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Philippe Auclair - 7 et 8/11

Des buts, des doublés, des surprises, du spectacle et du suspense! Welcome to England...

Me voici de retour - apres la suspension provisioire des commentaires sur ce blog, dont je suis sincerement navre, vous pouvez de nouveau tchatter avec moi, en direct, jusqu'au debut des DDD, et plus si affinites! .

(Avertissement aux lecteurs: tout comme Didier et Fred, je refuse de mélanger vie sportive et vie privée. Quand la seconde n’a pas d’impact sur la première, mon principe est ‘moins on en parlera, mieux ça vaudra’. Dont acte. Les histoires que le Sun et autres vendent à leurs lecteurs-voyeurs ne trouveront jamais d’écho dans ce blog ou dans mes interventions. C’est une tradition française dont nous pouvons être fiers. Je vous prie donc de ne pas mettre en ligne d’interventions ou de questions qui auraient trait aux problèmes supposés de telle ou telle personnalité du monde du football en ce moment. Tout message qui contreviendrait à cette règle sera aussitôt effacé. Thank you.)

Cette mise en garde faite, passons aux choses sérieuses...et dieu sait qu’il s’en est passées, ce week-end.

Tiens, en hors d’oeuvre – je commencerai par le FC United of Manchester, par exemple. Cette version alternative de Man U, propriété de ses supporters, née en 2005 en réaction à l’acquisition du ‘vrai’ club par ces grigous de Glazers, joue aujourd’hui en 7ème division et a réussi un authentique exploit en allant gagner son 1er tour de FA Cup (qui est en fait le 5ème pour les équipes amateur de son niveau) à Rochdale, pensionnaire de League One (D3). Et devant plus de 7000 spectateurs! 3-2 score final, le but décisif étant marqué dans le ‘Fergie time’ par Mike Norton. Tout un symbole, comme la présence possible de AFC Wimbledon au tour suivant, pour peu qu’ils gagnent leur match à rejouer contre Ebbsfleet, auquel cas leur futur adversaire serait probablement...les MK Dons! Vive la Cup...

Et viva Torres!!!

(Oui, ca y est, j’attaque LE sujet du week-end de front. Je vous faisais juste patienter un peu...) Que les supporters des Blues me pardonnent: une victoire de Liverpool ne m’avait pas donné autant de joie depuis bien longtemps, pour deux, non, trois raisons, qui sont aussi des hommes. Et pas parce que Jean-Michel et moi avions pronostiqué un succès des Reds vendredi dernier!

Ces trois hommes, les voici: Steven Gerrard, qui avait confessé juste avant le match contre Chelsea que tout ce qui se passait autour du club lui avait mis la tête dans le sac jusqu’à maintenant – comme je vous le disais et répétais depuis des mois. Il l’en a sorti contre Napoli. Et il a confirmé à Anfield ce dimanche. Captain Fantastic est de retour.

Fernando Torres, auteur de deux buts ‘comme avant’...Comment ne pas aimer le nino, qui incarne tout ce qu’on aime dans le football, et avec humilité, en plus?

Roy Hodgson, enfin, taillé, massacré par des soi-disant analystes qui jugent un entraîneur sur une poignée de matchs, pas sur son vécu, ses qualités et son expérience. Quatre victoires d’affilée, messieurs. Et revoilà Liverpool dans le Top 10, en attendant mieux. Je lirai vos articles avec plaisir demain, retourneurs de veste et donneurs de leçons!

Certes, ses Reds ne seront pas champions. L’arrivée de Damien Comolli peut déstabiliser le club. Une hirondelle ne fait pas, etc, etc. Mais on a revu le Liverpool bagarreur qu’on a toujours aimé. Tiens? Dirk Kuyt était de retour! Vous croyez aux coincidences, vous autres? Pas moi, dans ce cas.

Pour Chelsea, pas de panique. A l’extérieur, les Blues ont du mal depuis le début de saison. Drogba et Bosingwa relèvent d’une grosse grippe, Malouda de blessure; et Liverpool aurait pu s’effondrer en toute fin de match. Ne nous souvenons pas d’une défaite, mais d’une victoire, et d’un public d’Anfield qui a retrouvé la voix en retrouvant ‘son’ équipe.

Un doublé pour Torres, donc, mais aussi pour Park Ji-Sung, Asamoah Gyan et Kevin Davies. Oh – et Balotelli, double doublé, de buts et de cartons, cette mortadelle, trois jours avant de recevoir United! Un jaune, un rouge, trois matchs de suspension. La vie n’est pas triste avec Super Mario.

