos forcé lors du Mondial. Il a abordé la nouvelle saison plus frais, plus affamé que d’autres, d’autant plus qu’une blessure l’a handicapé pendant les premières semaines. Mais il est aussi clair qu’il a mûri. Tout n’est pas parfait. Il lui arrive encore de disparaître pendant trop longtemps, et ses proches devront prendre garde à ce que le concert de louanges qu’il entend en musique de fond en ce moment ne lui fasse croire qu’il a déjà accompli tout ce qu’il pouvait accomplir. Pour Arsenal, mais aussi pour les Bleus, on peut et doit espérer que ce ne soit pas le cas. Nasri taille patron? On prend, tout de suite!

Cela dit, jamais une équipe anglaise n’a gagné le championnat avec une défense aussi fébrile que celle d’Arsenal depuis la création de la Premier League en 1992. Je ne vous parle pas du nombre de buts encaissés, mais de la panique qui s’installe chez les Gunners dès que leur adversaire revient (ou recolle) au score. Discipline tactique? C’est quoi, au juste? Que faisait Alex Song au poste d’ailier droit quand Fulham pressait son back-four, obligé de balancer à l’aveuglette? A quoi pensait Sébastien Squillaci, sans cesse mis en difficulté par les appels pourtant évidents de Diomansy Kamara? Thomas Vermaelen ne reviendra pas avant janvier, victime d’une douleur persistante au tendon d’Achille à laquelle les médecins d’Arsenal ne comprennent rien. Laurent Koscielny, victime d’une commotion cérébrale, sera sans doute indisponible pendant une quinzaine de jours. Pour les Gunners, qui joueront bientôt contre Manchester United (dont le match a été reporté, le terrain de Blackpool n’étant pas chauffé) et Chelsea, la solution sera sans doute d’aller de l’avant comme jamais, avec ‘Super Sam’, Archavine (retrouvé) et van Persie pour affoller les adversaires, Chamakh (en net retrait samedi) à l’affût. On ne s’ennuiera pas, c’est sûr.

Manchester City est toujours là, notez-le. Pas brillant-brillant, certes: huit buts seulement marqués à domicile, ce qui est le plus faible total dans cette catégorie de toute la Premier League! Mais cela n’empêche pas les Citizens d’être placés en embuscade, à trois points du leader. La presse anglaise en a fait des tonnes sur l’altercation qui a eu lieu entre Carlos Tevez et Roberto Mancini lorsque ce dernier a fait sortir l’Apache....à la 90ème minute. Beaucoup trop, à mon avis. Tevez, ce n’est plus un secret, songe sérieusement à quitter le monde du football; il a les nerfs à vif. Sa famille lui manque, l’Argentine lui manque – mais il se bat toujours, évidemment; quel joueur donne-t-il plus à City depuis qu’il y est? Personne, et nul ne le sait mieux que Robert Mancini lui-même. L’algarade entre les deux hommes était un incident sans conséquence. Un moment d’énervement, c’est tout.

Un mot sur un joueur que j’incluerai en ce moment dans mon ‘XI de la Premier League’: Vincent Kompany, qui a la trempe d’un futur capitaine de City – si Carlito devait s’en aller bientôt. Je n’ai pas souvenir d’une seule grosse erreur du défenseur belge depuis le début de la saison. Et samedi, on a aussi vu combien il pouvait être dangereux lorsqu’il se joignait aux contres des Citizens. Il est calme, costaud (5 tacles tentés, 5 réussis), intelligent, plutôt ‘clean’ dans ses interventions (zéro faute concédée dans ses 40 mètres face à Bolton) – bref, ‘the complete package’. Pour une fois, on n’a presque rien vu de Kevin Davies et de Johan Elmander. La faute à Vincent!

Comme je relève à peine d’une grosse grippe, vous me permettrez de m’en tenir là pour aujourd’hui. Trop fatigué, trop embrumé aussi...Mais rendez-vous (avec voix qui a baissé d’une quinte – de toux – au moins) ce soir dans les DDD, comme d’habitude!