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Philippe Auclair - de retour du Bridge...

Message dun spectateur reconnaissant

Pourquoi bouder notre plaisir?

Il y aura toujours des peine-à-jouirs qui se plaindront de l’arbitrage de Martin Atkinson. Oui, David Luiz aurait dû quitter la pelouse de Stamford Bridge pour une faute cynique sur Wayne Rooney. Il en commit quelques autres. Mais Rooney, après son coup de coude sur James McCarthy samedi dernier, aurait-il seulement dû être là? Les bouddhistes appellent ça le karma. Et dans quel autre pays un porteur de sifflet aurait-il laissé jouer comme M. Atkinson le fit? Il faut prendre le mauvais avec le bon.

Ce que je retiens de ce match magnifique, c’est d’abord le sourire que nous avions tous aux lèvres à sa conclusion. Si vous n’avez pas aimé, c’est que vous n’aimez pas le foot anglais. Parlant à Gilbert et à ses invités dans l’after hier soir, j’avais le sentiment que l’on n’avait peut-être pas ressenti la même intensité devant son écran que nous autres veinards à dix mètres du banc d’Ancelotti. Je vous le garantis – ce fut du très, très grand football. Un peu dingo par moments. Tant mieux.

Le plus étrange est que ce fut la première fois où je fus totalement séduit par United cette saison, pendant une heure à peu près. Organisation parfaite. Un très bon Chicharito, vif, incisif, impeccable dans ses replacements, Rooney en jambes, Nani sobre et efficace, Scholes presque sublime dans sa capacité à donner le tempo (52 passes réussies sur 57) depuis son poste de quarterback, tandis que Chelsea surnageait à peine. Quelques-uns de leurs mouvements collectifs m’ont donné des frissons. Chelsea, n’en doutez pas, a battu un United des bons jours.

Et puis, en seconde période, Ancelotti change la donne, subtilement. Le 4-4-2 ‘à plat’ devient un 4-4-2 en presque-losange. Ramires, admirable, ne passe plus son temps à couvrir un Ivanovic parfois dépassé par les événements. Essien retrouve ses jambes. Physiquement, MU marque le pas. Hernandez, claqué, laisse sa place à Berbatov. Nani s’essoufle. Scholes doit aussi laisser sa place, et Chelsea monte en puissance, inexorablement. Drogba entre en jeu pour Anelka (très bon dix minutes, fantômatique ensuite), et joue des coudes dans la surface comme si c’était un parquet de basket.

L’arbitrage? Quand on se voit offrir un spectacle pareil, on ne va pas se plaindre qu’il y avait trop de sel sur les cacahuètes. United a été magnifique, un champion, pendant une heure. Chelsea s’est souvenu qu’il l’était.

Merci à Chelsea, merci à Manchester United, et, même, merci M. Atkinson.