Où était Arsenal dimanche? Je l’ignore. Pas à l’Emirates, en tout cas. Newcastle n’a peut-être enregistré qu’un tir cadré en 90 minutes, mais Newcastle (51% de possession du ballon, tout de même) méritait de gagner, et je suis ravi pour Chris Hughton que ce soit le cas. Son équipe, réglée comme du papier à musique, a fait déjouer des Gunners sans inspiration, et sans jus, alors que beaucoup d’éléments-clé avaient été laissés au repos pour le déplacement (loupé) au Chaktior Donetsk en milieu de semaine. On va réouvrir le dossier ‘gardiens’ après la sortie de kamikaze de Fabianski; mais là n’est pas la question. Les Magpies étaient au-dessus pour ce qui est de l’envie et de l’organisation. Carroll mérite d’être appellé par Capello. Une fois encore, Barton a été admirable dans son placement et très propre, dans ses interventions comme dans sa distribution. Mention très bien également à Cheikh Tioté, acheté pour une poignée de piastres à Twente, et dont j’ai pu parler avec Hughton après le match: Newcastle l’a suivi deux ans avant d’approcher son club, et le plus sympa des coachs de la Premier League (avec Ancelotti et Holloway) est ra-vi de son acquisition. Bonne chance à tous les deux, et bonne chance à ces épatants promus que sont les Magpies. Pour Arsenal, le voyage à Wolverhampton promet d’être compliqué. Une défaite, et bye-bye le titre...

Tottenham...ah oui. Ce n’est pas une honte de perdre à Bolton, à qui Owen Coyle a donné une nouvelle dimension, et qui fera en souffrir beaucoup d’autres avant la fin de la saison. Le duo Elmander-Davies fonctionne à merveille, et Lee apporte la finesse dont les Trotters avaient besoin en attaque. Derrière, c’est du solide; parfois trop (Robinson). Mais, bon, Rome ne s’est pas faite en un jour, Bolton non plus. Coyle a eu l’astuce de faire évoluer l’équipe qu’il a héritée de Megson et cie, pas de la révolutionner de a à z. Côté Spurs, voilà qui va peut-être calmer les ardeurs de certains. Kaboul en équipe de France? Bis repetita: gros talent, encore trop inconstant. Harry for England? On se calme. Bale le meilleur ailier du monde? On verra; il a le talent pour ça, je suis le premier à le dire, et depuis longtemps, mais ne pourrait-on montrer rien qu’un peu plus de mesure dans ses jugements? Voilà ce qui arrive quand on veut faire monter le soufflé trop vite. Quand il s’affaisse, on le balance à la poubelle. Alors donnons du temps au temps, et à Redknapp, et à Bale. Tottenham n’a pas encore perdu sa fragilité. Ils touchent au sublime quand la mécanique fonctionne; mais elle connait encore beaucoup de ratés.

J’étais à Craven Cottage pour le hold-up du week-end – le nul arraché par Hangeland (via Warnock) à la 95ème minute, après que Villa avait montré de quoi encourager tous ses supporters. Avant de taper sur Gérard Houllier, regardez jouer son équipe, guys. Je l’ai trouvée enthousiasmante à Fulham, avec un trio de jeunes formés au club dont je vous enjoins à retenir les noms: Albrighton, auteur d’un but magnifique, Clark, un dur, et Bannan, un Ecossais (eh oui) dont la qualité de passe m’a ébloui. Oubliez Carew, qui a complètement disjoncté dans la presse norvégienne, et qui ne rejouera pas pour les Villans, à mon avis. Le problème est qu’en l’absence forcée de Heskey et de Agbonlahor, Villa n’a aucun buteur naturel. Delfouneso est plutôt un ailier, ou un attaquant de soutien, mais manque de lucidité devant le but. Les résultats ne sont pas grandioses, loin de là, mais le terreau parait fécond, et je verrai bien Villa en enquiquiner quelques-uns d’ici peu.

Manchester United? Bof, bof et re-bof. A Chelsea, on n’aurait pas crié au scandale si les Wolves avaient pris un point – et à Old Trafford, s’ils en avaient pris trois. C’est dire combien United est piteux en ce moment. Ils engrangent les points, c’est vrai. Mais imagination: zéro. Défense: calamiteuse, par moments. Prisque de risque collective: néant. Restent des joueurs dont quelques-uns (pas tous) sont orgueilleux, comme Park ce samedi. Cela ne suffira pas pour prendre le titre à Chelsea. Il viendra bien un moment où la vue d’une tunique rouge ne fera plus trembler l’adversaire en fin de match, et je crois bien que ce pourrait être dès mercredi à Eastlands. Malgré tout le respect que j’ai pour Kevin Doyle, et j’en ai beaucoup, il n’est ni Carlos Tevez, ni David Silva, qui ont montré beaucoup de belles choses à West Brom. Mais quel dommage qu’un nouveau coup de sang de Balotelli le prive du derby! Avec lui, je misais sur City à 100%. Sans lui, à 80% seulement.

Conclusion: le championnat n’est pas plié, loin de là. Chelsea demeure le favori logique, mais sa marche vers un nouveau titre sera émaillée de faux pas comme celui d’Anfield. Son plus grand avantage est que ses concurrents se prendront les pieds dans le tapis plus souvent. La Premier League a gagné en épaisseur, voilà pourquoi. Les ‘surprises’ de ce week-end, nous en aurons beaucoup au cours des mois à venir.

Et tant mieux.